Droit Social
L’entreprise et les salariés
Revue de récentes décisions de la Cour de cassation en matière de droit du travail.

Licenciement économique : PSE
Une
indemnité supra-légale de licenciement n'est pas une mesure
d'accompagnement résultant d'un plan de sauvegarde de l'emploi
(PSE),
mais une somme concourant à l'indemnisation du préjudice causé par
la rupture du contrat de travail. La
créance du salarié fixée à titre d'indemnité supra-légale de
licenciement n'est donc pas opposable à l'AGS (régime
de garantie des salaires).
(Cass
soc. 16 décembre 2020, pourvoi n° 18-15532)
Licenciement :
indemnités chômage
Le
remboursement des indemnités de chômage ne peut
être ordonné en cas de nullité du licenciement. (Cass soc. ,16
décembre 2020, pourvoi n° 19-18029)
Licenciement
économique : critères d’ordre
Toute
contestation portant sur la rupture du contrat de travail ou son
motif se prescrit par 12 mois à compter de l’adhésion
du salarié au contrat de sécurisation professionnelle (CSP). Ce
délai est applicable à la
contestation portant
sur l’inobservation des critères d’ordre des licenciements
économiques, qui est relative à la rupture du contrat de travail.
(Cass soc.,16 décembre 2020, pourvoi no
19-18322)
Rémunération :
heures supplémentaires
En
cas de litige relatif à l'existence ou au nombre d'heures de travail
accomplies, le
salarié doit
présenter, à l'appui de sa demande, des éléments suffisamment
précis quant aux heures non rémunérées qu'il prétend avoir
accomplies, afin de permettre à l'employeur, qui assure le contrôle
des heures de travail effectuées, d'y répondre utilement en
produisant ses propres éléments. Le juge forme sa conviction en
tenant compte de l'ensemble de ces éléments au regard des
dispositions légales et réglementaires. Dans
l'hypothèse où il retient l'existence d'heures supplémentaires, il
évalue souverainement, sans être tenu de préciser le détail de
son calcul, l'importance de celles-ci et fixe les créances
salariales s'y rapportant. (Cass soc.,9 décembre 2020, pourvoi n°
19-16819)
Participation : conditions
L’employeur ne peut, en l’absence de bénéfice net, légalement s’engager à verser une somme au titre d’une participation ou d’un supplément de participation. (Cass soc.,16 décembre 2020, no 19-10634)
Licenciement :
liquidation judiciaire
Le
fait que la cessation d’activité de l’entreprise résulte
de sa liquidation judiciaire ne prive pas le salarié de la
possibilité d’invoquer l’existence d’une faute de l’employeur
à l’origine de la cessation d’activité, de nature à priver le
licenciement de cause réelle et sérieuse. (Cass soc.,16 décembre
2020, pourvoi no
19-11125)
Transaction :
validité
L'existence de concessions réciproques, qui conditionne la validité d'une transaction s’apprécie en fonction des prétentions des parties au moment de la signature de l'acte. Pour déterminer si ces concessions sont réelles, le juge peut restituer aux faits, tels qu'ils ont été énoncés par l'employeur dans la lettre de licenciement, leur véritable qualification. Mais, il ne peut, sans heurter l'autorité de chose jugée attachée à la transaction, trancher le litige que celle-ci avait pour objet de clore, en se livrant à l'examen des éléments de fait et de preuve. Dès lors, pour la Cour de cassation, une cour d'appel ne peut pas déclarer nulle une transaction, en appréciant le caractère dérisoire des concessions de l'employeur, au regard du licenciement dont il ne lui appartenait pas de vérifier le bien fondé. (Cass soc., 6 janvier 2021, pourvoi n° 18-26109)
Rupture
conventionnelle : nullité
La rupture conventionnelle est nulle en raison d'un vice du consentement, lorsque l'employeur a dissimulé au salarié l'existence, à la date de conclusion de la convention de rupture, d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) en cours de préparation, prévoyant la suppression de son poste, et que cette dissimulation a été déterminante du consentement de celui-ci. (Cass soc.,6 janvier 2021, pourvoi n° 19-18549)
François
TAQUET, avocat,
spécialiste en droit du travail et protection
sociale