Entreprises

La reconversion professionnelle, vecteur essentiel de la reprise d’entreprise

Le Groupe Michel Simond, premier réseau national de conseil en cession et reprise de commerces et d’entreprises, implanté sur le périmètre Nancy-Metz, livre une instructive note de conjoncture, entre le bilan 2021 et les prospectives 2022. À la loupe locale, la cession/reprise d’entreprise en Moselle représente un marché de quelque 8 000 entités disponibles chaque année. Zoom sur cet aspect départemental dans le contexte national.

Transmettre son entreprise : un acte tout sauf anodin pour nombre de chefs d'entreprise.
Transmettre son entreprise : un acte tout sauf anodin pour nombre de chefs d'entreprise.

En Moselle, un tiers des chefs d’entreprise sont âgées de 50 ans ou plus. À l’image de leurs salariés, ils cessent en général leur activité à partir de 60 ans. On le comprend, la transmission est ici un challenge d’importance pour maintenir le tissu productif, les savoir-faire et le lien social dans nos villes et villages représenté par le commerce de proximité. Le Groupe Michel Simond fait cette analyse de la reprise hexagonale : «En 2021, les candidats à la reprise d’entreprise se font toujours plus nombreux, et porteurs de projets plus solides et mieux financés. Plus mobiles, ces candidats à l’acquisition se montrent également plus prudents dans leurs projets. Il s’agit, de plus en plus, de personnes physiques, en reconversion, prêtes à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, notamment en région.»

Une situation contrastée

L’an passé, le nombre de transactions d’entreprises a diminué de 5 % par rapport à 2020 en France. Le prolongement de la période chaotique liée à la pandémie, qui a entraîné un gel de nombreuses transactions avec un recul de 25 % en 2020, n’a toujours pas été propice à une reprise d’activité en 2021. De nombreuses cessions ont été repoussées : certains acquéreurs souhaitant attendre des jours meilleurs, d’autres ayant subi des retards administratifs ou des délais de décision plus longs de la part des banques. Malgré ce contexte, le Groupe Michel Simond a enregistré de son côté une croissance de son activité avec une augmentation de + 17 % du nombre de cessions accompagnées en 2021. «Dans ce contexte encore morose, l’année 2021 a été très positive pour le Groupe. Notre croissance a été tirée par plusieurs facteurs : des acquéreurs qui ont progressivement repris confiance et anticipé le rebond de l’économie, une forte envie de reconversion post pandémie, et des zones touristiques (où nous sommes très implantés) qui ont enregistré un très fort regain d’attractivité avec une augmentation de 32 % de cessions réalisées sur ces zones en 2021 vs 2020», explique Vivien Boualem, directeur Réseau du Groupe Michel Simond.

Un niveau supérieur à 2019 cette année

Côté valeur, le prix médian de cession des PME est passé de 220 000 € en moyenne en 2020 à 240 000 € en décembre 2021. La crise a eu un impact différent sur la valeur des entreprises selon le secteur d’activité. Ainsi, les activités de plomberie chauffage, distribution alimentaire, boulangeries, tabac, boucheries… et plus généralement les commerces de proximité ont vu leur valeur progresser. Alors que les secteurs soumis à la clientèle étrangère comme l’hôtellerie, la culture, l'événementiel, mais également le prêt-à-porter et les commerces de centres commerciaux ont vu leur valeur diminuer. En 2022, le Groupe Michel Simond estime que la valorisation moyenne des commerces et entreprises ne devrait pas baisser par rapport à 2021 et rester à un niveau supérieur à 2019. Dans ce contexte encore fragile, le Groupe constate que les banques ont rallongé leurs délais de décision avant d’accorder des crédits aux acquéreurs.

L'exigence accrue des banques

Elles se montrent plus exigeantes, notamment au niveau des apports demandés (40 % au lieu de 30 % l’an dernier). Elles sont également plus favorables aux dossiers réunissant plusieurs investisseurs, pour limiter leurs prises de risques. Les modalités de cession évoluent également avec des clauses d’earn out ou des crédits vendeur de plus en plus fréquents. Ces cessions «progressives» permettent en effet de rassurer l’investisseur, notamment lorsqu’une partie du prix de la transaction reste conditionnée aux résultats de l’entreprise après sa transmission. En 2021, le nombre de candidats à la reprise a fortement augmenté : le Groupe Michel Simond a ainsi enregistré une augmentation de 11% des demandes par rapport à 2020. Pour l’essentiel, il s’agit de personnes physiques, notamment des cadres en reconversion qui anticipent les plans sociaux de leurs employeurs ou qui cherchent à changer de vie professionnelle.

Un enjeu socio-économique majeur

Porteurs de solides compétences, ces nouveaux candidats à l’acquisition disposent également d’apports légèrement plus conséquents : 255 K€ en moyenne pour les cessions de commerces et 560 K€ en moyenne pour les autres cessions. Ces acquéreurs sont plutôt mobiles avec plus d’un sur deux qui recherche dans un département différent du leur. Face à ces acquéreurs toujours plus nombreux, le nombre de cédants reste stable par rapport à 2020 (+ 1 % seulement). Cette rareté de l’offre par rapport à une demande en progression devrait permettre aux entreprises cédées de se maintenir à un niveau de prix satisfaisant. En Moselle, l’âge moyen d’un repreneur est de 46 ans. Son tiercé de motivations pour franchir le Rubicon : le potentiel de croissance de l’entreprise, sa rentabilité financière et sa valeur financière. 54 % des TPE à céder trouvent un repreneur, contre 28 % pour les PME. En France, 185 000 sont appelées à être cédées chaque année : moins de 10 000 transactions annuelles sont conclues. Un dernier chiffre : pas loin de 800 000 emplois salariés sont directement concernés par le marché hexagonal de la cession/reprise.

«Dans un marché où la demande est toujours largement supérieure à l’offre, le volume des transactions devrait progresser en 2022. Une augmentation portée par les commerces dits «essentiels» et les entreprises ayant résisté ou tiré profits de la Covid-19, mais aussi par les acteurs du tourisme, en particulier du secteur de l’hôtellerie, rassurés par une situation sanitaire favorable en ce début d’année. Cette demande en forte augmentation est composée de professionnels établis, d’entreprises en croissance externe, mais aussi par de nombreuses personnes ou couples en reconversion. Ces nouveaux acteurs, de plus en plus présents sur le marché, sont en recherche d’un nouveau mode de vie», explique Vivien Boualem, directeur Réseau du Groupe Michel Simond.