Quels résultats pour les pôles de compétitivité version ESS ?

Quels résultats pour les pôles de compétitivité version ESS ?

Les pôles territoriaux de coopération économique, mis en place par la loi sur l’économie sociale et solidaire de 2014, génèrent de l’activité, plus d’efficacité et un début de coopération entre les entreprises de l’ESS et celles classiques, d’après une étude du labo de l’ESS.

Ce sont des sortes de pôles de compétitivité, mais version ESS. Par contre quels effets ont produit les PTCE, ces pôles territoriaux de coopération économique, prévus par la loi sur l’Économie sociale et solidaire de 2014? Le Labo de l’ESS, structure de réflexion qui rassemble les principaux acteurs du secteur, a livré les résultats d’une étude sur le sujet, lors d’une conférence à Paris, en juillet dernier. Au total, les PTCE, «c’est un endroit où on crée de la valeur, on crée de la richesse», estime Hugues Sibille, président du Labo de l’ESS. À l’origine, rappelle Laurent Fraisse, socio-économiste, chargé d’études à l’institut Godin, Centre de transfert en pratiques solidaires et innovation sociale de France, basé en Picardie, le dispositif de l’article 9 de loi du 31 juillet 2014 vise à favoriser les regroupements sur un territoire d’entreprises de l’économie sociale et solidaire et classiques, de collectivités territoriales, autour du développement de projets économiquement innovants, dans un but de développement local. Et les résultats sont là, à en suivre l’étude du Labo : on décompte actuellement 740 PTCE. Et pour les 24 d’entre eux dont les ressources financières ont été analysées, le chiffre d’affaires s’élève au total à 66,7 millions d’euros. D’après les PTCE interrogés, 8,2 % du chiffre d’affaires peut être attribué au fait d’être intégré dans la structure, rapporte le Labo, qui se veut prudent sur ces chiffres. Concrètement, depuis les années 2000, des initiatives de regroupement d’entreprises de l’ESS avaient déjà vu le jour sur le territoire. «Une série de PTCE ont rendu visibles des réseaux territoriaux qui existaient déjà», analyse Laurent Fraisse. Mais d’autres se sont structurés, espérant faire partie des 37 lauréats des deux appels à projet successifs lancés sur ce sujet par le gouvernement, qui apportait un soutien financier durant trois ans. Et c’est ainsi que plus d’une centaine de PTCE nouveaux sont apparus, également soutenus par les collectivités locales, et notamment les Régions, dans le cadre de leur politique économique.

Un début de décloisonnement

Concernant le fonctionnement de ces structures, «le législateur a insisté sur le décloisonnement entre l’ESS et les autres types d’entreprises», précise Laurent Fraisse. D’après l’étude du Labo, cette ambition a trouvé un début de réponse dans les PTCE : «Ce sont des acteurs de l’ESS qui ont créé ces pôles, et ils y sont représentés de façon importante», explique Françoise Bernon, déléguée générale du Labo de l’ESS. Mais des entreprises classiques sont également présentes et y participent, même si la gouvernance des pôles demeure plutôt l’apanage des entreprises de l’ESS. Autre spécificité de ces entités, «les PTCE s’inscrivent sur de multiples filières», ajoute Françoise Bernon. Si 46 % de ces structures déclarent être organisées autour d’une filière pivot, les autres se réunissent autour de plusieurs activités. Trois d’entre elles sont particulièrement investies, celles liées à l’écologie, à l’emploi, et à l’alimentation et l’agriculture durable. Dans leur quotidien, les adhérents aux PTCE pratiquent plusieurs types de mutualisation, avec en premier lieu, et par ordre décroissant, celle des compétences et des connaissances, suivie, de manière moins intense, par celle des moyens matériels et des lieux de travail. D’après l’étude, le panel interrogé estime que cette mutualisation engendre plusieurs effets positifs, comme une amélioration des biens et services proposés, de meilleures réponses à des demandes auparavant non couvertes, ainsi qu’une meilleure visibilité de l’ESS sur un territoire et le développement d’une filière.