Les artisans toujours dans le doute…

Les artisans toujours dans le doute…

Un cite (crédit d’impôt pour la transition énergétique) revu puis corrigé, un PTZ (prêt à taux zéro) recadré dans le neuf mais pas dans l’ancien, doublement du plafond pour les micro-entrepreneurs, autant d’éléments plus qu’interrogatifs pour les artisans du bâtiment à l’activité qui semble reprendre mais sans véritable rentabilité. Le point avec Pascal Pinelli, le président de la CAPEB(Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment) de Meurthe-et-Moselle lors de son assemblée générale du 13 octobre dernier.

Conjoncture

«2016 a été une année charnière car elle a marqué le terme de quatre années de recul de l’activité dans l’artisanat du bâtiment. La reprise semblait enfin être là mais avec des marges quasiment inexistantes (…) Le redémarrage enregistré, notamment au niveau des travaux de performances énergétiques des logements, reste encore fragile dans un contexte d’incertitude économique. Nous attendions du gouvernement qu’il appuie le redémarrage actuel. Notre espoir est qu’il prenne des mesures pérennes en faveur de la construction, sans bouleverser ce qui marchait l’année précédente comme l’attestait la reprise d’activité. Les entreprises artisanales du bâtiment ont, en effet, besoin d’une politique claire et stable.»

CITE et PTZ

«L’annonce du retrait des fenêtres, portes et volets du Crédit d’impôt sur la transition énergétique (CITE), a mis les artisans groggy. Un véritable coup de massue même si cette mesure a été en partie corrigée. Le CITE pourrait être revu et corrigé en réintroduisant tout ou partie des éléments perdus (portes, volets, fenêtres et chaudières fioul) et en abandonner l’application rétroactive. Le CITE en 2018 est un soutien nécessaire pour notre activité, il doit être maintenu à 15 % tout au long de l’année car il est de nature à faire revenir la sérénité dans les échanges commerciaux et offrir une visibilité et une stabilité à nos entreprises. Au niveau du PTZ (Prêt à taux zéro), il est aujourd’hui recadré pour apporter un soutien à la construction neuve. Nous regrettons que cette bonne idée n’ait pas bénéficié au PTZ dans l’ancien. L’achat d’un logement ancien à rénover reste circonscrit aux zones dites étendues. La couverture sur 100 % du territoire national aurait été préférable.»

Les micro-entrepreneurs

«Face au doublement de leur plafond, il serait bon de mettre en place le principe : à travail égal, charges égales et obligations légales. Aujourd’hui, les micro-entrepreneurs sont quasiment présentés comme les artisans de demain. Bon nombre d’artisans sont même aujourd’hui en train de réfléchir à passer sous ce statut de micro-entreprise. Si l’on continue ainsi, c’est la disparition pure et dure des petites entreprises artisanales structurées.»

Travailleurs détachés

«Face au projet de révision de la directive sur les travailleurs détachés, nous rappelons que le secteur du bâtiment ayant été confronté à quatre années consécutives de baisse d’activité n’est pas confronté, sauf exception, à une situation de pénurie de main-d’œuvre comme il a pu l’être dans le passé. L’augmentation considérable du nombre de travailleurs détachés correspond uniquement à du dumping social (…) La durée du détachement préconisée dans la future directive est de 24 mois, nous la jugeons trop longue. Nous souhaitons une durée de détachement par secteur d’activité et demandons une durée limite de détachement de six mois maximum pour la construction et mettre fin au phénomène de répétitivité.»