La Gazettescope

À propos de la semaine de 4 jours...

Dans les débats actuels sur la question du sens et de l’organisation du travail, la semaine de 4 jours revient dans l’actualité. Pourtant, rien de nouveau. Voilà presque 30 ans qu’elle peut légalement s’articuler en entreprise. Entre ceux qui prônent un «droit à la paresse» et ceux qui voient là une atteinte à la «valeur travail», il y a certainement un chemin de consensus à trouver. Et si, pour une fois, on n’imposait rien aux entreprises ? En définitive, faire appel à la souplesse et à la flexibilité ? Productivité, chiffres d'affaires, bien-être des salariés ne peuvent que mieux s'en porter.

Apparue dans les années 90, fortement remises au goût du jour depuis la crise sanitaire, la semaine de 4 jours invite à réfléchir sur nos organisations de travail, nos modèles économiques et notre besoin d’équilibre, quant à notre sphère privée et professionnelle. Un faisceau d’études montre que 7 salariés sur 10 souhaiteraient bénéficier d’une plus grande flexibilité dans leurs horaires de travail. Alors que nous passons un tiers de notre journée en entreprise, les arguments pour la semaine de 4 jours sont discutés et discutables. Mettre un tel dispositif en entreprise nécessite une vraie réflexion en amont, sur le processus, le management, l’organisation.

Loi après loi...

Mais de quoi parle-t-on ? De ce sujet majeur : peut-on travailler mieux en moins de temps tout en gagnant autant ? La semaine de 4 jours consiste à travailler 4 jours au lieu de 5 et ainsi bénéficier de 3 jours de repos par semaine, week-end inclus. La durée de travail peut être baissée ou maintenue avec une intensification de la charge ou de l’amplitude horaire. Quel impact sur la rémunération ? Parle-t-on de travailler 4 jours payés 4, ou payés 5 ? D’autres types d’organisation peuvent exister tant que la durée maximale journalière légale de travail est respectée, comme le travail de 4 semaines de 5 jours puis une semaine de repos ou le temps partiel à 80 %. Il n’y a pas de modèle unique en la matière. En 1993, rappelons-le, l’ancien ministre Pierre Larrouturou avait proposé une première loi en faveur de la semaine de 4 jours. Trois ans plus tard, la loi Robien la rendait possible, en proposant de passer à 32 heures de travail hebdomadaire, à condition de recruter au moins 10 % des collaborateurs en CDI. Depuis, la loi Aubry, en 2002, a fait passer le temps de travail à 35 heures. La semaine de 4 jours peut légalement être mise en place dans les entreprises françaises en 2023, à condition de bien organiser le temps de travail.

Regarder vers l'extérieur...

Sur le papier, la proposition a du charme, s’inscrivant dans une tendance sociétale à la diminution du temps de travail, les jeunes générations ayant une vision de ce dernier totalement différente de celle de leurs devancières. À l’heure où le rallongement des carrières autour des problématiques quant aux systèmes de retraite se fait jour, quelle compatibilité avec la semaine de 4 jours ? L’entreprise est-elle en mesure de se transformer pour répondre à un changement d’organisation si important ? Lui faudra-t-elle embaucher plus ? Mettre en place un roulement ? Automatiser davantage ? Il demeure un élément clé : la plupart des entreprises françaises sont réticentes à son déploiement - 5 % ont mis en place la semaine des 4 jours en 2022 -. Pour cette raison : elles estiment que retirer un jour de travail nuirait à la productivité et à l’atteinte des objectifs. Avec le développement du télétravail, les mentalités évoluent. Finalement, plutôt qu’une imposition brutale et dogmatique, tout cela ne passe-t-il pas par des expérimentations entreprise par entreprise, à l’échelon locale ? Également, il est souvent utile de regarder ce qu’il se passe ailleurs. La France n’est pas un îlot isolé dans un monde globalisé… Plusieurs de nos voisins ont testé cette semaine de 4 jours, avec des résultats plutôt encourageants. À suivre...