Entreprises

Points, capitalisation : le regard sur la retraite change...

Alors que le 1er semestre 2023 a été marqué par les débats sur la retraite et à la veille de l’entrée en vigueur de la réforme, le 5e Baromètre de l’épargne en France et en régions, réalisé par l’Ifop, pour la société de conseil en gestion de patrimoine sur Internet Altaprofits, révèle un changement de paradigme majeur. Les Français avancent vers l’idée d’une retraite par capitalisation. C’est particulièrement le cas chez les jeunes générations. Localement, ces données à mesurer à l’aune de la structuration démographique mosellane et de sa population d’actifs.

Chez les jeunes actifs, l'idée de la retraite par capitalisation fait son chemin.
Chez les jeunes actifs, l'idée de la retraite par capitalisation fait son chemin.

Quelques mois après son vote houleux et à l'heure de son entrée en vigueur, ce 1er septembre, la réforme des retraites de 2023 ne sera probablement pas la dernière. C'est ce que laisse entendre Emmanuel Macron dans l'interview qu'il a donné ces derniers jours à l'hebdomadaire Le Point. Le chef de l'État qui avait dû enterrer la précédente réforme par points au moment où se déclenchait la pandémie de Covid-19 n'a pas abandonné l'espoir qu'un tel système de retraites soit un jour adopté en France, même si il ne devrait pas y avoir de seconde réforme des retraites durant le second quinquennat, d’ici 2027.

Césure générationnelle

Dans ce contexte, le 5e Baromètre de l’épargne en France et en régions montre un fort intérêt des actifs du Grand Est pour l’épargne par capitalisation. 79 % d’entre eux considèrent nécessaire d’épargner par eux-mêmes pour se constituer un revenu supplémentaire au moment de leur retraite afin de compléter leur pension (- 5 points par rapport à la moyenne nationale). Ils sont même 38 % à considérer cette épargne comme «tout à fait» nécessaire, soit près de 4 actifs sur 10. Si 12 % des interviewés ne se sont pas prononcés sur cette question, il en ressort que moins d’un actif sur 10 (9 %) ne serait pas convaincu par la nécessité d’épargner par soi-même pour la retraite. L’intention des habitants du Grand Est de souscrire un Plan Épargne Retraite (PER) est en progression significative sur 3 ans. 41 % des interrogés déclarent avoir l’intention de souscrire un PER quand 22 % le signifiaient en 2021 (+ 19 points en 3 ans). Ce sondage 2023 confirme la tendance générationnelle relevée les deux années précédentes d’une jeunesse persuadée de la nécessité de se constituer par ses propres moyens un complément de revenus pour sa retraite : 60 % des moins de 35 ans ont l’intention de souscrire un PER pour bénéficier d’une rente viagère (revenu versé jusqu’à la fin de leur vie) ou d’un capital (récupérer leur investissement en une seule ou plusieurs fois) à leur retraite (+ 23 points d’écart par rapport à l’ensemble des Français et un bond intentionniste de + 20 points en 3 ans ; ils étaient 40 % en 2021) contre 29 % pour les 35 ans et plus (- 8 points vs l’ensemble des Français et une progression de + 6 points en 3 ans ; 23 % en 2021).

Méconnaissance du montant perçu

Par ailleurs, les résultats du Baromètre 2023 de l’épargne en France et en régions nous apprennent que : Le ressenti spontané des habitants du Grand Est à l’égard de la retraite est nuancé. Si la retraite est davantage perçue comme un soulagement que comme une contrainte, une forte proportion d’habitants du Grand Est ne semble pas se retrouver dans cette dualité ; ainsi : 45 % entrevoient leur retraite comme un soulagement (- 3 points par rapport à la moyenne nationale). À l’inverse, ils ne sont que 11 % à l’envisager plutôt sous l’angle de la contrainte (un taux identique à celui de la moyenne nationale). Et tout de même, 44 % ne l’associent à aucun des deux termes (+ 3 points vs le niveau national). Les crispations autour de l’allongement de la durée de travail ne sont pas fondées uniquement sur des considérations financières. À avril 2023, seuls 29 % des actifs du Grand Est avaient une connaissance du montant qu’ils percevraient à la retraite (dont seuls 4 % «précisément»). Un taux pratiquement identique à celui de la moyenne nationale (30 %). Stellane Cohen, présidente d’Altaprofits, observe : «Nous assistons probablement au début d’une épargne générationnelle par “capitalisation” allant de pair avec les transformations de la société comme l’évolution du rapport au travail et la recherche des équilibres entre vie professionnelle et vie personnelle. Ce baromètre 2023 valide une nouvelle fois cette année la détermination des jeunes générations d’anticiper sereinement leur avenir pécunier, en pensant à construire de plus en plus tôt leur “patrimoine retraite”. Le PER est aujourd’hui le véhicule qui répond le mieux à cet objectif. »

En Moselle, financer le système de retraites avec moins d'actifs... 
Selon les dernières projections démographiques, la Moselle perdrait 183 000 habitants à l’horizon 2070, soit 18 % en un demi-siècle. Le déficit naturel expliquerait majoritairement cette baisse. Le vieillissement de la population s’accélérerait : la moyenne d’âge passerait de 41,7 ans en 2018 à 48,8 ans en 2070, et un tiers des habitants auraient 65 ans ou plus, contre un cinquième en 2018. La population active serait aussi en forte diminution : en 2070, la Moselle compterait 115 000 actifs en moins.