Agence de l'Eau Rhin-Meuse

La signature du SDAGE porte les fruits d'une ambition environnementale majeure

La commune de Rozérieulles, dans le périmètre de l’Eurométropole de Metz, a été le théâtre de la signature du Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux. Le SDAGE porte des ambitions déclinées à l’échelle de huit départements. La Moselle en est un rouage important. Retour sur les tenants et les aboutissants d’une démarche à haute teneur environnementale qui nous mènera jusqu’en 2027… et au-delà. Les enjeux environnementaux actuels et à venir sont vitaux et demandent une mobilisation synergique sur les territoires.

Claude Gaillard, président du Comité de bassin, et Josiane Chevallier, préfète de Région et préfète coordinatrice de bassin, signant l'arrêté d'approbation du plan de gestion des eaux du bassin Rhin-Meuse 2022-2027. © AERM/ N. Leblanc.
Claude Gaillard, président du Comité de bassin, et Josiane Chevallier, préfète de Région et préfète coordinatrice de bassin, signant l'arrêté d'approbation du plan de gestion des eaux du bassin Rhin-Meuse 2022-2027. © AERM/ N. Leblanc.

L’événement s’est déroulée ces dernières heures au siège de l’Agence de l’Eau à Rozérieulles. Le plan de gestion des eaux du bassin Rhin-Meuse 2022-2027 a été adopté à l’unanimité par le Comité de bassin, après la signature de l’arrêté d’approbation par Josiane Chevallier, préfète de Région et préfète coordinatrice de bassin, et Claude Gaillard, président du Comité de bassin. Il aura fallu plusieurs mois d'intense et constructive concertation des habitants, des assemblées et parties prenantes - collectivités locales, industriels, entreprises, agriculteurs…- visant à mettre en lumière les défis à relever pour atteindre le bon état des eaux, adapter les territoires au changements climatique et enrayer la disparition de la biodiversité.

Un vote à l'unanimité. © AERM/ N. Leblanc.

Une lutte contre le dérèglement climatique sur différents axes 

Un plan d’action chiffré à hauteur de 1,6 Mds€, concernant le périmètre de huit départements : Ardennes, Haute-Marne, Meuse, Meurthe-et-Moselle, Moselle, Bas-Rhin, Haut-Rhin et Vosges. L’ambition et le consensus portent sur des enjeux environnementaux primordiaux. Autour de six thématiques fortes : la santé, la pollution, la nature, la rareté, l’aménagement du territoire et la gouvernance. Marc Hoeltzel, directeur général à l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse rappelle : «Ce schéma s’inscrit dans une logique de directive européenne.» Avec ce projet collectif, l’Union veut parvenir à des résultats concrets quant à cette lutte contre le dérèglement climatique, dont les effets sont visibles sous nos yeux chaque jour. On ne saurait les minorer, voire les nier. En somme, agir dès maintenant pour les générations futures. Dans cette optique, la citation africaine reprise par Antoine de Saint-Exupéry n’a jamais été autant d’actualité : «Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants». Marc Hoeltzel résume bien le cœur de la problématique : «la rareté de l’eau et sa préservation.»

L'eau, ce bien précieux qui n'est pas inépuisable. 

Des engagements concrets et évalués 

Au centre des préoccupations de cette stratégie, le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux concrétise une synergie collective déterminante pour les six ans à venir. Face au dérèglement climatique, le SDAGE vient actualiser les objectifs et les actions prioritaires à mettre en œuvre afin de préserver la ressource en eau à horizon 2027, tant qualitativement que quantitativement. Les enjeux sont vitaux car les territoires du bassin Rhin-Meuse doivent s’adapter rapidement. Après avoir débattu, le Comité de bassin a voté le SDAGE 2022-2027, ses annexes et ses documents d'accompagnement : un vote à l’unanimité et favorable aux propositions de modifications du document pour tenir compte des avis exprimés lors de la consultation. Le Comité de bassin a également émis un avis favorable sur le projet de programme de mesures associé. Avec ce vote, les membres du Comité de bassin Rhin-Meuse entérinent plusieurs ambitions environnementales à échéance 2027 : un bon état écologique pour au moins 52 % des masses d’eau (tout ou partie d’un cours d’eau) soit plus de 20 points que la situation actuelle. Sur la base des projections, ce taux serait de 70 % au-delà de 2039 ; un bon état chimique des eaux de surface porté à 67 % et 69 % pour les eaux souterraines ; un bon état quantitatif des eaux souterraines en 2027 ; la réduction/suppression des substances dangereuses avec des exigences de résultats très fortes pour les plus gros contributeurs. Les orientations fondamentales ont été actualisées en tenant compte de deux marqueurs forts : le changement climatique et la gestion quantitative. 

