Thierry Ledrich, président de la Fédération des travaux publics de Lorraine : «Les appels d’offres n’arrêtent pas de ch…

«Les marchés ne sont pas passés. Il faut trouver une solution pour que les appels d’offres reprennent», assure Thierry Ledrich, président de la Fédération des travaux publics de Lorraine.
«Les marchés ne sont pas passés. Il faut trouver une solution pour que les appels d’offres reprennent», assure Thierry Ledrich, président de la Fédération des travaux publics de Lorraine.

Avec une activité quasi dépendante de la commande publique à hauteur de 70 %, le secteur spécifique des travaux publics est aujourd’hui sujet à bon nombre d’inquiétudes. Si le moteur ronronne toujours du fait de la réalisation de marchés obtenus avant la crise sanitaire, il pourrait bien caler dans les mois à venir si les appels d’offres ne sont pas passés rapidement. Pas de marchés, pas de chantiers, pas d’activité, plus d’entreprises…

«Aujourd’hui les appels d’offres sont encore plus bas que pendant le gros de la crise sanitaire. Leur volume a diminué de près de 50 %. Si des marchés ne sont pas passés rapidement par les donneurs d’ordre publics, nos entreprises vont tout simplement être sur le sable.» Constat établi par Thierry Ledrich, le président de la Fédération des travaux publics de Lorraine (élu fin juin et succédant à Patrice Haltebourg). Le marché des TP en Lorraine affiche aujourd’hui un repli conséquent par rapport à l’année dernière. «L’activité est toujours présente, le moteur n’a pas calé car nous réalisons des chantiers que nous avons obtenus avant le début de la crise sanitaire.» Reste que du côté des carnets de commandes, ils se réduisent comme peau de chagrin. «Ils se vident à hauteur de 50 % tous les mois. Nous sommes à trois mois de commandes et certaines de nos entreprises commencent à s’interroger pour demander le chômage partiel longue durée.» Le remède ? «Il faut que des marchés soient passés ! Le plan de relance parle bien de grands projets. Le plan de relance, c’est 100 milliards d’euros mais si on ramène cela aux TP, ce sont 3,5 milliards d’euros sur deux ans. Il ne faudrait surtout pas faire de saupoudrage, le financement ne doit pas être un point de blocage», explique le pilote de la fédération régionale (350 entreprises environ dont la grande majorité possède moins de quinze salariés).

Le salut du bloc communal

«Ce sont des petits projets qu’il faut activer rapidement. L’investissement est possible, l’argent est là. Vous prenez l’exemple du plan État-Région, on arrive au bout de ce plan quinquennal. 80 % des communes devraient avoir investis, nous n’en sommes qu’à 20 %. L’investissement n’est pas consommé car les projets ne sont pas pris.» Les travaux publics sont dépendants de la commande publique. «70 % de notre activité sont réalisés par la commande publique» et la grande majorité par le fameux bloc communal (communes, intercommunalités). «Le problème est qu’aujourd’hui, nous ne voyons rien venir. Les marchés ne sont pas passés. Il faut trouver une solution pour que les appels d’offres reprennent.» Thierry Ledrich pointe du doigt la nécessité de renforcer l’ingénierie publique locale et l’assistance à la maîtrise d’ouvrage, notamment, dans les petites communes et «faire connaître réellement l’utilisation des mécanismes de dotations aux petites communes.» Le tableau est noir mais «il n’est pas encore trop tard pourtant il y a urgence. Notre secteur des TP est sur un temps long. Le délai entre l’idée d’un projet d’une commune et le premier coup de pioche, c’est au minimum un an.» Si les petits projets apparaissent comme une des solutions possibles, il est également envisageable pour Thierry Ledrich «de démarrer dès maintenant une partie des grands projets, je pense en particulier à certaines portions de l’A31bis.» Seules les décisions politiques des élus semblent donc pouvoir sauver un secteur d’un choc encore évitable. «C’est maintenant, dans les trois mois à venir, qu’il faut lancer les appels d’offres. Les six mois qui arrivent seront primordiaux et c’est ainsi que l’on pourra réellement redémarrer.» Le temps semble compté…

Emmanuel VARRIER

«C’est maintenant que les appels d’offres doivent être lancés.»