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L’Urssaf Lorraine et la MSA Lorraine décryptent la santé économique de la Moselle

En 2022, la Moselle a perdu 360 emplois. C’est l’une des statistiques présentées par l’Urssaf Lorraine et la MSA Lorraine, à Metz, quant à la situation économique lorraine. Comment notre département se situe-t-il quant à ses voisins ? Quelle est la météo des déclaration préalables à l’embauche depuis ce début d’année ? En Moselle, comme ailleurs, on note un ralentissement. Analyse et synthèse.

Urssaf Lorraine et MSA Lorraine ont livré des données très instructives sur les derniers mois économiques locaux.
Urssaf Lorraine et MSA Lorraine ont livré des données très instructives sur les derniers mois économiques locaux.

Un véritable miroir chiffré de l’économie lorraine, resituée dans le contexte hexagonal et du Grand Est, département par département. Au demeurant, beaucoup d’indicateurs précieux pour mesurer posément et avec recul, sans excès d’enthousiasme, ni de pessimisme. À Metz, Christophe Franceschi, directeur régional de l’Urssaf Lorraine, Gilles Chandumont, directeur général de la MSA Lorraine, Jean-Marie Rolin, responsable du département entreprises à la MSA Lorraine, et Laurence Oudot, correspondante statistiques à l’Urssaf Lorraine, ont mis en lumière la situation économique de la Lorraine à partir des données sur l’emploi 2022 dont disposent les deux organismes et des déclarations d’embauche enregistrées au 1er trimestre 2023. Un panorama qui permet d’avoir une vision très précise sous l’angle mosellan.

Des effectifs salariés plus importants qu'avant la pandémie

Dans un contexte économique aux incertitudes persistantes, marqué par les tensions géopolitiques issues du conflit ukrainien, les difficultés d’approvisionnement, une inflation jamais vue depuis quarante ans, l’envolée du prix des énergies et des matériaux, la croissance des effectifs salariés du secteur privé mosellan n’est pas à l’arrêt mais ralentit : l’an passé, le département a perdu 360 emplois. Soit un repli de - 0,1 %. Ses voisins, hormis la Meuse (+ 0,6 %), se situent dans même étiage, Meurthe-et-Moselle (- 0,3 %) et Vosges (- 0,2 %). Finalement, la conjoncture mosellane n’est pas éloignée de celle de la Lorraine : la région, en 2022, après avoir montré une certaine résistance en 2020 et juste après le pic pandémique, a perdu 0,2 % salariés, soit 800 emplois détruits. Cette particularité la distingue de la France et de la région Grand Est qui gardent une hausse de leurs effectifs. Comment l’ont rappelé les intervenants de l’Urssaf Lorraine et de la MSA Lorraine : «Le rebond avait été important dans l’immédiat après Covid. Il faudra attendre encore quelques mois pour mesurer si cette baisse constatée se confirme dans la durée.» Ce serait un retournement de tendance, la Lorraine se situant aujourd’hui à un niveau de salariés plus important qu’avant la crise sanitaire. La Moselle comptait fin 2022, 245 480 salariés du secteur privé non agricole : c’est également un nombre plus important que ceux vus avant la pandémie.

Le secteur agricole mosellan garde son dynamisme

En Moselle, le secteur de l’hôtellerie-restauration demeure bien orienté, avec 220 postes créés en 2022 : + 1,2 % par rapport à 2021. Les services - transports, informatique, arts et spectacles, services à la personnes, action sociale, hébergement médico-social - ont généré 2 550 nouveaux postes (+ 2,4 %). Tableau plus mitigé pour d’autres secteurs qui ont détruits des emplois : construction (380, 1,9 %), industrie (330, 0,7 %), commerce (470, 1,1 %). Relativement à ce dernier, on commence à mesurer l’impact des fermetures des grandes enseignes commerciales de l’habillement. Quant à l’intérim mosellan, il a détruit 1 950 postes en 2022, soit 12,8 % en douze mois : le département est au-dessus de la statistique de la Lorraine (- 2 640 postes, soit - 9,5 %). En région, l’intérim n’a pas augmenté ses effectifs pour la première fois depuis 2020. Les effectifs salariés agricoles mosellans se maintiennent eux à un niveau favorable (5 863 salariés, soit + 2,4 % entre 2021 et 2022). C’est un signe positif et une donnée supérieure à celle de la Lorraine (+ 0,8 %), malgré les répercussions du conflit ukrainien et les aléas climatiques. Exploitations agricoles, organisations professionnelles agricoles, coopératives, entreprises de travaux agricoles, du paysage et des jardins, travaux forestiers en Moselle affichent un dynamisme encourageant.

2023 en pointillés

Comment se dessine 2023 ? L’Urssaf Lorraine a enregistré au premier trimestre 51 768 déclarations préalables d’embauches en Moselle, soit une diminution de 6 % par rapport à 2022 (+ 4 % pour la France, - 1 % pour le Grand Est, - 3 % pour la Lorraine, +1 % pour la Meurthe-et-Moselle, +0,3 % pour la Meuse, -8,1 % pour les Vosges). Dans cette analyse très dense de l’Urssaf Lorraine et de la MSA Lorraine, un mot sert de fil rouge : «ralentissement». Avec ce facteur influant et impactant : la pénurie de main-d’œuvre, doublée d’une réelle volatilité des effectifs. Cela n’est plus l’exclusive de quelques secteurs, mais a tendance à faire tache d’huile. Pas simple pour les entreprises de se projeter dans la durée par les temps présents. Pourtant, elles doivent maintenir leur degré d'innovation. C'est un impératif. À cela s’ajoute une difficulté à une difficulté : celle de composer avec la nouvelle génération de travailleurs, ces 20-30 ans, qui font tant débat dans la sphère entrepreneuriale. La grande majorité d’entre eux n’a plus du tout les mêmes aspiration, vision et conception du monde du travail, portée par un certain hédonisme, la recherche de bien-être, avant tout autre considération. Pour les dirigeants et managers, cela tient du casse-tête chinois pour les recruter et les fidéliser ensuite. Cela n'est pas sans effet sur la capacité et la motivation des employeurs à retarder, voire à ajourner leurs projets de recrutements. L'effet se fera sur les chiffres des mois à venir. À plus d'un titre, ils seront intéressants à jauger dans la succession de crises que nous vivons depuis 2020. Résilience : le mot n'a jamais été plus approprié. Cela n'exclut pas de garder l'ambition d'aller de l'avant. Cela, c'est l'ADN du chef d'entreprise. En Moselle, comme ailleurs.