Territoires

La mobilité transfrontalière, vecteur de synergie collective pour le nord mosellan

En avril dernier, la 7e réunion de la Commission intergouvernementale franco-luxembourgeoise s’était réunie à Thionville. Parmi les nombreux points abordés figurait le dossier clé de la mobilité. Avec la réactivation de celui relatif à la ligne ferroviaire Sarrebruck-Luxembourg, par Thionville et Bouzonville. Un élément crucial quand on sait que 120 000 travailleurs frontaliers traversent chaque jour la frontière luxembourgeoise et plus de la moitié habite sur le territoire nord mosellan. Cette coopération franco-luxembourgeoise dégage des prospectrices en découlant.

Les infrastructures ferroviaires dans l'espace transfrontalier : un enjeu majeur.
Les infrastructures ferroviaires dans l'espace transfrontalier : un enjeu majeur.

Créée en 2010, la Commission Intergouvernementale franco-luxembourgeoise (CIG) a pour ambition cardinale de développer la coordination des politiques publiques et de favoriser la mise en œuvre d’initiatives synergiques. Le sommet diplomatique qui s’est déroulé en avril dernier à Thionville, à l’invitation du Pôle Métropolitain Frontalier - présidé par Pierre Cuny, maire de Thionville et président de la communauté Portes de France-Thionville -, a permis d’aborder de nombreuses problématiques, tels que le télétravail, la sécurité, la petite enfance, la mobilité… Il était co-présidé par Laurence Boone, secrétaire d’État chargée de l’Europe, et de son homologue luxembourgeoise, Corinne Cahen. Au cœur des préoccupations de part et d’autre de la frontière, la mobilité a fait l’objet d’échanges constructifs. Travailler en bonne intelligence collective : assurément le meilleur chemin pour faire avancer les territoires.

Investissement de 440 M€

Deux volets étaient à l’ordre du jour. D’une part, les transports collectifs et durables. Le protocole d’accord relatif au renforcement de la coopération en matière de transports frontaliers, signé le 20 mars 2018, prévoit le financement à parité entre les parties françaises et le Luxembourg de 240 M€, dont 220 M€ consacrés au mode ferroviaire et 20 M€ destinés à la politique de covoiturage et des services routiers de transport en commun. À cela s’ajoute un avenant au protocole signé en 2021, qui porte l’investissement à 440 M€. Concernant le volet ferroviaire, les travaux menés dans les infrastructures de train entre Metz et Thionville et financés à parité par les deux pays permettront de passer de 8 000 à 14 000 places assises par jour et par sens en heure de pointe d’ici 2024 et à 22 000 places assises à l’horizon 2028-2030. Les deux parties sont convenues de lancer une étude globale de mobilité transfrontalière entre le Luxembourg et le bassin d’emploi transfrontalier en France, situé plus particulièrement dans le Nord Lorrain et qui s’étend progressivement du Sud de Thionville jusqu’à Metz.

Désengorger les routes

C’est dans ce contexte que le département de la Moselle et son président Patrick Weiten ont relancé le dossier concernant la ligne ferroviaire Sarrebruck-Luxembourg, via Thionville et Bouzonville. Aujourd’hui, pour relier Sarrebruck à Luxembourg en train, il n’y a pas d’autre choix que de passer par Metz ou Trèves. Côté Allemand, le Land Sarrois veut réactiver la ligne Bouzonville - Dillingen. Patrick Weiten y voit également l’opportunité de relancer la ligne voyageurs de la vallée de la Nied. Cette solution permettrait de désengorger les routes qui mènent au Luxembourg, et notamment les voies secondaires qui ne sont pas calibrées pour de tels déplacements pendulaires. De la même manière, cela éviterait la surpopulation dans les parkings autour de la gare de Thionville. Les agglomérations Portes de France-Thionville et du Val de Fensch, ainsi que la communauté de communes de l’Arc Mosellan, appuient ce dossier, également étayé par une étude d’opportunité diligentée par le département. Ce dernier étant prêt à accompagner le projet financièrement. D’autant plus que cette ligne ferroviaire existe déjà, puisqu’elle est utilisée pour le fret. Elle pourrait accueillir près de 5 000 voyageurs par jour. La dimension environnementale du projet est essentielle : il permettrait d’économiser près de 68 tonnes d’émissions de CO2 par jour. Un dossier crucial à suivre...