Entreprises

Coup de rabot annoncé sur le soutien financier au contrat de professionnalisation

Le mot n’est pas prononcé ouvertement, mais il est dans toutes les pensées et se traduit dans les faits : austérité. L’heure est à une politique nationale de restrictions budgétaires massives. Les coupes touchent pléthore de domaines, y compris celui de l’insertion. La suppression à venir de l’aide de 6 000 € quant au contrat de professionnalisation suscite l’ire des acteurs de l’économie de proximité.

Le contrat de professionnalisation est particulièrement adapté aux TPEM/PME.
Le contrat de professionnalisation est particulièrement adapté aux TPEM/PME.

Le gouvernement vient d’annoncer sa volonté de supprimer l’aide de 6 000 € versée aux employeurs pour l’embauche de salariés en contrat de professionnalisation. Un projet de décret émanant du ministère du Travail sera bientôt présenté, pour une entrée en vigueur dès le 1er mai prochain. Pourtant reconduite jusqu'à la fin de l'année 2024, l'aide sera dorénavant réservée au recrutement d'apprentis. L’aide, plusieurs fois reconduite, devait encore l’être jusqu’à la fin de cette année. Pour l'heure, les contrats d'apprentissage, qui bénéficient du même dispositif, ne sont pas concernés par la suppression de l'aide. Mise en place durant la crise sanitaire, l'enveloppe de 6 000 € visait à inciter au recrutement de jeunes, apprentis et salariés en contrat de professionnalisation de moins de 30 ans. Avec un certain succès. La Dares recensait ainsi 90 700 salariés en contrats de professionnalisation. De la même manière, l'an dernier, 116 000 contrats de professionnalisation ont été signés.

Voie complémentaire à l'apprentissage

La nouvelle suscite donc la surprise et l’incompréhension du monde artisanal et de l’économie de proximité que représente le tissu de TPE sur nos territoires. La Moselle ne fait pas exception. Ainsi, l’U2P Moselle, relaie localement la prise de position de sa centrale nationale : «Le président de l’U2P, Michel Picon, qui rencontrait aujourd’hui la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, Catherine Vautrin, lui a fait part de la grande surprise des chefs d’entreprise de proximité et de l’opposition de l’U2P au projet de suppression dès le 1er mai prochain de l’aide (de 6 000 €) à l’embauche de salariés sous contrat de professionnalisation. Surprenante méthode d’abord, consistant à révéler un projet de décret sans avoir consulté au préalable, ni les partenaires sociaux ni les organisations les plus concernées, et cela pour une application quasi immédiate de la mesure. Incompréhensible sur le fond surtout. En effet le dispositif du contrat de professionnalisation répond aux besoins spécifiques d’un grand nombre d’entreprises et de branches professionnelles. Il permet notamment de former une population sans formation ni qualification et tous ceux qui n’a pas accès à l’apprentissage. En cela, il contribue à combattre les difficultés de recrutement. Le contrat de professionnalisation offre aux futurs salariés la possibilité d’une formation sur mesure et d’une intégration durable dans l’entreprise.» L’U2P «appelle à ne pas abandonner cette deuxième voie de formation en alternance, complémentaire à celle de l’apprentissage et qui constitue un investissement social. Si la mesure s’inscrit dans la lignée des réductions budgétaires annoncées, dont l’U2P ne conteste pas la nécessité, notre organisation invite, plutôt que de pénaliser toutes les entreprises qui ont recours au contrat de professionnalisation, à en limiter le bénéfice aux entreprises de moins de 50 salariés qui sont celles qui en ont le plus besoin pour déclencher l’acte d’embauche. L’U2P propose également de réserver l’aide à l’apprentissage aux entreprises de moins de 50 salariés.» Dossier à suivre donc sur le terrain mouvementé des réformes de l’actualité sociale.

«Selon la Dares, 116 000 contrats de professionnalisation ont été signés l'an passé.»