Jean François, président de l'UMIH 57 : «Nous restons combatifs»

Jean François, président de l'UMIH 57 : «Nous restons combatifs»

En plein marasme lié à la Covid-19, le secteur de l’hôtellerie-restauration ne veut pas baisser les bras. Le président de l’UMIH 57, Jean François, a répondu aux questions de la Gazette Moselle. Il évoque le présent et le futur sans langue de bois. Mot d’ordre : «Responsabilité individuelle et collective… et davantage de coordination dans les actions de l’État».

La Gazette Moselle : Vos premiers mots sont un coup de gueule…

Jean François : Assurément. Dans la période difficile vécue par nos métiers, alors que nous en sommes à la seconde fermeture administrative de nos établissements, nous n’obtenons rien ou si peu des assurances traditionnelles. Nos professionnels travaillent et cotisent durement tout leur vie. Si, et c’est bien normal, les rémunérations des salariés sont prises en charge par les mesures de chômage partiel, en revanche, qui se préoccupe de celles des patrons de bar, des restaurateurs… ? Beaucoup ne se paient tout simplement plus.

En Moselle, que représente votre branche d’activité ?

Elle regroupe la restauration, l’hôtellerie, la restauration rapide, les bars et les discothèques, les bowlings, les bars d’ambiance. Au sein de l’UMIH 57 se retrouvent plus de 500 professionnels. Ils embauchent de 3000 à 4000 salariés dans le département. Si la crise a un impact économique pour nos établissements, il ne faut pas passer sous silence l’effacement du lien social. C’est le cœur même de nos métiers. Nous sommes des lieux de convivialité, où se créé la relation humaine. Dans nos lieux s’échangent des sourires, des émotions, un art de vivre. On peut bénéficier de toutes les aides, mais rien ne remplace cela, c’est inestimable. Tout cela est mis sous cloche actuellement.

Les dégâts sont importants dans le département ?

Oui, ils le sont. Car on pressent, après la 2e vague sanitaire, une 3e vague économique. Les discothèques sont tout simplement en train de disparaître du paysage. Beaucoup de leurs gérants puisent dans leurs réserves depuis mars. Dans les difficultés qui sont les nôtres aujourd’hui, c’est l’incertitude qui est la plus dure à gérer. Il n’y a pas assez de coordination entre les différents ministères. Alors que dans le même temps, au niveau local, des initiatives pour secourir les commerces de proximité sont remarquables, avec une adaptation de nos professionnels. Beaucoup de restaurateurs ont mis en place de la livraison à domicile. La branche de l’hôtellerie-restauration a été l’une des plus performantes en matière d’application du protocole sanitaire. Alors, après tous ces efforts, refermer nos portes, non, ça ne passe pas.

Quel rôle joue l’UMIH 57 auprès de ses professionnels ?

Nous avons un rôle technique en renseignant nos adhérents sur tous les dispositifs de soutien, toutes les aides, toutes les directives administratives. Nous les soutenons dans les contacts avec les banques. Je le disais plus haut, nos métiers sont de la relation humaine. L’UMIH a aussi un rôle de soutien moral. J’ai des collègues qui sont à bout, usés.

Dès lors, comment s’en sortir ?

Les aides financières sont salutaires mais ne suffisent pas. Comment redonner la confiance aux gens ? C’est le nerf de la guerre. Un restaurateur souhaite d’abord des clients. On a l’impression de virer tous les jours d’une couleur à une autre. Un jour, c’est vert, le suivant c’est orange et le lendemain c’est rouge, et on recommence. Je suis partisan de l’effacement pur et simple de toutes les dettes, des charges et cotisations sociales de nos professionnels, durant un temps donné. Idem pour les loyers des bailleurs. Les emprunts, c’est très bien. Mais, encore faut-il pouvoir les rembourser. Notre profession a besoin de respirer. Elle étouffe actuellement.

Que diriez-vous à vos collègues ?

De s’accrocher, de ne pas rester seul face à un doute, une difficulté. Il y a un mot qui est essentiel : solidarité. Solidarité entre ceux faisant vivre au quotidien nos métiers, si durement impactés. Mais, cela va au-delà. Un solidarité globale, dans la société. Il faut déjà sauver la santé des Français. Après, quand nous serons sortis de cette épidémie, on pourra et il faudra poser les bonnes questions. Je vous l’assure, je reste, nous restons optimistes et combatifs. On s’en sortira tous ensemble.