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Micro-entreprise en Moselle : un changement de paradigme entrepreneurial

En Moselle, près de 7 nouvelles entreprises sur 10 sont désormais des micro-entreprises. Quelle est leur réalité ? On assiste à un changement de paradigme de la création qui semble s’ancrer dans le paysage entrepreneurial. Une matinale de la CCI Moselle va décrypter ce phénomène le 14 mai à Sarreguemines.

Le statut de micro-entrepreneur a permis à beaucoup de lancer leur activité.
Le statut de micro-entrepreneur a permis à beaucoup de lancer leur activité.

Selon les données de l’Insee, 11 563 entreprises se sont créées en Moselle en 2023. Parmi elles, 67 % de micro-entreprises. Un taux supérieur au chiffre national de 62 %. À l’échelle de l’Hexagone, comme au niveau départemental, la confirmation est évidente : ce statut s’inscrit sur le long terme, de plus en plus plébiscité. Ce succès de la micro-entreprise peut s’expliquer en partie par le doublement des seuils de chiffre d’affaires permettant d’accéder au régime fiscal simplifié, qui s’élèvent aujourd’hui à 176 200 € de chiffre d’affaires annuel pour les activités de vente de marchandises, de vente à consommer sur place et de fourniture de logement et à 72 600 € pour les prestations de services relevant de la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) ou des bénéfices non commerciaux (BNC).

Donner du sens

Mais l’augmentation des seuils n’explique pas tout, loin de là. L’engouement pour la micro-entreprise n’est pas un épiphénomène ni un gadget. C’est un véritable phénomène de fonds, un changement de paradigme, une révolution sociétale : de plus en plus de gens veulent être indépendants, ne plus être salariés, donner du sens à leur vie professionnelle. Tenter autre chose, se faire plaisir de manière professionnelle, voire compléter ses revenus salariés par une activité coup de cœur. La crise de la Covid-19 a sans nul doute été un déclencheur psychologique pour nombre de Français : entre ceux qui, en arrêt forcé, ont été obligés de trouver de nouvelles ressources en eux et se sont découverts de nouveaux talents et d’autres qui avaient, au fond d’eux-mêmes, envie de changer de voie mais qui n’osaient pas, la voie du micro-entrepreneuriat s’est révélé être un tremplin vers une nouvelle vie. Logiquement, les secteurs du transport, de courrier et de restauration rapide, ou encore les activités de vente à domicile et de vente à distance, qui avaient fleuri lors de la crise du Covid, sont en décroissance. En revanche, les activités scientifiques et techniques, la construction et le commerce de détail ont le vent en poupe. Il est aussi intéressant de noter, qu’en parallèle au nombre de créations de micro-entreprises, celui lié à leur radiation augmente de façon importante. Le contexte des dernières années, fortement marqué par la crise sanitaire, explique en grande partie cette hausse du nombre de fermetures. Durant cette période, la micro-entreprise a largement été utilisée comme une solution temporaire pour avoir une source de revenus, avant que ces entrepreneurs conjoncturels ne retournent finalement vers un emploi salarié. Également, de nombreuses personnes ont cessé leur activité par défaut de viabilité, notamment suite à l’arrêt des aides du «quoi qu’il en coûte».

Pourquoi choisir la micro-entreprise ?

Ces chiffres cassent l’idée reçue selon laquelle la micro-entreprise, ce serait principalement pour les coursiers, une ubérisation des métiers... Dans la réalité, de très nombreux micro-entrepreneurs développent des activités intellectuelles, de conseil… Ces tendances peuvent expliquer que de nombreux métiers sont en tension. La restauration en est un bon exemple : un grand nombre de salariés n’ont pas souhaité reprendre leur poste après la pandémie et se sont orientés vers d’autres secteurs qui correspondaient mieux à leurs attentes et à leur choix de vie. Ils se testent désormais pour partie en tant qu’auto-entrepreneurs. Ce n’est sans doute pas fini. «Pourquoi choisir le régime de la micro-entreprise ?» Ce sera le thème d’une réunion organisée par l’antenne de Sarreguemines de la CCI Moselle, le mardi 14 mai, de 9 h à 12 h. Une matinale qui permettra de faire le point avec vous sur les avantages et les inconvénients de la micro-entreprise : qui peut créer une micro-entreprise ? Quel est son fonctionnement ? Son régime social et fiscal ? Ses formalités d’immatriculation ? Modalités de participation, inscription sur entreprendre@moselle.cci.fr.

1 353 € 
C'est le revenu mensuel moyen d'un micro-entrepreneur, pour un chiffre d'affaires mensuel moyen de 1 635 €. La moitié des auto-entreprises sont considérées comme économiquement actives : elles étaient encore 60 % en 2019.