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L’impact du télétravail sur l’immobilier de bureau : la Moselle n'y échappe pas

En décembre, le loyer moyen d’un bureau d’entreprise en Moselle était en léger recul par rapport à l’an passé. Tendance de repli observée sur de nombreux territoires hexagonaux. Les observateurs de ce marché très stratégique abondent dans une analyse synergique : le télétravail - même s’il n’a aucun caractère obligatoire pour l'employeur - a des conséquences sur l’immobilier de bureau.

À Metz, le prix des loyers de bureaux a chuté de - 5,4 % en un an. © DR.
À Metz, le prix des loyers de bureaux a chuté de - 5,4 % en un an. © DR.

126 €. C’est le prix moyen d'un loyer HT-HC du m²/an d’un bureau en Moselle en ce mois de décembre. Une donnée en léger repli de 0,8 % par rapport à décembre 2020. À Metz, ce prix s’affiche à 127 €. Avec une baisse plus prononcée de 5,4 % en douze mois. C’est un fait, le marché de l’immobilier d’entreprise ne passe pas entre les gouttes de cette crise inédite de la Covid-19. Acteurs, spécialistes et observateurs scrutent attentivement l’immobilier commercial local, lequel regroupe deux segments principaux : l’immobilier de commerce et de bureaux. Quant à ce dernier, on manque encore de données précises et de recul dans le contexte pandémique et ses adaptations permanentes. Un paysage évolutif et instable. Même s’il semble évident que beaucoup d’entreprises préfèrent garder une partie de leurs effectifs en télétravail pour réduire la surface de leurs bureaux et donc leurs coûts de fonctionnement.

L'illusion du télétravail...

C’est un fait majeur dans le bilan des entreprises car le prix de l’immobilier a fortement augmenté ces dernières années. Cette part des loyers que paient les entreprises pèse quelque 8 % de leur valeur ajoutée globale, ce qui n'est pas négligeable. Si le recours au télétravail n’est plus autant utilisé que dans les premiers mois de la crise et qu’il n’a, rappelons-le, aucun caractère d’obligation pour un employeur - on se situe ici davantage dans l’incitation, il reste bien supérieur à ce que l’on a pu connaître avant la crise. Beaucoup nous l’ont vendu comme l’alpha et l’oméga du «monde d’après». C'était assurément surfait. Et, malgré les incantations des uns et des autres, il ne sera au mieux qu’un supplétif homéopathique par rapport au travail en présentiel, lequel demeure l'âme d'une entreprise. Sans lire dans le marc de café, il ne devrait pas être la révolution un peu vite avancée, mais, au plus, un mode de fonctionnement, comme d’autres, dans les rouages d’une entreprise.

«Quoi qu'il en coûte», version entreprise

N’empêche, il a conduit un nombre important d’entreprises à investir dans l’achat d’ordinateurs, verser des primes pour que les télétravailleurs puissent être installés confortablement à la maison, avoir de meilleurs bureaux et espaces. Ces investissements auront un impact sur le long terme. Des études se sont structurées ces derniers mois autour du concept de tissu économique télétravaillable. En somme, définir si un métier et un territoire peuvent être applicables au télétravail. Le brainstorming est fécond, comme le nombre de paramètres se référant à cette notion. Cela prend en compte des facteurs humains, de mobilité, technologiques, sociologiques. Les premiers résultats ont révélé que plus les départements sont télétravaillables, plus la chute de la construction de l’immobilier est forte par rapport à l’immobilier de commerce. Corollaire : la baisse de construction et de prix est plus importante. Autre vecteur lié : l’augmentation de vacances, plus forte dans les zones facilement télétravaillables.

Quelles retombées locales ?

L’urbanité messine se situe dans ce cadre. En cette fin d’année, le marché est en train de s’ajuster. Avec ce principe cardinal : si on veut vendre son bien immobilier et que les prix baissent dans la ville où l’on réside, on sera tenté d’attendre. Cette baisse des prix a donc lieu dans les zones facilement télétravaillables. Quant à livrer une prédiction, même à court terme, on s’en gardera, tant la volatilité des choses semble dans l’air du temps. Seulement, beaucoup d’entreprises se financent via leur patrimoine immobilier. Et, si demain, le patrimoine immobilier commercial d’une entreprise diminue, elle aura du mal à se financer. Enfin, la capacité de l’immobilier de bureau à être transformé en immobilier résidentiel est un vecteur majeur. On sait par exemple que les zones où le télétravail peut être développé sont les zones où les prix de l’immobilier résidentiel sont très élevés. D’où l’intérêt d’avoir des mesures incitatives de politiques économiques pour doper cette transformation. Comment tout cela peut-il se décliner à l’échelle mosellane ? 2022 nous apportera son lot de réponses quant au sujet.

Les bureaux en Moselle

Loyer (€ HT-HC/m²/an) :

1er. Paris. . . . . . . . . . . . . . . . . 501

2e. Hauts-de-Seine. . . . . . .  304

3e. Val-de-Marne. . . . . . . . . 192

4e. Seine-Saint-Denis. . . . . 190

5e. Yvelines. . . . . . . . . . . . . . 178

32e. Haut-Rhin. . . . . . . . . . . 131

34e. Bas-Rhin. . . . . . . . . . . . 129

36e. Moselle. . . . . . . . . . . . . 126

39e. Meurthe-et-Moselle. . 123

Les plus fortes baisses de loyer sur un an :

1er. Eure. . . . . . . . . . . . . . . . .  - 14,8 %

2. Oise. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  - 6,9 %

3. Somme. . . . . . . . . . . . . . . . .  - 4,3 %

4. Paris. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  - 4,0 %

5. Haute-Garonne. . . . . . . . . .  - 2,1 %

6e. Meurthe-et-Moselle. . . . .  - 2,0 %

10e Moselle. . . . . . . . . . . . . . .   - 0,8 %