Droit
L’entreprise et les salariés
Revue de récentes décisions de la Cour de cassation en matière de droit du travail...

Sanctions
disciplinaires : règlement intérieur
Dans cette affaire, la Cour d’appel avait constaté que la lettre de licenciement reprochait au salarié, qui avait déjà fait l’objet d’un avertissement pour des faits similaires, le non-respect de règles fondamentales et élémentaires de conduite ferroviaire, en particulier de vitesse et de sécurité, et que ces faits procédaient d’une mauvaise volonté délibérée de l’intéressé. Elle en a exactement déduit que le licenciement avait été prononcé pour des motifs disciplinaires, mais que la procédure prévue en ce cas par le règlement intérieur n’ayant pas été respectée, il était dépourvu de cause réelle et sérieuse. (Cass. soc., 25 novembre 2020, n° 19-14549)
Une sanction disciplinaire autre que le licenciement ne peut être prononcée contre un salarié par un employeur dont l’entreprise compte habituellement au moins 20 salariés que si elle est prévue par le règlement intérieur. (Cass soc., 2 décembre 2020, pourvoi n° 19-21292).
Licenciement : motif
Ayant constaté que le salarié avait refusé de restituer, non un véhicule de service, mais le véhicule de fonction dont il avait la disposition depuis plusieurs années et qui constituait un avantage en nature, la cour d'appel a pu décider que son licenciement, motivé par la contestation du pouvoir de direction de l'employeur, était dépourvu de cause réelle et sérieuse. (Cass soc., 2 décembre 2020, pourvoi n° 18-18445)
PSE :
contestation
Le
délai de prescription de 12 mois relatif à la contestation
fondée sur une irrégularité de la procédure relative au plan de
sauvegarde de l'emploi (PSE) ou sur la nullité de la procédure de
licenciement, en raison de l'absence ou de l'insuffisance d'un tel
plan, court à compter de la notification du licenciement, et non à
compter de l'annulation définitive par le Conseil d'Etat de la
décision de la Direccte ayant validé l'accord majoritaire prévoyant
le PSE. (Cass soc., 2 décembre 2020, pourvoi n° 19-17506)
Santé
au travail : inaptitude
Un
salarié déclaré inapte à
son poste mais apte à un poste identique, dans un autre contexte
environnemental, ou à un poste administratif au service paie et au
télétravail, avait refusé
les quatre postes
proposés, qui avaient été déclarés compatibles avec son état de
santé par le médecin du travail. Son
employeur justifiait
des recherches de reclassement
personnalisées et circonstanciées au sein des filiales du groupe.
La
cour d’appel a pu
décider que l’employeur avait procédé à une recherche sérieuse
et adaptée de reclassement,
respectant les
restrictions médicales du médecin du travail et que le licenciement
pour inaptitude et impossibilité de reclassement reposait sur une
cause réelle et sérieuse. (Cass soc., 2 décembre 2020, pourvoi n°
19-19296)
Accident
du travail : réintégration
Le
salarié dont le licenciement est nul pour avoir
été prononcé en méconnaissance de la protection pendant un arrêt
de travail pour accident du travail et qui demande
sa réintégration a droit au paiement d'une somme
correspondant à la réparation de la totalité du préjudice subi au
cours de la période qui s'est écoulée entre son licenciement et sa
réintégration, dans la limite du montant des salaires dont il a été
privé. Le salaire à
prendre en compte pour le calcul de l'indemnité est celui
qu'aurait perçu le salarié si il avait continué à travailler,
pendant la période entre son licenciement et sa réintégration, au
poste qu'il occupait avant la suspension du contrat de travail
provoquée par l'accident du travail. (Cass soc., 9 décembre 2020,
pourvoi n° 19-16448)
CDD : requalification
Dès
lors que certains des contrats
à durée déterminée litigieux
ne sont pas revêtus de la signature de l’employeur,
ces contrats ne peuvent pas être considérés comme ayant été
établis par écrit et sont, par suite, réputés conclus pour une
durée indéterminée. (Cass soc., 9 décembre 2020, pourvoi n°
19-16138)
Rémunération :
congés payés
C'est
à l'employeur de prouver que les congés payés ont
bien été pris. (Cass soc.,9 décembre 2020, pourvoi n° 19-12.739
F-D).
François
TAQUET, avocat,
spécialiste en droit du travail et protection
sociale