Entreprises

Pourquoi crée-t-on autant d’entreprises en Moselle ?

L’année 2023 marquera un nouveau record en matière de création d’entreprises en Moselle. Elles auront été plus de 11 000 nouvelles entités lancées cette année dans le département. Une donnée s’inscrivant dans une tendance hexagonale. Alors pourquoi crée-t-on si fortement ? Qu’est-ce qui a changé par rapport à une époque récente où l’on n’osait pas vraiment entreprendre ? Éléments de réponse pour tenter de comprendre cette désinhibition entrepreneuriale.

L'entrepreneuriat féminin continue de progresser, apportant un élan à la création.
L'entrepreneuriat féminin continue de progresser, apportant un élan à la création.

11 255 en 2021, 11 233 en 2022 et déjà, en 2023, sur les onze premiers mois de l’année, 10 879. Cette alignement de nombres correspond aux nouvelles entreprises lancées en Moselle. Le département se situe là dans une vague hexagonale qui ne retombe pas. Pensez, dans le périmètre mosellan, on avait créé 6 792 entreprises en 2018. C’était à peine il y a cinq ans. Depuis, on a changé de monde sur bien des plans. On a tendance à voir la période pandémique comme facteur essentiel, comme élément déclencheur de l’explosion du nombre de créations. C’est exact, tout particulièrement, dès la fin du premier confinement au printemps 2020. Mais la genèse de ce boom s’identifie quelques mois avant la Covid-19. Un frémissement haussier de créations peut être observé quelque part entre 2018 et 2019. La suite des événements n’a fait qu’amplifier ce phénomène.

La Moselle, terre de talents

Première explication. L'environnement économique en France a connu des changements significatifs qui ont favorisé l’essor de l’entrepreneuriat. Cela s’est forcément ressenti à l’échelon des territoires, où pléthore de savoir-faire et de talents portés par des femmes et des hommes en demandaient qu'à germer. La Moselle n'en est pas avare. Des réformes législatives et fiscales ont été mises en place pour encourager la création d’entreprises et faciliter les démarches administratives. Le régime de l’auto-entrepreneur, par exemple, a simplifié les formalités de création d’entreprises et réduit les charges sociales pour les entrepreneurs. Aujourd'hui, près de 7 nouvelles entreprises en Moselle sont des micro-entreprises. Néanmoins, ce sont les sociétés (SAS, SARL...), et non pas seulement les travailleurs indépendants qui tirent les statistiques. Bon an mal an, les sociétés représentent environ 30 % de l'ensemble des créations. L'an dernier, fait notable, elles ont progressé de 4,8 % devançant les micro-entrepreneurs qui progressaient de de 2,8 % tandis que les entreprises individuelles classiques reculent de 7,4 %. En une décennie, le nombre de sociétés créées a presque doublé en France, passant de 163 400 en 2012 à 293 400 l'an dernier. Dans ce même laps de temps, la société par actions simplifiée (SAS) a détrôné la SARL. Ce statut plus souple et qui permet au président de bénéficier d'un régime d'assimilé salarié, représente désormais les deux tiers des créations de sociétés. La création en sociétés répond au développement de l'entrepreneuriat en équipe et du financement par ouverture du capital aux business angels et fonds d'investissement. De plus, des mesures ont été prises pour soutenir les start-up, comme la simplification des procédures de financement et l’incitation à l’investissement dans l’innovation. Ces mesures ont créé un climat propice à l’entrepreneuriat. Ils ont réduit les obstacles et offert un soutien financier aux entrepreneurs. À ces atouts décisifs, la Moselle peut ajouter un écosystème particulièrement efficace pour accompagner les futurs créateurs. On pense ici à l’efficience des chambres consulaires et à des outils probants comme Initiative Metz, le Filon, l’Adie, The Pool… Liste non exhaustive de ces acteurs mobilisés pour faire éclore des projets entrepreneuriaux, dans le domaine, notamment, de modèles écoresponsables et d'une consommation plus éthique et raisonnée.

