Rosalie Klait, un si long chemin

Rosalie Klait et sa fille Shannon.
Rosalie Klait et sa fille Shannon.

Du Sénégal à la place Stanislas, Rosalie Klait a toujours affirmé une fibre entrepreneuriale. Aujourd’hui à la tête d’une épicerie de produits venant des quatre coins de la planète, elle s’appuie sur une combativité de tous les instants et des valeurs socle. Retour sur un parcours peu banal. Le credo de la commerçante : «Se prendre en main et saisir sa chance.»

«Y croire, ne jamais baisser les bras, faire l’effort. Je crois à la dignité par le travail. Cela je le transmets à mes quatre enfants.» Les mots de Rosalie Klait résument sa trajectoire. Née à Dakar, elle travaille dans l’imprimerie, avant de tenir un commerce d’ameublement avec son mari. Survient la crise des subprimes débutée aux États-Unis à l’été 2007 et le séisme économique frappant le monde entier. «Les pays en voie de développement ont été touchés de plein fouet, dont le Sénégal», note Rosalie Klait. Dès lors, pour elle et sa famille, l’avenir se dessine ailleurs. Rapatriés par l’Ambassade de France, les voilà à Paris. Pour rebâtir un projet de vie, on leur donne le choix d’un nouvel ancrage : «Nous avons opté au hasard pour la Lorraine, plus précisément Nancy. Nous avons débarqué là, par un magnifique soleil d’octobre. J’ai été sublimée par la beauté de la place Stanislas.» Rosalie Klait suit une  formation de vendeuse spécialisée en magasin puis devient agent de nettoyage. «Quand on a connu très peu, on est content d’avoir un salaire à la fin du mois», dit-elle. Un projet germe dans son esprit, comme si elle était rattrapée par ce qui compose son authenticité : aller vers les autres. Après l’idée d’une activité commerciale dans le textile, une autre s’impose à elle, comme une évidence : gérer une épicerie de produits du monde. Durant un an, Rosalie Klait, épaulée par l’Association lorraine à la création et au développement d’activités (ALACA) et par l’Association pour le droit à l’initiative économique (ADIE), parcourt le labyrinthe des démarches du futur entrepreneur.

Une clientèle trouvée

Le 17 octobre 2018, dans un local situé à Laxou, non loin du Crous, l’enseigne Yokafric accueille ses premiers clients. «Une dénomination trouvée par mes enfants», sourit-elle. L’épicerie exotique, condensé de marché du monde, draine une clientèle de proximité, des étudiants également. Un coin cosmétique a même été aménagé. Ce lieu, Rosalie Klait l’a conçu à son image, distillant un enthousiasme communicatif à ses interlocuteurs : «Si on me demande d’où viennent mes produits, j’invite à regarder la carte du monde accrochée dans le magasin.» Si bien sûr, comme toute vie commerçante, il y a parfois des hauts et des bas, elle l’affirme : «je ne regrette en rien mon choix. J’ai la niaque. Le soutien de ma famille est essentiel. Mon mari, chauffeur livreur à mi-temps, est mon conjoint collaborateur.» Dans ces murs, imprégnés d’une atmosphère authentique, au cœur d’un secteur résidentiel, à proximité du grand ensemble urbain des Provinces, Rosalie Klait, reconnue comme travailleur handicapé, décline sa soif de bonheur : «Les gens ont besoin de soleil, de couleurs, je leur offre cela.» En 2020, elle souhaite accroître la notoriété de Yokafric et étendre la gamme de ses produits. Et dans les deux ans, développer cette activité artisanale textile et décorative lui tenant tant à cœur. Il était une fois Rosalie Klait, qui a grandi sur les bords du Lac Rose est devenue désormais Lorraine d’adoption. Le personnage, aux accents si humains, dirait : «de cœur !»

Un voyage de saveurs

Les étals du magasin exotique de Rosalie Klait sont une invitation à un voyage salé/sucré autour du globe. Avec passion et méticulosité, elle sélectionne un large choix de produits d’épicerie fine. Avec des raretés et des originalités conférant la particularité de Yokafric.