L'insupportable fléau des violences conjugales

220 000 Françaises, âgées de 18 à 75 ans, sont victimes chaque année des violences de leur conjoint ou de  leur ex.
220 000 Françaises, âgées de 18 à 75 ans, sont victimes chaque année des violences de leur conjoint ou de leur ex.

Parmi les réseaux actifs au sein des clubs et réseaux d’affaires sur le territoire mosellan figure l’association miXYtés, dans son engagement pour l’égalité entre hommes et femmes. Dans le milieu du travail. Et plus largement. Elle a organisé récemment une table ronde en distanciel sur un sujet délicat : les violences faits aux femmes. Si la prise de conscience avance, du chemin reste à faire sur un fléau restant d’’actualité. Hélas.

A l’occasion du Grenelle contre les violences faites aux femmes organisé le 25 novembre dernier, le gouvernement a rendu public une série de 30 mesures visant à prévenir les violences, mieux protéger les victimes, mettre en place un suivi et une prise en charge des auteurs de violences. Parmi elles, quatre concernent le monde du travail. Harcèlement numérique, conjoint violent exerçant dans le même entreprise ou venant guetter la salariée dans un magasin : c’est un fait : les violences conjugales, si elles sont des faits de vie privée, peuvent intervenir ou se prolonger dans le cadre de l’entreprise. D’où l’extrême importance d’un environnement professionnel conscientisé et bienveillant pour favoriser la libération de la parole des victimes.

Répercussion dans le sphère travail

Chez nos voisins britanniques, plus de 20 % des salariées prennent des congés suite à des violences conjugales et 2 % ont perdu leur emploi à cause d’elles. 56 % des femmes maltraitées arrivent en retard et 58 % sont absentes au moins trois jours par mois. La France, quant à elle, évalue les répercussions économiques liées aux violences conjugales à plus de deux milliards d’euros. Avec quelque 14 millions de femmes travaillant dans notre pays, l’impact de la violence conjugale sur l’entreprise est forte. Elle concerne plus d’un million de salariées quand 10 % des Françaises sont touchées par les violences au sein du couple. Dès lors, ce sont la productivité, la concentration, l’augmentation des risques au travail, l’absentéisme qui en sont les conséquences directes. En effet, comment avoir la tête à sa tâche en entreprise quand on vient d’être insultée ou menacée au téléphone par son conjoint ? Comment aller travailler quand, la veille, on a été frappée ou violée ? Une très large majorité d’employeurs souhaitent répondre à cette détresse de leurs salariées mais sont souvent démunis. Sur le milliard d’euros consacré par l’État à l’égalité entre les femmes et les hommes en 2020, plus de 360 millions d’euros sont dédiés à la lutte contre les violences faites aux femmes. Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, a engagé son organisation professionnelle dans la charte «OneThreeWomen». Lancée par le réseau européen éponyme d’entreprises engagées dans la lutte contre les violences conjugales, cofondé avec la Fondation Kering et soutenu par L’Oréal, Korian, BNP Paribas, Carrefour, SNCF, Oui Care, elle a déjà été signée par une trentaine d’entreprises.

L’action de miXYtès

Tout dernièrement, la plateforme de signalement en ligne des violences sexuelles et sexistes en France a enregistré une hausse de 15% des appels de victimes durant le second reconfinement. Le premier confinement avait déjà vu une forte hausse des signalements sur la plateforme, cinq fois plus qu’en temps normal. Dans les initiatives locales portées par des personnes dévouées dans cette cause juste et humaine, l’association miXYtès a mis en place une table ronde en mode distanciée. Thématique : «Violences faites aux femmes, Covid-19, quel impact ?» Une cinquantaine de personnes ont pris part à ce rendez-vous en mode digital. La finalité du jour était d’éclairer, de témoigner, de susciter un dialogue constructif et sans complaisance. Animée par Laura Cassaro, la table ronde a réuni Marie-Laure Vautrin, déléguée départementale aux Droits des femmes et à l’égalité, Sabrina Laval, directrice du Centre d’information sur les droits des femmes et des familles Moselle Est, Marie-Claude Tomassi, coordinatrice du programme d’accompagnement des situations de violence de l’Association d’information et d’entraide mosellane, Alain Vigneulle, éducateur technique spécialisé de l’Association d’information et d’entraide mosellane, Philippe Dasquié, officier adjoint Prévention, chef d’escadron du groupement de gendarmerie de la Moselle, Nelly ……, elle-même victime de violences conjugales, et qui a témoigné de son parcours. Cet enchaîné de mots a pu mettre en lumière le travail réalisé et restant à parcourir pour sauver des vies sur le front de ces violences intolérables. 220 000 femmes subissent chaque année les violences de leur conjoint. En 2019 déjà, le féminicide avait augmenté de 21 %. 149 femmes sont décédées, tuées par leur conjoint ou leur ex.

Les 4 axes du plan gouvernemental

Quatre mesures spécifiques au monde du travail ont été actées quant aux violences conjugales. Les victimes sous ordonnance de protection pourront débloquer leur épargne salariale de façon anticipée, pour disposer d’argent dans un court délai, afin de répondre aux changements matériels imposées par leur situation. La problématique des violences conjugales sera intégrée aux plans de santé au travail et aux plans régionaux de santé au travail. Le guide relatif à l’égalité professionnelle vers les TPE-PME va être actualité, en y intégrant le sujet. Enfin, au sein du label égalité professionnel va être ajouté un axe propre à la prise en compte des violences conjugales.