Entreprises
PME : 80 millions d'euros pour passer au vert
Financer l'achat d'un local à vélo, rénover son local industriel pour améliorer sa performance énergétique... Dans le cadre du plan « France relance », l'Ademe propose de nombreux dispositifs aux PME, pour les aider à s’engager dans une « transition verte ».

La crise ne devrait pas freiner la transition écologique des PME, bien au contraire : « les entreprises seront plus fortes sur les marchés intérieur et extérieur, si elles se transforment dans le sens de la transition écologique. C'est grâce à cela qu'elles vont pouvoir être plus dynamiques, plus compétitives », argumente Fabrice Boissier, directeur général délégué de l'Ademe, Agence de la transition écologique. Le 28 janvier, lors d'une conférence de presse en ligne, celle-ci présentait un ensemble de dispositifs mis en place dans le cadre du plan « France relance », et dont l'agence assure la dimension opérationnelle, via de l'accompagnement, des financements ou des appels à projets.
Parmi
ces dispositifs, certains s'adressent spécifiquement aux PME, à
hauteur de 80 millions d'euros. Plus de la moitié de cette enveloppe
est destinée au «Dispositif tremplin », qui a été
mis en place cette année. Il s'agit d'aides forfaitaires, pour un
montant entre 50 et 200 000 euros. Objectif : financer une
première opération d'études ou des investissements. Exemples, la
réalisation d'une étude sur la manière de réduire les émissions
de gaz à effet de serre dans l'entreprise, la rénovation d'un
bâtiment industriel qui, mal isolé, pose des problèmes de
pollution de l'air, l’initiation d’une démarche
d’écoconception, de mobilité durable…
Tous
les domaines de la transition écologique sont couverts
(énergie/climat, transport durable, économie circulaire...). Et ce
dispositif peut s'articuler avec d'autres, existants, déjà proposés
par l'Ademe.
C'est notamment le cas du programme d'accompagnement personnalisé
sur 12 mois «
Diag Eco flux ».
Celui-ci met à disposition des entreprises l'expertise de bureaux
d'études spécialisés en optimisation de flux (énergie, eau,
matières et déchets). Parmi les dispositifs déjà existants,
figure aussi le « climatomètre »,
un outil d'auto-diagnostic. En ligne et gratuit, il permet à
l' entreprise d'évaluer son degré de maturité vis à vis de
la transition écologique, et sur cette base, de recevoir des
recommandations ou des propositions d'action.
Par
ailleurs, au delà des mesures qui leur sont spécifiquement dédiées,
les PME peuvent aussi s'adosser à d'autres programmes qui
s'inscrivent dans le cadre du plan de relance. A l'image de celui
sectoriel « tourisme durable ». Lequel s'adresse
aux restaurants et hôtels dans des territoires ruraux, ou d'autres,
ciblés ( la Corse et Lourdes).
Parmi les thèmes abordés : le gaspillage alimentaire,
les biodéchets, les équipements... Pour l'hôtellerie, l'Ademe
propose un accompagnement pour l'obtention de l'écolabel européen
« Hébergement touristique ». « La
demande des clients est de plus en plus forte », souligne
Arnaud Leroy, Président directeur général de l’Ademe. Deux
millions d'euros sont spécifiquement consacrés au « slow
tourisme », « pour travailler sur les mobilités douces
ou le tourisme actif », ajoute Arnaud Leroy.
Convaincre
de l'urgence
Reste
que, dans le contexte de crise actuel, mobiliser des petites
entreprises sur des problématiques environnementales, en particulier
dans le secteur du tourisme, n'a rien d'évident. L' Ademe compte
donc travailler avec des acteurs comme les offices du tourisme ou les
parcs naturels, pour identifier de potentiels projets, dans ce
secteur où elle a été, jusqu'à présent, peu impliquée. Mais
l'enjeu dépasse le tourisme. Le défi, explique
Arnaud Leroy, consiste à « aller
chercher des acteurs qui, aujourd'hui, sont loin de la transition
écologique (…). Dans le contexte de pandémie, nous devons
nous battre pour aller chercher les entreprises, et nous le faisons
avec tous les réseaux ».
Pour
parvenir à toucher des PME, l'Ademe
collabore notamment avec Bpifrance, la banque publique
d'investissement, avec laquelle elle a noué un partenariat en juin
dernier. Bpifrance propose ainsi à ses clients le dispositif
« Diag
Eco flux », le prêt vert de l'Ademe, et anime un
club d'entrepreneurs engagés dans la transition écologique,
disposés à faire office d'ambassadeurs de la cause auprès de leurs
pairs. Les collectivités locales, EPCI et régions, en particulier,
constituent deux autres interlocuteurs indispensables de l'Ademe dans
le cadre du déploiement du plan de relance.
«Cette
enveloppe de 80 millions d'euros vient en complément de l'action des
régions », souligne Arnaud Leroy. Au total, le plan
« France relance » consacre 30 milliards d'euros à
la transition écologique, suivant deux axes majeurs : la
décarbonation de l'économie, avec la réduction des émissions
carbone de la France de 40 % d’ici à 2030, et le soutien aux
filières d’avenir (hydrogène, recyclage, efficacité énergétique
dans l’industrie…). Dans ce cadre, le budget géré par l'Ademe
s'élève à 2 milliards d'euros. Plus de la moitié (1,2 milliards
d'euros), est consacrée à la décarbonation de l'industrie. Dans ce
cadre, déjà, au second semestre 2020, trois appels à projets ont
été lancés, au terme desquels 16 projets ont été retenus,
représentant 291 millions d'euros d'investissements industriels pour
61 millions d'euros d'aides. Parmi les autres thèmes investis par
l'Ademe figurent, ensuite, le tourisme durable et l’économie
circulaire, qui bénéficient chacun d'une enveloppe de 500 millions
d'euros. Les projets destinés à favoriser la création d'une
filière de l'hydrogène sont dotés au total de 275 millions
d'euros. L'agriculture, de 10 millions d'euros . Au total, cela
représente un doublement du budget habituellement géré par l'Ademe
pour ses dispositifs qui continuent à être effectifs ( fonds
chaleur, fonds économie circulaire). Afin d'assumer ce surcroît
d'activité, l'agence recrute une centaine de personnes.
Trouver des idées en ligne
La
plateforme https://agirpourlatransition.ademe.fr/projet
recense l'ensemble des projets et dispositifs de l'Ademe s'adressant
aux entreprises ( études et conseils, investissements,
communication, recherche et innovation...) et aux collectivités
(aides financières...).