La quête de soi-même via l'entrepreneuriat

Notre pays a vu émerger une culture entrepreneuriale dynamique et un esprit d’innovation croissant. Les entrepreneurs sont devenus des modèles et des sources d’inspiration, encourageant davantage de personnes à suivre leurs traces. Les succès de certaines start-up françaises ont démontré que l’entrepreneuriat peut être une voie viable et durable vers le succès. Les histoires de réussite ont suscité enthousiasme et ambition. L'appétence pour pousser à explorer ses propres idées et à créer son entreprise a été la plus forte. Les incubateurs, les espaces de coworking et les programmes d’accélération se sont multipliés, offrant un écosystème favorable à l’entrepreneuriat et encourageant l’échange d’idées et la collaboration. L’entrepreneuriat offre aux individus une plus grande autonomie et flexibilité par rapport à un emploi traditionnel. De plus en plus de personnes cherchent à échapper à la routine et à prendre le contrôle de leur propre destin. Ils lancent ainsi leur entreprise. L’entrepreneuriat permet de travailler sur des projets qui nous passionnent, de façonner notre emploi du temps et de prendre des décisions stratégiques. Cette quête d’autonomie et de flexibilité a joué un rôle clé dans la démocratisation de l’entrepreneuriat en France. La génération actuelle de travailleurs est motivée par des valeurs différentes de celles des générations précédentes. Ils recherchent un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, et considèrent l’entrepreneuriat comme un moyen de réaliser leurs aspirations personnelles et professionnelles. Les individus aspirent à plus de liberté, de créativité et de satisfaction dans leur vie professionnelle. Cela les pousse à explorer l’entrepreneuriat. C’est l’une des conséquences motrices accélérées par cette quête de sens tant recherchée. L’introspection individuelle et collective a fait du chemin depuis cette année 2020 hors norme.

L'économie numérique, vecteur clé

Également, l’avènement de la technologie et de l’économie numérique a ouvert de nouvelles perspectives pour les entrepreneurs en France. Internet et les plateformes numériques ont facilité la création et la gestion d’entreprises. Ils ont réduits les coûts et offrent des opportunités d’accès à un marché mondial. De nombreux entrepreneurs ont saisi ces opportunités en lançant des start-up technologiques et en développant des produits et des services innovants. L’entrepreneuriat numérique a joué un rôle important dans la démocratisation de l’entrepreneuriat en France. Il a éliminé les barrières géographiques et offrent de nouvelles possibilités aux entrepreneurs. La France a connu une croissance significative dans le secteur des technologies de l’information et de la communication, avec l’émergence de nombreuses start-up prometteuses dans des domaines tels que la fintech, la santé numérique, l’e-commerce et les technologies propres. Cette effervescence technologique a suscité l’intérêt des jeunes entrepreneurs et a contribué à la démocratisation de l’entrepreneuriat.

Un monde nouveau...

Les mentalités ont évolué en France, avec de plus en plus de personnes qui considèrent l’entrepreneuriat comme une alternative viable à un emploi traditionnel. Les attentes professionnelles ont également changé, avec une recherche croissante de sens et de réalisations personnelles. Les individus aspirent à plus de liberté, de créativité et de satisfaction dans leur vie professionnelle, ce qui les pousse à explorer l’entrepreneuriat. Cette évolution des mentalités a contribué à la démocratisation de l’entrepreneuriat en France. Avec cet engouement croissant, l’entrepreneuriat continuera à jouer un rôle important dans notre paysage économique et social. Il est crucial de maintenir cet élan en continuant à encourager l’entrepreneuriat et à soutenir les entrepreneurs dans leur parcours, afin de favoriser l’innovation, la création d’emplois et la croissance économique. Ceci est valable au niveau national, comme à celui de la Moselle. Demain, tous entrepreneurs ? C’est aller vite en besogne. Mais les lignes ont bougé et elles continuent à le faire. 2024 sera ici très significative. On sera alors loin de l’effet Covid. Ce qui pouvait être vu comme une tendance est en effet appelé à s’inscrire dans le temps long. C’est ici toute la sphère travail, lequel demeure un formidable moyen d'épanouissement, qui est bousculée. L’adaptabilité à ce monde d’après est de rigueur. Le défi est de taille et passionnant : il est encouragé par un autre phénomène. Celui de la progression du nombre de femmes dans l'entrepreneuriat. Elles sont à présent 43 % de micro-entrepreneures, 55 % des créatrices d'entreprise individuelle et 60 % des porteuses de projet dans les programmes d'accompagnement dans les quartiers. Pas de doute, l'entrepreneuriat change de visage.