Conjoncture

La défaillance d’entreprise dans un no man’s land en Moselle

Le nombre de défaillances d’entreprises en Moselle demeure à niveau faible. Toutes les données en ce début d’année sont à prendre avec les précautions d'usage. Car, il faut être lucide. Ce nombre ne restera pas à ces bas niveaux artificiels…

Dans quelques mois, les chiffres de la défaillance d'entreprise devraient retrouver leur niveau d'avant la crise sanitaire. Pas plus, pas moins.
Dans quelques mois, les chiffres de la défaillance d'entreprise devraient retrouver leur niveau d'avant la crise sanitaire. Pas plus, pas moins.

En 2021, le nombre de défaillances a continué à décroître en Moselle, 331 contre 392 en 2020. Soit le plus bas niveau de procédures collectives enregistré depuis près de 40 ans. Quant à ces évolutions par rapport à la crise de la Covid-19, elles sont forcément à interpréter avec prudence, puisque durant deux ans, le nombre de défaillances a été particulièrement faible du fait du ralentissement de l’activité des tribunaux de commerce, des mesures qui ont temporairement modifié les dates de caractérisation et de déclaration de l’état de cessation des paiements, et, par la suite, des mesures de soutien en trésorerie permettant d’éviter cet état de cessation des paiements.

Un bouclier économique

Au plus fort de la crise pandémique, beaucoup d’entreprises sont parvenues à réduire leurs coûts et à améliorer leur trésorerie, en grande partie grâce aux mesures prises par le gouvernement. Avec la prolongation de la crise, un climat d’incertitude s’est peu à peu installé. L’augmentation du coût des matières premières, de l’énergie, le conflit en Ukraine font peser des incertitudes sur la capacité du système économique mondial à absorber à la fois l’inflation, les tensions géopolitiques et les sanctions économiques décidées ces derniers mois. Vient s’ajouter, en France, un contexte politique particulièrement tendu, suite aux récentes élections législatives, à l’issue desquelles, le président de la République, réélu en avril dernier, n’a pas obtenu de majorité absolue à l'Assemblée nationale. Quid de son initial programme économique dans les mois à venir ? De toutes les manières, les experts et observateurs s’accordent à dire que le niveau actuel des défaillances ne peut refléter le fonctionnement normal d’une économie en sortie de crise et qu’une hausse des défaillances est à prévoir cette année.

Pas de tsunami, un retour à la réalité sûrement...

Pour l’heure, les statistiques de la fin de printemps présentent encore un ciel dégagé en Moselle. À la fin du premier trimestre, le nombre de défaillances a été de 120. C’est sensiblement identique au chiffre sur la même période en 2021 (117) et 2020 (127). Bien sûr, pour les raisons précitées, inférieur à 2019 (221). Les premiers mois de 2022 voient une inflexion avec une augmentation des dossiers en prévention et conciliation. Peut-être un signe de normalisation du nombre de défaillances. Sur le plan national, la Banque de France a enregistré fin mai un nombre de défaillances cumulé sur un an (entre juin 2021 et mai 2022) de 32 109. Les prévisions évoquent quelque 40 000 défaillances cette année et un retour aux alentours de 50 000 défaillances à partir de 2023. Soit, pour beaucoup, un retour brutal à la réalité. Mais, dans les faits, rien d’un tsunami. Un retour à la situation d’avant la crise : 51 059 défaillances en 2019, 53 864 en 2018 et 54 470 en 2017. Loin des quelque 60 000 entreprises défaillantes observées annuellement sur la période 2010-2015. Transposée à la Moselle, cette vision devrait ramener des chiffres de défaillances dans le département dans une fourchette oscillant de 600 à 700. Là encore, loin, bien loin, du presque millier de défaillances annuelles du milieu des années 2010.