Gazettescope

Gazettescope : parler politique en entreprise : oui, mais…

Les dimanches 12 et 19 juin prochains auront lieu les élections législatives. La Moselle compte neuf circonscriptions et renouvellera donc autant de député(e)s. Mais au fait, quant à l’expression politique, qu’en est-il en entreprise ? Comment et dans quelles limites la faire vivre ?


À coup sûr, c’est l’un des sujets électrisant les dimanches en famille : la politique. Rien de nouveau sous le soleil mosellan. Les très longs mois passés rythmés par les campagnes électorales auront vu se succéder deux scrutins majeurs de la vie démocratique de notre pays. Les joutes présidentielles 2022 sont désormais à ranger dans les cartons. Pas un grand cru de l'avis de nombreux politologues et observateurs. Restent les élections législatives, dont le premier tour a lieu ce dimanche 12 juin. Lesquelles, ne passionnent guère les foules. Dans ce contexte, il est possible que les langues se délient au bureau. Les pauses-café et pauses-repas peuvent être les moments pour afficher ses convictions, voire convaincre ses collègues. Comme partout, on ne s’en rend pas souvent compte en France, en en faisant un élément banalisé, la liberté d’expression est un droit, en entreprise compris. Il est garanti par la Constitution française et la Convention européenne des Droits de l’Homme. Et clairement réaffirmé dans le Code du travail. Mais, au demeurant, le salarié est tenu par une obligation de loyauté et de discrétion vis-à-vis de son employeur. Ainsi, la clause de neutralité dans le règlement intérieur de l’entreprise est obligatoire à partir de 50 salariés. Il est fort possible également d’inclure une telle clause dans le contrat de travail du salarié, notamment sur des postes où celui-ci est directement en contact avec le public ou la clientèle. La ligne rouge à ne pas franchir : si l’on parle ou on milite en dehors du travail, ne pas associer ou engager l’image de son entreprise dans la démarche. En interne, distribuer des tracts à ses collègues, comme leur envoyer des mails à connotation politique, est considéré comme du prosélytisme. Donc comme un abus. Même topo pour le collage d’affiches dans l’entreprise ou le port de son tee-shirt favori dans les locaux estampillé à l'effigie de son candidat ou de son parti fétiche. Le point essentiel à retenir : garantir la bonne marche de l’entreprise. Faire du zèle, essayer de recruter et convaincre, faire pression pour acquérir quelqu’un à sa cause, cela peut être sur le plan politique ou religieux. Juridiquement, cela va à l’encontre de croire ou de ne pas croire, le droit d’avoir des convictions politiques ou de ne pas en avoir. En l’occurrence, le chef d’entreprise n’est pas démuni. Si des limites venaient à être franchies, il peut utiliser une palette de sanctions : avertissement, blâme, mise à pied disciplinaire, licenciement pour faute grave. Quant aux réseaux sociaux, espace défouloir par excellence, le salarié pourra s’y épancher, toujours sans mentionner le nom de l’entreprise où il travaille. Oui, étrange époque, où le vote physique demeure à caractère secret, et où la mode pour nombre de nos concitoyens est de le dévoiler publiquement de façon virtuelle… Une tendance devenue sport national. Au bureau, on peut aussi parler cuisine, nature, cinéma, musique, voyages... Les sujets sont légion ! Profitons-en ! Un peu de légèreté. Cela fera du bien dans un air du temps clairement anxiogène et morose. Être sérieux sans se prendre au sérieux, sourire simplement : la bonne recette !