L’avenir espéré du textile exposé à Bercy
Si oripeaux divers et canapés design se sont exposés à Bercy jusqu’au 24 janvier dans le hall du ministère de l’Économie, c’est que l’enjeu industriel du secteur textile, aujourd’hui en crise, pèse lourd. Petit tour d’horizon des possibilités ouvertes par les textiles innovants et des usages émergents.
L’araignée de Madagascar produit une soie cinq fois plus résistante que l’acier et deux fois plus extensible que le nylon. Seul souci – de taille – : sa production s’avère difficile à industrialiser… Les fibres utilisées dans l’industrie textile présentent des origines et des caractéristiques très diverses. Et l’usage qu’on peut en faire est également parfois inattendu. C’est ce qu’a montré l’exposition «Futurotextiles», présentée jusqu’au 24 janvier dans les locaux du ministère de l’Économie et des Finances, à Paris. L’exposition a commencé à circuler à travers le monde en 2006, à l’initiative de Lille 3000, qui associe sciences, techniques, design, mode et art autour de textiles innovants. Des domaines d’application surprenants sont concernés, comme l’architecture, le transport ou le médical. Au chapitre des fibres, l’araignée n’est pas la seule représentante du monde animal à proposer une ressource. Le crabe sert à réaliser des chaussettes : la fibre crabyon, fabriquée à base de carapace du crustacé, produit un textile très doux, aux caractéristiques antibactériennes et qui permettent la respiration. Les végétaux ne sont pas en reste. Dans certains cas, l’industrie s’en sert pour remplacer d’autres fibres moins écologiques.
Textiles à toutes les sauces
Aujourd’hui, tous les secteurs sont concernés par les nouveaux usages du textile, à commencer par la construction et le bâtiment, montrent les exemples présentés à Bercy. Exemple, la toiture du Centre Pompidou à Metz. Cet hexagone de 90 mètres de large est recouvert d’une membrane à base de fibres de verre et de téflon, destinée à assurer l’étanchéité et un environnement tempéré. Car les «géotextiles» sont intégrés dans les constructions pour servir de barrières thermiques, phoniques et de filtration de l’air. Ils peuvent être utilisés comme couche de protection ou de consolidation. Par exemple, ils peuvent constituer une couche intermédiaire entre la chaussée et le revêtement, afin de retarder la formation de fissures et pour servir de barrière contre l’humidité. Autre exemple, une moquette 100 % polyester, dont 40 % recyclés, optimise la réduction des bruits de dix décibels par rapport à la valeur standard. Ou encore, un écran élastique, qui résiste aux rayons du soleil, permet de filtrer la lumière dans une pièce, mais aussi dans les serres et les bassins d’ostréiculture. Il s’agit ici d’une fibre élastomère couverte avec un fil résistant au feu.
Un rebond économique par l’innovation ?
«Le textile n’est pas mort, il est naissant et renaissant !», a déclaré le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, lors du vernissage de l’exposition. Depuis 1985, sous l’effet de la concurrence des pays en développement, l’industrie du textile en France a perdu 40 % de ses effectifs, un taux très largement supérieur à celui de l’ensemble de l’industrie, d’après l’étude du ministère de l’Économie, «Industrie française textile, édition 2000». Aujourd’hui, le secteur fait l’objet du plan «Textiles techniques et intelligents», l’un des 34 plans industriels lancés par le gouvernement, en septembre dernier. Il s’agit de favoriser le développement des fibres biosourcées, les fibres instrumentées et les nouveaux modes de production et d’assemblage. Il s’agit d’encourager les PME historiques à se tourner vers des applications nouvelles, en utilisant des fibres capables de capter l’énergie solaire ou de donner des informations corporelles… D’après l’Observatoire des textiles techniques, les textiles dits techniques représentent actuellement 5,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans l’Hexagone, en croissance de 6 %, dans un marché mondial qui connaît un essor important.