Droit Social
L’entreprise et les salariés
Revue de récentes décisions de la Cour de cassation en matière de droit du travail.

Contrat
de travail : transfert
Le
règlement intérieur constitue un acte réglementaire de
droit privé, dont les conditions d’élaboration sont encadrées
par la loi. S’imposant à l’employeur et aux salariés avant le
transfert de plein droit des contrats de travail de ces derniers, en
application de l’article L 1224-1 du Code du travail, il n’est
pas transféré avec ces contrats de travail. (Cass soc., 31 mars
2021, pourvoi n° 19-12289).
Contrat
de travail : temps partiel
Le
contrat écrit du salarié à temps partiel doit mentionner la durée
hebdomadaire ou, le cas échéant, mensuelle prévue et la
répartition de la durée du travail entre les jours de la semaine ou
les semaines du mois. Il en
résulte que l'absence d'écrit mentionnant la durée du travail et
sa répartition fait présumer que l'emploi est à temps complet. Et
il
incombe à l'employeur, qui conteste cette présomption, de rapporter
la preuve, d'une part, de la durée exacte hebdomadaire ou mensuelle
convenue, d'autre part que le salarié n'était pas placé dans
l'impossibilité de prévoir à quel rythme il devait travailler et
qu'il n'avait pas à se tenir constamment à la disposition de
l'employeur. (Cass soc., 8
avril 2021, pourvoi n° 19-20321)
Contrat
de travail : clauses
Une
clause de non-concurrence
n'est licite que si elle est indispensable à la protection des
intérêts légitimes de l'entreprise, limitée dans le temps et dans
l'espace, qu'elle tient compte des spécificités de l'emploi du
salarié et comporte l'obligation pour l'employeur de verser au
salarié une contrepartie financière. Ces
conditions sont
cumulatives. (Cass soc., 8
avril 2021, pourvoi n°19-22097)
Licenciement :
faute grave
La
faute grave étant celle qui rend impossible le maintien du salarié
dans l'entreprise, la mise en oeuvre de la procédure de licenciement
doit intervenir dans un délai restreint après que l'employeur a eu
connaissance des faits allégués, dès lors qu'aucune vérification
n'est nécessaire. (Cass soc., 31 mars 2021, n° 19-20984)
Une cour d’appel avait retenu l’existence d’un comportement fautif de la part du salarié, directeur commercial, constitué par des paroles et attitudes humiliantes ou insultantes vis-à-vis de ses subordonnés, génératrices de risques psychosociaux. Elle a pu en déduire que ces faits rendaient impossible son maintien dans l’entreprise : ils constituaient une faute grave. (Cass soc., 31 mars 2021, pourvoi n° 19-22388)
Une
salariée, aide-soignante, avait commis des actes de maltraitance à
l’encontre de plusieurs résidents, portant ainsi atteinte à la
dignité de personnes fragiles, dépendantes ou peu à même de se
défendre. La cour d’appel a pu en déduire que son maintien dans
l’entreprise était impossible et retenir l’existence d’une
faute grave. (Cass soc., 31 mars 2021, pourvoi n° 19-23518)
Salarié
protégé : licenciement
Lorsqu'un
licenciement a été notifié à la suite d'une autorisation
administrative de licenciement accordée à l'employeur, le juge
judiciaire ne peut, sans violer le principe de la séparation des
pouvoirs, se prononcer sur une demande de résiliation judiciaire
formée par le salarié, même si sa saisine était antérieure à la
rupture. (Cass soc., 31 mars 2021, n° 19-23306)
Licenciement :
motif
Un
motif tiré de la vie personnelle du salarié peut justifier
un licenciement disciplinaire s'il constitue un manquement de
l'intéressé à une obligation découlant de son contrat de travail.
(Cass soc., 31 mars 2021, n° 19-23144)
Travailleurs
détachés
Le
certificat E 101/A1 délivré par l’institution compétente d’un
Etat membre de l’Union européenne à des travailleurs exerçant
leur activité dans un autre Etat membre s’impose aux juridictions
de ce dernier uniquement en matière de sécurité sociale. (Cass
soc., 31 mars 202, pourvoi no° 16-16713)
Religion
en entreprise
La volonté de préserver l'image de l'entreprise ne constitue pas une « exigence professionnelle déterminante », permettant de justifier l'interdiction du port du voile à une vendeuse de prêt-à-porter. (Cass soc., 14 avril 2021, pourvoi n°19-24079)
François TAQUET, avocat,
spécialiste en droit du travail et protection sociale