Entreprises

Le paysage des créations et défaillances dans la crise

Le baromètre de l’Insee a montré une progression des entreprises classiques de 1,4 % en mars dernier par rapport au mois précédent. Comment se situe la Moselle quant à un panorama national en teinte gris clair gris foncé ? Éléments de réponse.

Qu'adviendra-t-il quand les mesures d'aides aux entreprises seront progressivement diminuées, voire arrêtées ?
Qu'adviendra-t-il quand les mesures d'aides aux entreprises seront progressivement diminuées, voire arrêtées ?

Depuis maintenant plusieurs mois, la crise sanitaire secoue le paysage économique de notre pays.  Les plans d’aide déclenchés maintiennent nombre d’entreprises à flot. Pour combien de temps encore ? Qu’adviendra-t-il quand le gouvernement décidera de logiquement réduire, voire de supprimer certains dispositifs ? Certains de prévoir un cataclysme. Attendre et voir, dit l’adage. Pour l’heure, les statistiques de l’Insee dépeignent un certain climat d’attente, voire d'attentisme. Le mois dernier, les créations d’entreprises classiques ont vu une hausse de 1,4 % par rapport à février. Les micro-entreprises ont reculé de 1,9 %. Elles demeurent majoritaires dans les créations : 65,7 %. Si on regarde les données à la loupe mosellane, il faut se resituer quelques mois en arrière pour bien appréhender les perspectives de cette année 2021, qui sera forcément davantage un temps de résistance, avant un rebond espéré en 2022. Au mieux. 

L'hôtellerie-restauration en berne

En décembre dernier, la Moselle avait vu se créer 8 136 entreprises. La plus forte proportion après le Bas-Rhin (11 647). La France affichait 848 164 créations, le Grand Est 47 594. Sur une année, la Moselle enregistrait, malgré la bourrasque de la crise, une hausse de + 8,4 % en la matière. Mieux que la moyenne Grand Est (+ 8 %) et nationale (+ 4 %). En région, elle se situait en deçà des Ardennes, de l’Aube, de la Haute-Marne, de la Meurthe-et-Moselle et le Haut-Rhin, et devant le Bas-Rhin. En ce printemps, l’Insee note que la progression des créations d’entreprises a progressé de février à mars de 4,7 % dans le secteur transport et entreposage. En revanche, dans les activités d'hébergement et de restauration, le nombre de créations chute de 23,7 %. L'Insee précise toutefois que les évolutions dans ces catégories sont à pondérer et à lire avec mesure car les entreprises qui font de la livraison de repas sont désormais toutes classées dans les activités de poste et courrier, rattachées au secteur transport et entreposage, plutôt que dans la restauration rapide. Le nombre total d'entreprises créées au cours des 12 derniers mois augmente de 12,8 % grâce aux immatriculations sous le régime de micro-entrepreneur qui progressent de 19,8 %, tandis que les créations d'entreprises individuelles classiques chutent de 9,3 %. Côté défaillances, les données sont spectaculaires dans un sens positif.

Retour à la réalité...

Attention, toutefois, car la réalité n’est pas si angélique. En effet, le recul de défaillances a logiquement été freiné par les mesures découlant du massif plan de relance. Sans nul doute, beaucoup de sociétés ont été sauvées et rattrapées par pléthore d'aides. Presque une boîte de Pandore. Dans ce panorama de situations éclectiques, voire disparates, on compte des entreprises directement impactées par la crise Covid-19, mais très certainement aussi, celles qui étaient en difficultés avant mars 2020. La Moselle a vu en décembre 2020 quelque 392 entreprises en défaillances (2 278 en Grand Est, 31 268 en France). C’est en un an un recul de 45,2 % de défaillances dans le département (- 41,8 % pour Grand Est, 38,9 %pour la France). La Moselle est devancée sur ce plan par la Meurthe-et-Moselle (- 51,2 %), les Vosges (- 49,6 %), les Ardennes (- 47,8 %), la Meuse (- 47 %) et l’Aube (- 46 %). Dans un temps plus ou moins long, un rééquilibrage s’effectuera. Dixit de nombreux observateurs économiques, il ne se fera pas en douceur. En d’autres termes, «il va y avoir de la casse.» Une autre réplique de cette crise systémique. Et pas des moindres.


45,2 %

C'est la baisse du nombre des défaillances d'entreprises en Moselle de 2019 à 2020.