Nancy a mal à sa Justice

Frédéric Ferry, Bâtonnier de l’Ordre des Avocats à la Cour d’appel de Nancy, a interpellé les candidats aux élections législatives de l’agglomération nancéienne.
Frédéric Ferry, Bâtonnier de l’Ordre des Avocats à la Cour d’appel de Nancy, a interpellé les candidats aux élections législatives de l’agglomération nancéienne.

Frédéric Ferry, Bâtonnier de l’Ordre des Avocats à la Cour d’appel de Nancy, a interpellé les candidats aux élections législatives de l’agglomération nancéienne.

Arrêts maladie en cascade, burn-out, même le président du tribunal de grande instance est en arrêt depuis plusieurs semaines ! La justice, principalement la justice civile, va mal, très mal sur la place nancéienne. Le 30 mai, l’ordre des avocats à la cour d’appel de Nancy a tiré la sonnette d’alarme devant les principaux candidats aux élections législatives de l’agglomération nancéienne. La situation n’est pas nouvelle mais semble bien avoir atteint un point de non-retour. À côté des moyens matériels et humains réduits à peau de chagrin, certains s’interrogent sur des questions de management et de qualité. Toutes les pistes sont envisagées aujourd’hui et la mobilisation de l’ensemble des professionnels du droit devrait s’amplifier.

«On sent bien qu’au niveau du personnel judiciaire, on tire sur la corde et cela va craquer ! La tension est palpable. À Nancy, aujourd’hui la justice n’est pas la plus diligente, n’est pas la plus agissante et elle ne permet plus l’accès au Droit. La justice ne répond plus !» Dixit Maître Frédéric Ferry, le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats à la Cour d’appel de Nancy, le 30 mai dernier à la brasserie nancéienne l’Excelsior. Face à lui, les principaux candidats aux élections législatives dans les circonscriptions de l’agglomération nancéienne. L’homme de Droit se fait l’avocat de l’ensemble de la filière juridique face à une situation intenable. «Depuis de nombreux mois, les avocats, les magistrats, les fonctionnaires, et par voie de conséquence les justiciables, déplorent une dégradation continue du service public de la justice compte tenu d’une insuffisance des moyens humains et matériels affectés à ces tâches. Nous avons constamment collaboré avec les chefs de juridiction pour tenter de résoudre ces difficultés qui se traduisent devant toutes les juridictions du Tribunal de Grande Instance, par des délais de traitement exorbitants et une désorganisation particulièrement inquiétante (…) Il apparaît clairement que nos interlocuteurs subissent un manque de moyens en matériel et en personnel qui les contraignent à solliciter de manière plus importante les greffiers et les magistrats présents avec les risques que comporte la gestion en flux tendu du personnel, y compris dans la gouvernance de la juridiction », assure le Bâtonnier dans une lettre ouverte envoyée au nouveau ministre de la Justice, François Bayrou.

Question de management…

Mais, c’est au niveau local que la véritable sensibilisation doit se faire pour obtenir rapidement des remontées terrain. Les différents candidats à la députation acquiescent et vont naturellement dans le sens des robes noires en s’inquiétant de l’image donnée de la place nancéienne en matière de justice. Quid des solutions ? Les budgets alloués naturellement et la concrétisation rapide des postes nécessaires au bon fonctionnement mais pas seulement. «Il faudrait s’interroger sur la notion de management, de la qualité, comme dans une entreprise », suggère Bertrand Gasse, ancien Bâtonnier de l’Ordre nancéien. La justice nancéienne a besoin d’aide ! «Aujourd’hui, nous ne sommes pas en mesure de faire de la justice de qualité», assure une représentante des magistrats nancéiens. «Nous ne devons pas tomber dans le catastrophisme mais la situation est plus que délicate.» Reste à attendre la réponse de la lettre ouverte envoyée au garde des Sceaux. Pendant ce temps-là, la justice nancéienne va continuer à faire face, vaille que vaille.