Protéger les ressources en eau utilisées pour l’eau potable

En effet la multiplication des alertes liées au changement climatique sont aujourd’hui visibles sur le bassin Rhin-Meuse. Par exemple, en septembre 2019, les débits les plus bas jamais observés pour la Moselle à Uckange illustrent très nettement l’impact du phénomène sur les disponibilités quantitatives des ressources en eau, et ce, même si une baisse des prélèvements est constatée. Sur l’’espace mosellan, on pense aussi à la centrale de Cattenom. Les conséquences en découlant sont multiples : moindre dilution, fragilisation du fonctionnement des cours d’eau, remise en cause d’activités consommatrices d’eau. Ainsi, le document de planification appelle les collectivités à protéger les ressources en eau utilisées pour l’eau potable au-delà des simples zones de protection réglementaire, encourage le développement des filières à bas niveau d’impact, vise une activité de méthanisation compatible avec la préservation de la ressource en eau, promeut la réutilisation des eaux non conventionnelles… Plus d’une centaine de dispositions jalonnent le document pour garantir l’avenir de l’eau. Elles seront ensuite déclinées concrètement dans des plans d’action territoriaux abondés par des investissements adéquats.

Préserver nos cours d'eau.

Quelle planète demain ?

Claude Gaillard fait cette analyse, pertinente et signe d’avenir : «Sur un sujet majeur, les acteurs impliqués du SDAGE ont su débattre dans le respect des avis de chacun. Et à l’issue de nos travaux, une parole commune s’est dégagée. Elle est une prise de conscience co-construite sur cet enjeu écologique majeur. Ici, les élus des territoires, de tous les territoires, sont des messagers vers les habitants. Tout cela nous appelle à la plus grande responsabilité. Nous devons transmettre un monde viable aux générations qui vont nous succéder.» On le sait, les écoliers de 2022 sont déjà les citoyens de la terre sur laquelle ils devront veiller. Le président du Comité de bassin conclut : «dans nos villes, nos villages, c’est une révolution qui est en marche. La lutte contre le changement climatique va se décliner dans toutes les strates de nos vies quotidiennes. N’oublions pas, pour l’eau, qu’une grande majorité de la planète, n’a pas cette chance d’en disposer comme nous l’avons nous. Il faut donc penser et agir différemment, pour préserver nos ressources naturelles. J'ai confiance en la jeunesse pour cela.» Effectivement, il n’y a rien d’optionnel à tout cela. L'avenir de la Terre nous oblige. La signature du plan de gestion des eaux du bassin Rhin-Meuse 2022-2027 est un formidable et fédérateur défi : esquisser notre planète à l’horizon de plusieurs décennies. En définitive, être visionnaire et ne plus agir sur le très court terme. En amont, le projet de plan de gestion avait fait l’objet, avant son approbation, d’une consultation du public, des assemblées/parties prenantes – dont des partenaires internationaux -. Au terme de cette consultation de 4 à 6 mois, 1 176 contributions du public et 144 avis des assemblées et parties prenantes ont été reçus, analysés en vue de la finalisation des documents de planification. L’adage «les petites ruisseaux font les grandes rivières» est ici approprié.

«Il s’agit d’un vote d’importance à la suite d’un travail de plus de 2 ans. L’état d’esprit a toujours été positif et au service de l’intérêt général. Les mesures prises et les engagements financiers, 1,6 milliard d’euros, portent une ambition collective qu’il nous faut désormais partager le plus largement pour être au rendez-vous des objectifs», explique Claude Gaillard, président du Comité de bassin.