Étape de conjoncture

L’emploi progresse, le chômage recule en Moselle...

Les premiers mois économiques en Moselle sont portés par des accents favorables et encourageants. Jamais le département n’a connu un nombre aussi important d’emplois salariés depuis une décennie. D’autres facteurs incitent à l’optimisme. Attention, toutefois à l’excès de confiance. L’inflation record, comme les conséquences de la guerre en Ukraine, pourraient changer la donne, même si aucun tsunami économique n’est annoncé. Plus sûrement, un gros coup de vent. Il va falloir s’accrocher au bastingage…

L'inflation record en France et dans la zone euro rebat les cartes des prévisions économiques pour les mois à venir.
L'inflation record en France et dans la zone euro rebat les cartes des prévisions économiques pour les mois à venir.

Les statistiques de l’Insee durant cette première partie d’année peuvent être vu comme un bateau naviguant sur une mer plate par temps calme, après deux ans de bourrasque dus à la crise pandémique (laquelle n’est pas terminée, si l’on en croit la remontée en flèche ces jours derniers des cas positifs à la Covid-19). Au terme du premier trimestre 2022, la Moselle comptait 340 531 salariés. Il s’agit ici du meilleur total enregistré en la matière depuis le troisième trimestre 2012 (341 098). Ce sont quelque 2 000 emplois en plus par rapport à la fin d’année dernière. L’intérim mosellan montre également une belle forme. À l’issue de ce premier trimestre, ils étaient dans le département 14 024. Dans la continuité du dernier trimestre 2021 qui affichait 15 440 personnes sous ce statut. Jamais, à encore, la Moselle n’avait compté autant d’intérimaires, lesquels, dit-on souvent, sont un baromètre de la santé économique d’un territoire.

Créations : un ralentissement éphémère ou durable ?

Un autre indicateur est bien entendu scruté avec attention. On serait tenté de dire, à toutes époques, crise ou non. Sans doute parce que depuis trop longtemps, notre pays s’est habitué à un chômage de masse enkysté dans notre système socio-économique. Là, il y a du mieux. Incontestablement. Au début du printemps, le taux en Moselle était de 7,3 %. Une donnée jamais observée depuis des lustres. Avant la crise sanitaire, il était, fin 2019, de 8,5 %. C’est incontestable, dans la mouvance hexagonale, malgré la pandémie et toutes ses conséquences, l’économie en Moselle recouvre de la vigueur. En témoignent ces 10 000 entreprises créées dans le département l’an passé. Un chiffre historique. Si le nombre de créations a ralenti en mai (533) par rapport aux mois précédents, il reste un vecteur de dynamisme pour l’économie locale. 6 entreprises sur 10 nouvellement créées en Moselle sont des micro-entreprises. On le sait, le tentaculaire plan étatique déployé au plus fort de la pandémie a maintenu l’économie à flot. Le fameux «quoi qu’il en coûte». Il a aussi permis à nombre d’entreprises d’échapper aux affres de la fin d’activité. Forcément, et c’est logique, il y aura un effet rattrapage, une économie ne s’articulant pas et ne respirant pas efficacement avec un nombre de défaillances trop bas. Au premier trimestre 2022, 120 entreprises en Moselle étaient en défaillance. Un chiffre en hausse relative par rapport aux périodes antérieures.

Après l'été ?

Dès lors, quelles perspectives, alors que nous sommes entrés dans la période estivale. Des éléments majeurs vont venir sans doute noircir ces indicateurs teintés de vert. Il y a bien sûr la guerre en Ukraine. Six mois après ses débuts, les effets sur les économies vont être plus palpables. Il y a aussi ce bond de l’inflation, jamais vue depuis plus de 40 ans : elle approche en France les 6 % et frôle les 9 % dans la zone euro. Les paramètres pour les entreprises sont connus : hausse du coût des matières premières, difficultés d’approvisionnement, métiers en tension et pénurie de main-d’œuvre, et fait sociétal à suivre, une propension d’un nombre croissant de salariés à démissionner de leur CDI. Tous ces facteurs invitent donc à la prudence. Les temps difficiles ne sont certainement pas derrière nous. Plus que jamais, il faut les anticiper et se préparer à une tempête qui s'annonce, individuellement et collectivement. La grande inconnue est de savoir son ampleur...