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Violences faites aux femmes en Moselle : l'entreprise a son rôle à jouer dans la sensibilisation

La journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes a lieu ce samedi 25 novembre. La communauté d’agglomération du Val de Fensch s’y associe activement. Une journée qui nous rappelle que ce fléau sociétal se combat aussi par la voie de l’entreprise.

130 000 sacs distribués en Moselle dans 120 pharmacies volontaires.
130 000 sacs distribués en Moselle dans 120 pharmacies volontaires.

Quelque 244 000 victimes de violences conjugales ont été enregistrées par les forces de sécurité en 2022, ce qui correspond à une hausse de 15 % par rapport à 2021, a annoncé le ministère de l'Intérieur, jeudi 16 novembre. Les victimes sont des femmes à 87 % et les mis en cause des hommes à 89 %. Seulement une victime sur quatre a porté plainte, selon les chiffres du service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI). Les années Covid, avec le télétravail imposé, ont ouvert les yeux de beaucoup de managers et de RH sur ces cas soudainement devenus visibles. Difficile pour l’entreprise de détourner le regard. L’an passé, 118 féminicides ont été commis en France (3 en Moselle). 87 % des faits ont été commis au domicile du couple de la victime ou de l'auteur. Une dispute (26 % des cas) ou une séparation non acceptée (23 % des cas) sont les principaux motifs qui ont mené au drame. Des armes blanches (43 %) et des armes à feu (20 %) sont souvent les causes du décès. 81 % des victimes sont des femmes, la plupart étaient âgées de 30 à 49 ans. Elles étaient 31 % à avoir déjà été victimes de violences antérieurement. Dans 84 % des cas, ces mêmes violences étaient physiques Les auteurs sont des hommes à 84 %, majoritairement âgés de 30 à 49 ans. Ils ont été 32 % à avoir consommé de l'alcool pendant les faits et 8 % étaient sous l'emprise de stupéfiants. 26 % des auteurs des féminicides se sont suicidés après les faits.

Impact sur la vie salariale

Depuis le premier «Grenelle» contre les violences conjugales, en septembre 2019, le sujet est devenu une priorité affichée du président de la République. Parmi la centaine de mesures annoncées dans le nouveau plan d’égalité entre les femmes et les hommes, un large volet est relatif aux violences faites aux femmes. Ces violences ont aussi un impact sur la vie en entreprise : retard, absentéisme, baisse de productivité, jours de congés déposés à la dernière minute… Deux femmes salariées sur dix disent subir ou avoir subi des violences conjugales et cinq sur dix affirment que cela affecte leur travail. Salariée qui ne vient plus aux événements sociaux de son entreprise (séminaires, pots…), portant des vêtements couvrants pour dissimuler des bleus, qui reste mutique sur sa vie privée, s’isole… Quelques signes d’alerte. Bien que complexe, le sujet commence à être investi par les entreprises. La plupart y entrent par leur politique contre les violences sexistes et sexuelles. Certes, le rôle de l’entreprise est d’abord de faire respecter le droit du travail, celui de l’État et à la justice de protéger les femmes. Mais, sur une question sociétale aussi sensible, n’est-ce pas le principe de solidarité générale qui prévaut ? Il est une chose en l’état. Les violences conjugales sont un angle mort de la législation dans la sphère professionnelle. Les entreprises font au cas par cas.

130 000 sacs en Moselle

Pourtant le sujet est sur la table de l’Organisation internationale du travail sur le harcèlement et la violence au travail. Ce texte a été signé en 2019. Il demande aux entreprises de s’emparer de la «violence domestique» au motif qu’elle peut «se répercuter sur l’emploi, la productivité, la santé et la sécurité». La France ne l’a pas ratifié. Hongrie et Pologne s’y sont opposés. Espagne, Italie, Grèce, Irlande, Belgique l’ont ratifié. Fin 2023, on en est donc là. Compte-tenu de l’ampleur des violences conjugales en France, on ne peut que plaider pour que tous les acteurs socio-économiques s’engagent. L’entreprise ne saurait y aller sur la pointe des pieds. Des initiatives locales peuvent être un facteur mobilisateur, un levier pour faire bouger les lignes. Emanant du secteur privé comme public. Ainsi, dans le cadre de sa compétence politique de la ville, la communauté d’agglomération du Val de Fensch participe à l’opération «Sacs personnalisés» mise en place par le Conseil Départemental de l’Accès au droit de la Moselle dans le cadre de la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes du samedi 25 novembre. Pour cette occasion, 130 000 sacs en papier personnalisés seront distribués dans 120 pharmacies volontaires dans toute la Moselle, dont 11 sont situées sur le territoire du Val de Fensch. Ces sacs affichent au recto le «violentomètre», qui permet de mesurer le degré de violence dans un couple à partir d’exemples concrets, et au verso des numéros d’écoute et d’accueil pour les violences conjugales. Cette action permet de délivrer un message de sensibilisation au plus grand public possible via un support original qui entre régulièrement dans tous les foyers. La chaîne solidaire ne demande qu’à grandir. Il est largement le temps d’accélérer pour combattre ce fléau, ce poison. qui est insupportable et intolérable.