Saint-Avold Synergie

La bioéconomie s’installe en terre naborienne : l’innovation au service de la planète

Le projet est d’envergure et campe, tout autant les ambitions d’un territoire que les fondations d’un pari sur l’avenir. IAR, le Pôle de la bioéconomie, œuvre pour l’implantation en France d’usines innovantes et porteuses d’un modèle reposant sur un socle : la sauvegarde de l’environnement. IAR vient de concrétiser trois projets, dont un sur le périmètre de la Communauté d’agglomération de Saint-Avold Synergie. Il devrait être opérationnel en 2022. Présentation.

Économie des ressources et circulaire, valorisation de la biomasse, usine propre : le process du projet naborien.
Économie des ressources et circulaire, valorisation de la biomasse, usine propre : le process du projet naborien.

En préambule, parlons de la bioéconomie. Elle groupe l’ensemble des activités de production et de transformation de la biomasse, qu’elle soit d’origine agricole, forestière ou aquacole, à des fins de production alimentaire (humaine ou animale), de chimie biosourcée, de matériaux biosourcés ou d’énergie. En somme, l’activité humaine avec une utilisation durable des ressources naturelles, une action luttant contre le réchauffement climatique, des opportunités d’embauches, un renforcement de la compétitivité et une redynamisation des zones rurales. La potentialité de la bioéconomie : près de deux millions d’emplois et plus de 300 milliards d’euros de chiffre d’affaires. IAR, le Pôle de la bioéconomie en France, accompagne les projets industriels innovants et à forte valeur ajoutée. L’un d’entre eux trouve ancrage en Moselle, précisément sur la plateforme Chemesis à Carling - Saint-Avold.

AFYREN porte une ambition et une éthique

L’entreprise AFYREN en est initiatrice, remplissant là sa mission première : répondre au besoin croissant des industriels de réduire l’utilisation des dérivés pétroliers dans leur chaîne de production en produisant des biomolécules issues de la revalorisation de biomasse non alimentaire, avec un très faible impact carbone. Ces biomolécules sont utilisées dans les secteurs de la nutrition humaine et l’alimentation animale, la cosmétique, les parfums, les produits pharmaceutiques et la chimie fine. Cette production, qui s’inscrit dans une économie circulaire, est réalisée grâce à des technologies fermentaires qui «imitent la nature», en utilisant des micro-organismes naturels. Ces technologies, sont brevetées au niveau mondial. Fondée en 2012 et dirigée par Nicolas Sordet et Jérémy Pessiot, AFYREN réunit 23 collaborateurs sur ses sites de Lyon et Clermont-Ferrand. La société a été sélectionnée dans le FT120 (les 120 start-up françaises les plus prometteuses) en janvier 2020 et a reçu le label «Efficient Solution» de la fondation Solar Impulse en novembre 2019.

Relocaliser l'industrie française

La société concrétise aujourd’hui son projet industriel. Sa première usine, AFYREN NEOXY, une bioraffinerie zéro déchet et bas carbone unique en son genre, entame sa construction au sein de la plateforme industrielle Chemesis située à Carling - Saint-Avold. Son objectif : produire dès 2022 la famille des 7 acides organiques 100 % biosourcés d’AFYREN. La capacité de production sera de 16 000 tonnes. Pour ce faire, un financement de plus de 80 millions d’euros a été réuni, provenant de soutiens publics et privés : le fonds SPI de Bpifrance, souscrit par le Programme Investissement d’Avenir (PIA) et la Banque Européenne d’Investissement, la Communauté européenne à travers le programme BBI-JU et le Feder, la région Grand Est, la Communauté d’agglomération de Saint-Avold Synergie. AFYREN NEOXY, présidée par Jean Saint-Donat, est le fruit d’une joint-venture industrielle entre AFYREN et le fonds SPI de Bpifrance (49% du capital). AFYREN a également pu compter sur Total, qui a soutenu techniquement et financièrement le projet. Enfin, elle a été accompagnée par ses banques partenaires, à savoir BNP Paribas, Crédit Agricole et Banque Populaire. Avec cette première usine, zéro déchet et bas carbone, c'est ici une ambition forte à relocaliser l’industrie française et à réduire significativement les émissions de CO2.

