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Rémunération des cadres : les inégalités femmes-hommes restent ancrées

En ce mois de juin, l’Apec publie son baromètre annuel de la rémunération des cadres menée auprès de 13 000 cadres du secteur privé. Les augmentations des cadres sont reparties à la hausse en 2022 confirmant le mouvement initié en 2021 après 3 ans de stagnation. L’étude livre d’intéressantes analyses sur les disparités persistantes entre femmes et hommes. En moyenne, un homme cadre gagne 15 % de plus que son homologue femme. Un contexte hexagonal qui ne manquera pas d’interpeller les plus de 57 000 cadres mosellans, dont 38 % de femmes.


Beaucoup de chemin à parcourir pour parvenir à une égalité salariale entre femmes et hommes.
Beaucoup de chemin à parcourir pour parvenir à une égalité salariale entre femmes et hommes.

Les femmes cadres continuent à être moins augmentées que les hommes cadres et moins rémunérées : les écarts de salaires entre femmes et hommes cadres évoluent peu, y compris à postes équivalents : c'est l’un des marqueurs forts de l’enquête menée par l’Apec. Pour Gilles Gateau, directeur général de l’Apec : «Les augmentations salariales pour les cadres en 2022 ont été - encore une fois ! - sans effet sur la réduction des inégalités salariales entre femmes et hommes cadres. Un constat… affligeant, qui se répète année après année depuis 10 ans. En parler, faire des lois, se donner des objectifs et des index c’est bien mais… cela ne suffit manifestement pas, il faut agir plus fort et plus vite ! Accélérer dans la lutte contre ces inégalités, changer la mentalité des dirigeants et des managers, reconnaître enfin les compétences quel que soit le genre.»

Les chiffres de l'inégalité...

En 2022 comme les années précédentes, les femmes cadres ont été un peu moins nombreuses à bénéficier d’une augmentation que leurs homologues masculins (54 % contre 59 %), et en particulier chez les jeunes cadres (62 % contre 70 %). Ainsi, l’écart de salaire entre femmes et hommes cadres reste stable depuis une décennie. Les hommes continuent de gagner 15 % de plus que les femmes cadres. Cet écart augmente avec l’âge : de 6 % chez les moins de 35 ans, il atteint 19 % chez les 55 ans et plus. Un écart de salaire qui peut s’expliquer en partie par des différences de profil entre les femmes et les hommes. Les femmes cadres, relativement plus jeunes que les hommes cadres, sont par exemple sous-représentées dans les postes à responsabilité hiérarchique. En revanche, à profil et poste équivalents, un écart salarial de 7 % persiste et il s’accentue avec l’âge : à 3 % pour les cadres de moins de 35 ans et atteint 10 % pour ceux de 55 ans et plus.

Changer de poste, stratégie gagnante

Si l’attention s’est particulièrement portée sur les salaires les plus bas dans un contexte de forte inflation des prix, force est de constater que les cadres ont également bénéficié d’une politique salariale affirmée : les tensions de recrutement ont contraint les entreprises à agir sur les salaires des cadres que ce soit pour les recruter ou pour les fidéliser. Dans ce contexte, la part de cadres ayant bénéficié d’une augmentation individuelle ou collective en 2022 atteint un niveau record (57 %, + 11 pts par rapport à 2021, + 19 pts par rapport à 2020). Si tous les profils de cadres sont concernés, c’est particulièrement le cas dans le secteur de l’industrie (+ 19 pts) et dans les plus grandes entreprises de 5 000 salariés et plus (+ 15 pts). En 2022, fallait-il miser sur un changement de poste ou même d’entreprise ou au contraire rester au même poste ? La mobilité interne comme externe reste la stratégie la plus payante pour les cadres. 74 % de ceux qui ont rejoint un nouvel employeur (sans connaître de période de chômage) et 72 % des cadres ayant changé de poste au sein de leur entreprise ont été augmentés. En comparaison, 55 % des cadres n’ayant connu aucune mobilité ont été augmentés, cette part est elle aussi en hausse (+ 13 pts en 2022 versus 2021).

Disparités dans les branches professionnelles

Pour ces cadres, l’année a été marquée par une hausse des augmentations individuelles mais surtout collectives. En 2022, la rémunération annuelle brute médiane (fixe + variable) plaçait en tête de tableau les postes de direction générale et d’adjoint de direction (65 000 €), ceux liés à la production industrielle et la maintenance (61 000 €), à la finance, la comptabilité et la gestion (55 000 €), au marketing, la stratégie clients et produits (55 000 €). Les secteurs de administratif et du juridique (48 000 €), l’ingénierie et études R&D (47 000 €), la communication, la création et la culture (45 000 €) et la santé, social et médico-social (45 000 €) ferment ici la marche. Enfin, l’an passé, la part de cadres augmentés s’observait particulièrement dans les process, méthodes et planification (69 %), les achats (66 %), les travaux et chantiers (65 %). Quand seulement 35 % des cadres dans le secteur de la santé, du social, du médico-social avaient été augmentés…