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Cordonnier en 2024...

La campagne «le Printemps des Cordonneries» soutenue par la Fédération française de la Cordonnerie Multiservice passe par la Moselle. Ce métier traditionnel se renouvelle au cœur des transitions écologique et numérique et diversifie ses services vers une clientèle en quête de sens et plébiscitant un retour au local. 


C'est un savoir-faire qui s'est longtemps transmis de père en fils. Certaines boutiques existent depuis des générations. Mais aujourd'hui, beaucoup de cordonniers qui s'apprêtent à partir à la retraite font face à une pénurie de repreneurs. Les échoppes ferment et il devient de plus en plus compliqué de trouver un endroit pour faire réparer ses chaussures. La Moselle n’échappe pas à ce déclin. Après les talons aiguilles dans les années 60 et la mode des talons fins, le remplacement du cuir par le plastique, et depuis les années 80 la fabrication de chaussures à bas coût et non réparables importées de pays lointains, le métier a connu une chute importante de ses effectifs. Ils étaient 45 000 en France dans les années 50-60, moins de 10 000 dans les années 70-80 et à peine 3 000 aujourd’hui. Toutefois, on perçoit un regain d’intérêt pour les services proposés par les cordonniers, revenant au goût du jour, malgré une formation est quasi en jachère dans notre pays : les structures formant au métier de cordonnier bottier ont disparu. Restent pour les apprentis, un centre de formation spécialisée en Gironde et trois pour les adultes, dans la Drôme, en Pays de Loire et en région parisienne. Plus nombreux sont les centres pour travailleurs handicapés, comme l'ESRP EPNAK Jean Moulin, à Metz, qui prépare aux CAP cordonnerie-multiservice et opérateur en podo-orthésie.

Réparer plutôt que jeter

Aujourd’hui, pour s’en sortir, les cordonniers doivent se tourner vers la polyvalence et le multiservice en se lançant dans la maroquinerie, la fabrication de clés ou de plaques d’immatriculation. Initiée l’an passé au niveau local par Olivier Sébastien, gérant de la cordonnerie L’Émile Pompe, à Nîmes, la campagne «le Printemps des Cordonneries» avait vu le jour. Elle revient cette année jusqu’au 20 juin. Objectif : promouvoir la réparation de chaussures par les cordonniers locaux et valoriser les savoir-faire artisanaux des cordonniers multi-services. L’idée est d’inviter les consommateurs à anticiper leurs réparations d’une saison à l’autre et à ne pas attendre le dernier moment pour déposer leurs paires de chaussures chez leurs cordonniers. Cette volonté s'harmonise à la sortie du bonus réparation, piloté par Refashion, qui encourage les consommateurs à faire réparer leurs chaussures plutôt que de les jeter. Et l’impact environnemental de la réparation est considérable : la réparation d’une paire de chaussures permet d’économiser jusqu’à 80 % des émissions de CO2 par rapport à l’achat d’une nouvelle paire. Car les chaussures, comme les vêtements, se réparent et cette idée a encore du chemin à faire chez les usagers. «Notre volonté est d’inscrire cette campagne dans le temps, renouvelée chaque année et soutenue par de plus en plus de partenaires, afin que la réparation de chaussures s’inscrive dans les habitudes des Français», précise la Fédération française de la Cordonnerie Multiservice.