Digital
Le e-commerce va-t-il éliminer les déjeuners d'affaires ?
La crise a accéléré la digitalisation des processus d'achat des entreprises, d'après la Fevad, Fédération du e-commerce et de la vente à distance. Plus largement, elle a aussi impacté, de manière probablement durable, les modalités des relations professionnelles.

La crise sanitaire a entraîné l’accélération de la digitalisation des achats entre entreprises, et, au delà, des relations entre professionnels. Telle est la conclusion d'une étude réalisée par Next Content et Médiamétrie sur les achats e-commerce en B2B, publiée début février par la FEVAD, Fédération du e-commerce et de la vente à distance.
Ainsi,
plus du tiers des clients des sites d’e-commerce B2B considèrent
que la crise sanitaire les a conduits à privilégier les commandes
en ligne, au détriment des autres canaux (e-mails,
fax, magasins, agences, téléphone … ). Et pour plus des deux
tiers de ces professionnels, ce changement sera pérenne. La tendance
est inégale selon les secteurs : les plus fortes proportions
d’acheteurs qui ont accru leurs commandes sur Internet se
concentrent dans l'agriculture, le commerce et dans le secteur de la
santé. A contrario, les taux les plus bas concernent l’industrie
et le secteur public. «Cette
accélération du développement des commandes en ligne en B2B
s’explique à la fois par un effet demande : les clients confinés
en télétravail ne disposaient plus des systèmes et équipements
habituels pour procéder à leurs achats et se trouvaient donc
incités à basculer vers les plateformes e-commerce. Mais cela
s’explique également par une offre importante. Compte tenu du
contexte et percevant que cette accélération de la digitalisation
des achats allait durer, beaucoup de distributeurs ont recentré ou
accentué leurs efforts sur le digital »,
commente Marc
Lolivier, délégué
général
de la Fevad, dans un communiqué.
Par
ailleurs, la crise a fait évoluer certaines des attentes des
professionnels au sujet de leurs achats en ligne. Le critère du
prix demeure prioritaire. Toutefois, la disponibilité des produits (
pour
52%
des clients ) et les garanties sur la livraison sont les deux
paramètres qui ont le plus gagné en importance, en raison du
caractère incertain du contexte. Cette
situation a
favorisé le recours au téléphone, resté très important :
les clients souhaitaient être rassurés sur les caractéristiques du
produit et sa disponibilité effective. Ainsi, 20% des acheteurs
dans les ETI et
grandes
entreprises
ont décroché leur téléphone avant de procéder à la commande en
ligne.
La
digitalisation des relations s'arrête aux salons
Au
total, l'épisode de la pandémie devrait, dans une certaine mesure,
modifier durablement les pratiques d'achat : pour près du
tiers des professionnels, la possibilité de passer facilement
commande en ligne est devenu un critère plus important qu'auparavant
dans le choix d’un fournisseur. Et 44% d'entre eux déclarent
avoir modifié leurs pratiques pour prendre davantage en compte le
critère du Made
in
France, 29%
cherché à réduire les
achats à fort
impact environnemental. Toutefois,
si les acheteurs intègrent de plus en plus les considérations
environnementales et sociétales, dans leur démarche, les
engagements RSE (responsabilité sociétale
des
entreprises)
du
distributeur ne sont pas devenus un motif de choix prioritaire.
Par
ailleurs, au delà de l'impact sur l'acte d'achat lui même, la crise
a également modifié la relation client-fournisseur au sens large.
Et ce, de manière potentiellement durable, dévoile l'étude.
Confinements obligent, les rendez-vous face à face, les réunions
physiques ont drastiquement diminué. Quant aux visites et rencontres
sur les salons, elles ont littéralement disparu… Une tendance à
laquelle ne se résignent pas complètement les acheteurs : dans
leur grande majorité, ils considèrent qu'ils reprendront cette
pratique, une fois la crise passée. En revanche, les avis sont plus
partagés concernant les rendez-vous en face-à-face ou les
déplacements professionnels. Là, l'impact de la crise devrait se
révéler plus durable : 37% des acheteurs ayant des échanges
à distance avec les fournisseurs estiment que cette relation
fonctionne « très bien ». Ils ne prévoient pas
de reprendre, ou en tout cas dans une moindre mesure, les rendez-vous
de visu. Ces derniers pourraient être cantonnés à des moments
stratégiques, comme la réponse à un appel d’offre ou la
négociation d'un contrat cadre, par exemple.