Innover pour préserver la planète

Dans leur présentation, Nicolas Sordet, président d’AFYREN Jean Saint-Donat, président d’AFYREN NEOXY argumentent : «Notre planète a besoin que nous sortions de nos habitudes, modes de vie et de pensées et que nous innovions pour la préserver. Mais elle a surtout besoin que nous menions ces projets à bien et qu’il en sorte des changements concrets. En ce sens, la construction de l’usine d’AFYREN NEOXY, est à la fois l’aboutissement de huit années de travail acharné et le premier pas vers la concrétisation du projet que nous menons depuis toutes ces années et pour lequel toute notre équipe est engagée. AFYREN NEOXY est une belle illustration de la mutation d’une industrie qui se doit de trouver des solutions pour diminuer son empreinte environnementale. Notre première usine est à la fois zéro déchet et bas carbone. Aujourd’hui un nouveau chapitre s’ouvre dans le développement d’AFYREN, la première pierre d’une aventure industrielle que nous souhaitons mondiale et durable. Une nouvelle étape qui a été rendue possible grâce à notre partenariat avec BPI et son fonds SPI et aux nombreux soutiens que nous avons reçus de nos investisseurs et partenaires, dont la région Grand Est, Total et l’Union Européenne.»

L'enjeu majeur d'une industrie verte

Les deux hommes reviennent sur le positionnement stratégique du projet mosellan : «Si notre choix d’emplacement s’est porté sur ce site de Carling - Saint-Avold, c’est à la fois pour son emplacement proche de la matière première que notre usine utilisera, proche de nos clients en France et en Europe, et pour la forte capacité d’accueil des acteurs de la plateforme Chemesis et des partenaires publics. Nous sommes convaincus que l’innovation alliée à une nouvelle façon de penser et voir le monde et l’industrie, peuvent aboutir à une évolution profonde du marché, pour réduire l’impact environnemental de nos sociétés. Nous sommes en train de démontrer que le respect de notre environnement et de notre planète peut être compatible avec l’industrie et nos modes de vie et de consommation… et représenter un modèle viable économiquement. Les biomolécules que va bientôt produire cette usine unique en son genre, vont permettre de réduire considérablement les émissions de CO2 liées aux secteurs de la nutrition humaine, de l’alimentation animale, de la cosmétique, des parfums, des produits pharmaceutiques et de la chimie industrielle. C’est le début d’une belle aventure française, européenne et internationale, sur un marché mondial de grande envergure, et une fierté pour notre équipe de concrétiser notre impact sur l’environnement.»

Aujourd’hui, ce projet industriel naborien devient très concret avec le lancement de la construction de l’usine. La fin des travaux est prévue pour cette fin 2021. La mise en service de l’usine devrait intervenir début 2022. L’unité industrielle à venir marie en définitive plusieurs items, comme autant de challenges engageant un futur proche : économiques, sociaux, environnementaux. Le tout en alliant l’ancrage territorial et le développement international.


Un projet à visée internationale

Le projet industriel s’implantant à Saint-Avold est illustré par le soutien de l’Union européenne et la subvention de 20 millions d’euros via la plateforme de partenariat Public Privé «European Joint Undertaking Bio-based Industry» (BBI-JU) autour du projet AFTER-BIOCHEM 1 (Anaerobic Fermentation & EsteRification of BIOmass for producing fine CHEMicals). Pour ce projet innovant, qui vise à développer une filière durable et européenne, bas carbone et circulaire, AFYREN a réussi à rassembler douze acteurs clés de la bioéconomie, entreprises françaises, allemandes, belges et néerlandaises. AFTER-BIOCHEM va permettre à AFYREN de valider un modèle de bioraffinerie innovant, durable et réplicable pour contribuer au développement d’une filière bioéconomie forte en Europe. À la clé du projet mosellan : 60 emplois directs et quelque 200 indirects.