Les futurs artisans du CFA de Metz sensibilisés à la sécurité routière

«Sensibiliser, parce que cela arrive tous les jours et pas qu’aux autres». C’était bien le leitmotiv de la journée de sensibilisation à la sécurité routière menée ce mardi au Campus des Métiers, CFA de Metz, par la CMA de Moselle, en lien avec la préfecture de Moselle et l’unité de gendarmerie de Metz. Une action réitérée chaque année. On le lit malheureusement régulièrement dans les pages des journaux, on le constate dans les baromètres mensuels de la préfecture : un nombre d’infractions et trop de drames qui en découlent se situent dans la catégorie d’âge des 26-35 ans, voire des 18-25 ans. Responsables ou victimes de l’environnement routier.

Le témoigne poignant d'Isabelle Immer

Dans la salle de conférences, Isabelle Immer apparaît sur le grand écran. Elle s'exprime face à une assemblée de jeunes, avant de se présenter elle-même quelques minutes plus tard. Les mots d’une mère qui a perdu son enfant, Julien, une fin d’après-midi de ce 18 février 2010. Julien circulait rue Sente-à-My, à Metz sur son scooter. Il roulait dans sa voie de circulation quand il a été percuté par une voiture qui lui a refusé la priorité. C’est son grand-père qui fut le premier sur place, l’accident ayant eu lieu à proximité du domicile de ses grands-parents maternels. Assistante d’éducation au Campus des Métiers, Isabelle Immer va depuis avec bienveillance à la rencontre des jeunes, qu’ils soient collégiens, lycéens, apprentis… Pour leur dire, les sensibiliser aux dangers de la route, aux bonnes pratiques de sécurité routière. Les visages des jeunes gens la fixent. L’émotion est palpable. Isabelle Immer confie : «L’objectif de mes interventions est qu’ils fassent attention à eux et aux autres, que des drames soient évités... Quand cela arrive, c'est une vie et tout l'entourage qui sont brisés. Je parle avec mon cœur, cela n'est pas facile, mais je dois le faire.»

Isabelle Immer, les mots d'une mère face au jeune public.

Des ateliers pratiques

Lors de cette conférence, l’adjudant Michael Muller, de la Brigade motorisée de Hayange, l’a précédé, faisant un exposé sur les conduites à risques, notamment l’alcool, la drogue, la vitesse et les distracteurs, rappelant l’action de l’association «Marilou : pour les routes de la vie», fondée le 25 avril 2002, par Philippe et Nadine Poinsot, parents d'une petite fille de 9 ans victime d'un accident, afin de lutter contre la délinquance routière. Cette association agit à la fois vers les pouvoirs publics pour renforcer les réglementations (contre la drogue au volant, notamment) et agit également vers les jeunes en intervenant dans les écoles pour les sensibiliser aux conséquences possibles en matière d'insécurité routière de certains comportements. Agréée par l’Éducation nationale, elle est membre du Conseil national de la sécurité routière. L’intervention du gendarme visait à faire prendre conscience aux élèves des comportements dangereux et de leurs conséquences. Pendant que 40 d’entre eux écoutaient la conférence, 40 autres ont pris part à plusieurs ateliers pratiques : simulateur deux roues, expériences avec un tapis et des lunettes simulant un taux d’alcoolémie élevé, tests de réactivité avec un réactiomètre, démonstrations avec une valise dose-alcool pour illustrer les dangers de surconsommation d’alcool lors des soirées, exercices dans une voiture tonneau pour mesurer les conséquences d’un accident.

Sensibiliser par des ateliers pratiques.

Engagement citoyen

Karine Picard, chargée du plan départemental de sécurité routière pour la préfecture de la Moselle, explique : «Nous intervenons dans tous les lieux où l’on peut sensibiliser à la sécurité routière. En milieu scolaire, à tous niveaux, également en milieu professionnel, en entreprise, à la demande. Le matériel est fourni par la préfecture.» À l’issue de cette journée, près de 160 jeunes du Campus des Métiers, en deux sessions, en matinée et en après-midi, ont pu bénéficier d’une immersion complète dans les facettes de la sécurité routière. Ils ont beaucoup entendu, écouté. Et surtout renforcer leurs connaissances en la matière, dans cet exercice grandeur nature de prévention. David Anzalone, directeur du CFA de Metz, inscrit l’action dans un cadre plus large : «Toute l’année, nous organisons des temps forts au caractère citoyen à destination de nos apprentis. Ici, la sécurité routière. Sur d’autres sujets également comme la santé, le harcèlement… C’est notre rôle éducatif d’accompagner ces jeunes.» 16-20 ans, c'est l'âge des apprentissages. Celui de la première conduite, du permis de conduire. Sûrement pas celui où une jeune existence doit être fauchée dans son printemps... On n'en fera jamais trop en matière de prévention.