Marie-Louise Serridj : l’écologie concrète

Marie-Louise Serridj : l’écologie concrète

A Metz, le salon de coiffure Studio Marie-Louise a obtenu le label «Développement durable, mon coiffeur s’engage». Cette distinction met en avant une reconnaissance professionnelle en faveur du développement durable, certifiée AFNOR et Ecocert. Elle conforte sa gérante, Marie-Louise Serridj, dans sa démarche écoresponsable. Pour elle, l’écologie, c’est du concret.

«En matière d’écologie, de respect de l’environnement, on peut et on doit faire mieux. Ce n’est pas forcément très compliqué, chaque petit geste compte.» Loin des slogans marketing et des annonces d’intention, Marie-Louise Serridj a, elle, choisi, la voie du terrain dans son engagement écocitoyen. Quatorze ans que cette professionnelle de la coiffure est sur la place de Metz, actuellement à la tête de son salon éponyme. Dans sa vie personnelle, elle a depuis longtemps adopté un rituel en faveur de la planète. Aussi, elle a décidé d’appliquer son engagement dans le développement durable au cœur de sa profession, lançant un nouveau concept dans la coiffure mosellane : la réutilisation des cheveux, qui représentent 50 % des déchets dans un salon, à des fins écologiques. Quand on sait que le département compte plus d’un millier de salons. Ce qui représente pas loin de 6 tonnes de cheveux par mois. Marie-Louise Serridj explique : «La fibre capillaire est très solide et ne pourrit pas. Les écailles des cheveux retiennent les polluants.» Des qualités adéquates pour la fabrication de filtres faisant barrière aux hydrocarbures et aux huiles solaires dans les océans. Lavable cinq à dix fois, la fibre est ensuite recyclée à nouveau dans l’isolation thermique et phonique des bâtiments. La valorisation capillaire a été développée en France par l’association varoise Coiffeurs Justes, à laquelle adhère Marie-Louise Serridj, par ailleurs labellisée Eco-défis artisans à deux reprises. Concrètement, cela se traduit par une collecte de cheveux mis dans des sacs, eux aussi recyclables, puis envoyés à Coiffeurs justes qui coopèrent avec des Établissements et services d’aide par le travail. Dans cette démarche, Marie-Louise Serridj nourrit cette volonté de faire grandir le concept en Moselle, recycler le matériau sur place, de convaincre ses collègues coiffeurs de la rejoindre. Plus largement, l’artisane messine a habillé son salon d’écoresponsabilité : bacs ergonomiques et mousseurs économiques, savoir-faire pour éviter de gaspiller l’eau, produits utilisés respectant l’environnement demandant moins d’eau que la moyenne, toilettes du salon munis d’une chasse d’eau double, limitant le nombre de litres utilisés.

Pour la santé et la planète

Marie-Louise Serridj note : «Mon mari travaille dans le BTP, un secteur où l’écoresponsabilité est très présente en matière d’énergie et de matériaux. Cela m’a guidé. » Son établissement utilise la domotique. Par un simple contrôle sur le téléphone portable, l’électricité est gérée de façon à n’utiliser que ce qui est essentiel à la bonne tenue du salon. Des ampoules LED ont par ailleurs été installées. Tri et recyclage des déchets, emballages contenant 30 % de plastique en moins que les emballages traditionnels, soins sans ammoniaque, sans sulfate ni parabène et à base de végétaux, hottes aspirantes à des endroits stratégiques du salon, sont les composants d’un modèle mariant empreinte écologique vertueuse et confort de la clientèle. Labellisée «Développement durable, mon coiffeur s’engage», distinction créée par les Institutions de la Coiffure, le Studio Marie-Louise s’inscrit dans une démarche globale. Sa gérante embauche des personnes formées au métier et aux gestes écologiques. Recrutement local encouragé par la CCI Moselle. L’équipe de Studio Marie-Louise a à sa disposition un équipement léger et ergonomique pour réduire les risques de troubles musculo-squelettiques, souvent rencontrés chez les coiffeurs et coiffeuses. Marie-Louise Serridj a conceptualisé son lieu professionnel comme un espace où bien-être et accessibilité vont de pair. Les clients attendent leur rendez-vous avec musique relaxante et huiles essentielles. Ensuite, place au fauteuil massant, doté d’un repose-pied, et au shampoing pratiqué en massage crânien. L’implication de Marie-Louise Serridj se poursuit au-delà de son salon. Régulièrement, son équipe offre une heure de coiffure gratuite au Cloître des Récollets à Metz. Elle-même anime des réunions d’information locale informant sur la pollution générée par les professions de l’artisanat. Par ces échanges, des aménagements ont été réalisés en faveur du développement durable. Comment finalement résumer le parcours de cette militante du quotidien ? «On m’appelle le colibri de la coiffure !», s’enthousiasme-t-elle. Un oiseau mêlant joie de vivre, adaptabilité, ténacité. Cela lui correspond finalement si bien.