Entreprises

Le cap des 11 000 créations d’entreprises franchi en Moselle en 2022

Il n’y a jamais eu autant de nouveaux entrepreneurs en Moselle. En 2022, le record de l’an passé est appelé à être battu à l’heure des bilans annuels. Pourquoi cet engouement ? Peut-on parler entrepreneuriat de circonstances ? Peut-il s’inscrire dans un temps long et donc pérenniser son process ? Quelle frontière entre entrepreneuriat durable et entrepreneuriat friable ? Éléments de réponse.

La création d'entreprise reste très dynamique en Moselle.
La création d'entreprise reste très dynamique en Moselle.

En 2022, le cap symbolique des 11 000 entreprises créées sera sans aucun doute franchi en Moselle. Avec 10 438 immatriculations sur les onze premiers mois de l’année, dont 64 % de micro-entreprises, selon les dernières statistiques de l’Insee, le record établi en 2021 sera approché. Il est même probable que le seuil atteint l’an passé, soit 11 255 nouvelles entités, soit dépassé. Après une baisse de régime constatée en Moselle entre avril et août, avec 4 354 entreprises créées (contre 4 561 sur la même période en 2021), soit un repli de 4,6 %, un rebond spectaculaire s’est opéré en septembre, octobre et novembre. Ces trois mois ont vu éclore 3 082 nouvelles entreprises. Sur les trois mêmes mois en 2021, ce nombre s’élevait à 2 812. Soit une hausse de + 8,8 %.

Le boom de la micro-entreprise

Dans le département, le statut de micro-entrepreneur, entrée en vigueur le 1er janvier 2009, a connu une nouvelle poussée. De janvier à novembre 2022, ce sont 6 629 micro-entreprises qui ont vu le jour en Moselle. Sur la même période, en 2021, elles étaient 6 434. C’est encore sur les mois de septembre, octobre et novembre derniers que le bond est notable : 2 015 micro-entreprises ont été ainsi portées sur les fonts baptismaux. C’est presque 10 % de plus constatés que sur les mêmes mois en 2021. Alors que durant la crise sanitaire, notamment à son pic lors des confinements, la création d’entreprise avait été fortement soutenue par l’éclosion de nouveaux services de livraison à domicile pour accompagner l’essor de l’e-commerce. Au fil des mois, cette vague a semblé retomber. Le secteur des transports et de l’entreposage suit une identique courbe descendante. Ont actuellement le vent favorable dans les voiles, le conseil pour les affaires et de gestion, les services aux ménages et à la personne, les activités protéiformes liées à l’information et à la communication. La courbe exponentielle de la création d’entreprise, encore plus celle de la micro-entreprise, tient en l’un des effets les plus marquants de la crise pandémique, sur un point de vue psychologique pour de nombreuses personnes : un effet désinhibition des ambitions révélé et concrétisé, avec un relatif désenchantement pour le salariat.

De nouvelles aspirations...

«Quête de sens» : cette expression revient dans la plupart des études d’opinion quant à la perception du travail, bousculé par la Covid-19. Les jeunes, notamment, préfèrent donner la priorité au bien-être, à l’épanouissement personnel. Invariablement, cela passe par davantage d’autonomie, une manière différente de travailler (multi lieux, télétravail, horaires souples). Le Graal pour beaucoup : concilier vie professionnelle et vie privée, en donnant la priorité à la dernière. Sacré challenge pour les employeurs qui doivent trouver une quadrature du cercle peu aisée. Si le mouvement traduit, on ne peut le nier, un changement des mentalités et un déplacement des plaques tectoniques sociétales, quel est en revanche, l’impact sur l’économie ? Le dynamisme actuel de la création d’entreprise est-il un vecteur fort de croissance ? Les données observées montrent qu’une bonne partie des structures nouvellement créées - essentiellement la micro-entreprise - n’apporte qu’un appoint de salaire, et qu’un grand nombre n’est pas considérée comme active économiquement, on peut s’interroger. Si la France est le seul pays d’Europe a connaître une telle flambée entrepreneuriale, que seront devenues ces créations dans un, deux, trois ans ? En somme, derrière le million d’entreprises créées en France en 2022, combien seront pérennes à moyen ou long terme ? Car si le désir de voler de ses propres ailes est bien sûr légitime, l’indépendance a son revers. Une idée, fusse-t-elle particulièrement utile et innovante, ne procure pas toujours des revenus suffisants pour vivre…