L’emploi intérimaire mosellan toujours dans le doute

La crise liée à la Covid-19 met à mal l'emploi intérimaire.
La crise liée à la Covid-19 met à mal l'emploi intérimaire.

L’emploi intérimaire a été durement impacté par la crise sanitaire se doublant d’une crise économique qui n’en est sans doute qu’à ses premiers effets. Les effectifs intérimaires ont chuté de plus de 30 % dans le Grand Est depuis janvier. Quelle est la situation de la Moselle dans ce contexte difficile ? Comment se situe-elle par rapport à ses voisines régionales ? Éléments de réponse.

C’est l’une des conséquences les plus spectaculaires de la crise sanitaire liée à la Covid-19. L’emploi intérimaire enregistre depuis le début d’année un repli historique de ses effectifs.  Les dernières données du baromètre Prism’emploi sont significatives de la situation du moment, bien incertaine et restant fragile. La multiplication des plans de sauvegarde de l’emploi ne représente qu’une partie infime de l’iceberg des nombreuses suppressions de postes d’ici cette fin d’année. Sous le prisme de l’intérim, ce sont près d’un million d’emplois qui ont été perdus depuis onze mois. – 25,6 %. La région Grand Est est ici la plus touchée de l’Hexagone : -31,1 %, avec la Bourgogne Franche Comté, – 30,7 %. Aucune des régions métropolitaines n’échappe à ce marasme. Octobre a vu – un peu – la situation s’améliorer. Grand Est demeurait la plus impactée : – 14,9 % en un an. Seuls les Hauts-de-France semblaient redresser la barre avec un famélique + 0,9 %. Si l’on croise les données de l’Insee et celles d’autres observateurs de conjoncture, on note la répartition des effectifs intérimaires par secteur d’activité : 53 % pour l’industrie, 14,5 % pour les services, 12,5 % pour les transports, 10,4 % pour le BTP et 9,7 % pour le commerce. Si les transports amorçaient en octobre une légère remontée de + 0,9 %, en revanche, les services (- 6%), le commerce (- 17,3%), l’industrie (-18%), le BTP (-22,2%) restaient en souffrance. Toutes les qualifications diminuaient, cadres et professions intermédiaires, employés, ouvriers qualifiés et ouvriers non qualifiés. A partir de ce panorama national dont le pouls a été pris juste avant le second confinement de fin octobre, la situation des départements du Grand Est est inégale mais abonde dans un même sens : si l’emploi salarié a pu être globalement préservé par les mesures de chômage partiel, l’intérim, éphémère et temporaire dans sa nature, a été le premier à faire les frais de la bourrasque économique.

Quid de 2021 ? 

Sur les six premiers mois de l’année, la Meuse avait perdu une part minime de ses emplois intérimaires (- 0,5%). La Meurthe-et-Moselle (-17,2 %), les Vosges (-26,7 %) et surtout la Moselle (-32,4%) payaient un lourd tribut économique. Le territoire mosellan avait perdu quelque 8 000 intérimaires. C’est certes moins que les chiffres abyssaux des Ardennes (- 47%) et le Haut-Rhin (-49%). Avant ce confinement automnal, semblant devoir jouer les prolongations hivernales, le travail temporaire en France reculait d’octobre 2019 à octobre 2020 de -10,3 %. Il s’agit là de la 23e baisse mensuelle consécutive pour l’intérim. Il y a t bien des signes moins grisâtres : un rebond dans les secteurs de la santé et de l’action sociale, une reprise lente des services aux entreprises, une reprise timide dans l’industrie portée par la filière automobile, le dynamisme des transports-logistique, boostés par les activités d’entreposage et tri postal et l’essor du commerce électronique. Toutefois, le BTP et le commerce demeuraient dans une situation difficile. Les derniers chiffres, quant aux dix départements de la Région Grand Est, livrent une analyse mitigée. Avant le second confinement, la Meurthe-et-Moselle (+14,5%), et à un degré moindre, les Vosges (+1,3%), voyaient leurs effectifs intérimaires remonter. Loin d’être le cas du Haut-Rhin (-34%), du Bas-Rhin (-29,5%). Haute-Marne, Ardennes, Meuse, Aube, Marne demeuraient en repli. La Moselle également, mais avec un chiffre moins prononcé que celui de plusieurs de ses voisins (-5,3 %). Quels vont être les effets du second confinement ? Dans une période où l’incertitude s’est installée d’une manière durable, comment vont se présenter les premières semaines de 2021 ? La grande question demeure. Quand les mesures d’une économie mise sous anesthésie seront logiquement retirées progressivement, quel sera le paysage entrepreneurial, en Moselle, comme ailleurs ? Et donc de son corollaire intérimaire ? Ce n’est pas être devin que d’affirmer que les temps économiques à venir dépasseront le cadre du simple coup de vent. Jusqu’où ? C’est l’interrogation à venir quant aux conséquences d’une crise à plusieurs visages. Une bombe sociétale à fragmentation.