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Le numérique au féminin, des progrès à faire…

«You rock Girl !». C’est la dénomination du programme 100 % digital de l’association mosellane Femina Tech à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. C’est en ligne ce lundi 8 mars. L’occasion de faire le point sur la situation des femmes dans ce secteur d’avenir. Constat : il y a encore des progrès à faire pour parvenir à une meilleure représentativité. Et pas qu'un peu. 

Bien des barrières restent à lever pour voir les femmes prendre pleinement place dans le secteur du numérique.
Bien des barrières restent à lever pour voir les femmes prendre pleinement place dans le secteur du numérique.

On rappellera les objectifs de l’association mosellane Femina Tech : encourager les femmes à faire carrière dans les filières numériques et techniques. Pour y parvenir, elle rassemble des hommes et des femmes qui conçoivent le futur et le progrès commun dans la mixité et la diversité. Actions sur tout le Grand Est et le Luxembourg, partenariats multiples : l’association essaime sur le territoire régional sa lutte, au travers d’interventions et d’événements. Elle dispose d'un site web et d'une page Facebook, laquelle témoigne de son dynamisme et de son implication. Ce lundi 8 mars, journée internationale des droits des femmes, elle organise un webinar, mené par Rachel Dubour, de Match your Talents, et Bruno Forand, expert en médiation interactive. Ambition de cet atelier en version digitale : apprendre des techniques, constituer une boîte à outils pour gagner de la confiance en soi, relever des challenges professionnels et personnels. Demander une augmentation, s’extirper d’une tension avec un collègue, travailler avec plus de sérénité : des situations en entreprise qui requièrent des clés à connaître et à maîtriser.

Une sous-représentation des femmes

L’initiative de l’association Femina Tech invite à nous pencher sur la situation des femmes dans l’univers du numérique. Première observation. Elles sont sous-représentées dans ce domaine : 30 % de salariés seulement. Les résultats de l’étude Gender Scan 2019 du cabinet Global Contact révèlent une baisse significative des effectifs féminins dans les formations et métiers tech en France. Ainsi, la proportion des diplômées recule de 2 % dans le numérique en France entre 2013 et 2017. Quant aux femmes actives dans les emplois de la haute technologie hexagonale, elle est en repli de 1 % entre 2013 et 2018. Des notes plus récentes confirment cette stagnation, voire cette régression. En France, selon une étude du Journal du Net, aucune grande entreprise du numérique n’emploie plus de 30 % de femmes. Dans certains cas, la proportion descend même sous les 20 %. Cette tendance se constate également dans l’Union européenne : si 57 % de l’ensemble des diplômés de l’enseignement supérieur sont des femmes, seulement 25 % ont obtenu un diplôme dans les filières du numérique, et 13 % de ces diplômées travaillent dans le secteur du numérique.

Les start-up se féminisent... doucement

Quand on scrute le niveau hiérarchique des femmes dans le numérique, on note que plus il y a de responsabilités, moins les femmes sont représentées : seulement 18,5 % des responsables sont des femmes, selon l’étude réalisée par l’organisation AnitaB.org en 2019. À la Silicon Valley, le fief de la Tech planétaire, seules 13 % des femmes accèdent à des postes de management dans les entreprises technologiques, et les entrepreneures ne dépassent pas les 7 %. De plus, les femmes se heurtent à des barrières lorsqu'elles lancent leur start-up, comme le décèle le baromètre de Sista et Boston Consulting Group (BCG). En moyenne, les start-up fondées par des femmes ont 30 % moins de chance que celles fondées par des hommes de lever des fonds. Selon le baromètre mis en place par Sista, les start-up fondées par des femmes n’ont levé que 2 % des investissements depuis 2008. Seules 5 % des start-up françaises seraient fondées par une équipe 100 % féminine. De même, seulement 10 % auraient une équipe fondatrice réunissant les deux sexes. En revanche, élément extrêmement intéressant selon l’étude BCG : les start-up cofondées par des femmes ont un meilleur rendement. La dernière édition du baromètre Sista, CNNum et BCG montre que la mixité dans la création et le financement de start-up progresse.

Un enjeu sociétal et économique

Dans les années 1990, deux phénomènes sont déterminants dans la baisse du nombre des femmes dans les filières numériques. D’abord la montée en puissance de l’informatique, devenue un enjeu stratégique pour les entreprises et les États. Les hommes s’y sont engouffrés en masse au détriment des femmes. Ensuite, l’apparition des ordinateurs individuels a permis d’équiper quasi exclusivement des hommes (les pères et leurs fils) au sein des foyers. Or, l’histoire nous apprend que lorsqu’un champ de savoir prend de l’importance dans le monde social, il se masculinise. Avec ce constat : la sous-représentation des femmes dans le secteur du numérique représente une régression sociétale porteuse d’inégalités et elle génère un coût économique. Aujourd’hui, le secteur numérique est l’un des moteurs de l’économie, avec des entreprises qui connaissent des croissances importantes et accompagnent les mutations de la société. C’est le secteur qui générera le plus de nouveaux emplois dans les années à venir : l’emploi dans le numérique progresse 2,5 fois plus vite que dans les autres secteurs. Pour parvenir à une effective mixité, du chemin reste donc à parcourir. Passer la vitesse supérieure s'apparente à une salvatrice et impérieuse nécessité.

* Webinar «You rock Girl !» de Femina Tech. Le lundi 8 mars, de 17 h 30 à 18 h 45. Sur Zoom. Inscription : https://www.weezevent.com/you-....



La mixité, bon pour l’économie

Selon la Commission Européenne, si les femmes occupaient autant d'emplois que les hommes dans le numérique, cela générerait un gain de quelque 9 milliards d'euros par an pour le PIB européen. Quant à la France, la parité dans le numérique apporterait 10 % de PIB supplémentaire d'ici 2020, selon une étude de McKinsey.