Gazettescope

Coupe du monde au Qatar : et si on zappait ?

La très controversée 22e coupe du monde de football aura lieu au Qatar du 21 novembre au 18 décembre prochain. Au-delà de la joute sportive et du juteux business qu’elle représente, va-t-elle booster le moral des salariés d’entreprise ou au contraire les distraire de leur concentration au travail ? Certains prétendent même qu’un bon résultat de l’équipe de France boosterait le PIB national. Rien n’est moins sûr…

La finale de la coupe du monde au Qatar aura lieu le 18 décembre prochain… une semaine avant Noël donc. Peu banal pour un tournoi qui existe depuis 1930 et qui est, par excellence, une épreuve sportive estivale. Seulement voilà, quand la très lucrative FIFA (la fédération internationale de football) a attribué l’organisation controversée au petit état gazier le 2 décembre 2010, il était évident que cette coupe du monde ne pouvait se jouer en été. Par plus de 40 degrés, c’eut été impossible. Furent donc choisies ces dates hivernales. Confier une telle organisation à un pays dénuée de toute culture sportive en la matière, pourquoi pas ? Certains diront que c’est justement pour la beauté du sport. La candeur a quelque chose de touchant… L’émirat a tout misé sur sa puissance financière et son positionnement géographique, au centre d'un marché télévisuel qu'il estime à près de 3,2 milliards de téléspectateurs. Bon, on ne va pas jouer les empêcheurs de tourner en rond, les rabat-joie. Mais quand même…

L'effet mirage...

Les raisons de s’interroger sur la tenue de cette coupe du monde dans ce petit pays du golfe, devenu en vingt ans star sur la planète sport, existent parfois depuis le départ. Conception des droits de l’homme, et surtout de la femme, conditions de travail des ouvriers sur les chantiers, construction de stades climatisés en forme d’aberrations environnementales. Cela commence à faire beaucoup pour se sentir à l’aise devant sa télé à l’heure des Bleus. Le Qatar va s’épargner au moins une controverse, celle des retards sur la construction, les stades ayant été livrés avec près d’un an d’avance sur le calendrier, avec un coût équivalent à 7 milliards d'euros, mais la climatisation d’un espace à ciel ouvert a fait polémique. Les ONG ont dénoncé la pertinence d’organiser un événement sportif de cette envergure avec des coûts énergétiques très lourds, dans un pays qui est déjà le champion mondial des émissions de CO2 par habitant. Alors, la main sur le cœur, on nous dira, ce n’est que du sport, que le football doit rester un jeu. Ben voyons, cynisme quand tu nous tiens… Une bonne performance des hommes à Didier Deschamps (tenants du titre, rappelons-le) doperait le moral national, un rien dans les chaussettes, face aux incertitudes économiques et énergétiques (et sanitaires, car la Covid-19 n'est pas rangée dans les cartons) ? Dans un contexte inflationniste record, les ventes de téléviseurs feraient un bond ? Quant à voir notre PIB progresser en cas d’une fugace exaltation collective, on franchirait là un Rubicon d’illusions, dignes de Majax. Car un PIB qui progresse, c'est un pouvoir d'achat qui augmente. Par les temps présents, ce n'est vraiment pas la tendance. La logique veut qu'en matière de consommation, on ne dépense que ce que l'on a dans la poche. Les horaires des matchs de cette coupe du monde au Qatar seront celles de l’Europe - 14 h, 17 h et 20 h - . Alors, comme le programme d’une soirée, on peut zapper, ne pas tomber dans le diktat de l’événementiel, opter pour une émission culturelle, un bon polar… Ou simplement éteindre son poste et lui préférer un livre au coin du feu, une sortie au restaurant, au cinéma, au théâtre de son quartier. Un peu de calme comme alternative au brouhaha et à l’excitation ambiante. Chouette programme, non ? Oui, la coupe du monde au Qatar, on peut vraiment choisir de ne pas la regarder… Cela ne fera pas de nous des extraterrestres ! Les petits bonheurs de la vie dépassent largement l'effet hallucinatoire d'un ballon qui roule sur une pelouse.