Cybersécurité
Faut-il sauvegarder ses données en continu pour se protéger des risques ?
L’informatique est devenue trop cruciale pour les entreprises et les risques trop grands pour se contenter de simples sauvegardes… fussent-elles quotidiennes. D’autres techniques permettent d’assurer la protection des données en quasi temps réel. Pas un luxe, en ces temps de cyberattaques qui chiffrent vos données…

La
règle face au risque informatique est de savoir ce que l’on est
prêt à perdre. Les sauvegardes sont une bonne réponse, à
condition toutefois de faire preuve de flexibilité. Trop de
sauvegardes sont réalisées de façon mécanique (une fois par
semaine, à heure fixe et pour tous les postes de l’entreprise),
sans tenir compte des situations particulières.
Il
faut avoir le réflexe de lancer une sauvegarde complète après une
opération d’importance, comme un inventaire. Il faut également
penser à sauvegarder avec plus de fréquence les documents
critiques, comme le plan d’un projet majeur, dont la création
induit de nombreuses modifications quotidiennes.
La
sauvegarde, hors jeu ?
La
direction informatique ne peut que rarement prendre en compte les
situations particulières qui pourraient nécessiter de pousser des
sauvegardes intermédiaires. Et les équipes métiers n’ont que
rarement le réflexe ou l’envie de lancer une sauvegarde
ponctuelle.
Un
autre problème met à mal les sauvegardes traditionnelles :
notre dépendance au numérique. Parce que l’informatique est
devenue essentielle dans la plupart des organisations, les périodes
de récupération (allant de la restauration des données à la
recréation ex nihilo des documents perdus) se traduisent de facto
par une rupture d’activité. La question cruciale n’est donc plus
« que suis-je prêt à perdre ? », mais « pendant
combien de temps suis-je prêt à ne pas travailler ?».
Les
exigences réglementaires rebattent également les cartes. Des textes
comme le règlement RGPD (protection des données personnelles) ne
pardonnent pas les fuites de données… et guère plus leur
perte. La question n’est donc plus « que suis-je
prêt à perdre ? », mais « qu’est-ce que
la loi m’autorise à perdre ?».
Réplication avec
historique : la solution ?
Pour
répondre à ces défis, les sauvegardes doivent devenir toujours
plus fréquentes. Mais les outils disponibles ne sont que rarement
adaptés au temps réel, alors qu’une autre technique a fait ses
preuves dans ce domaine : la mise en miroir des données. Elle
consiste à répliquer le contenu d’un poste de travail sur une
machine tierce, par exemple, un système de stockage en réseau. Un
processus de synchronisation demandant moins de ressources processeur
et réseau qu’une sauvegarde complète.
Attention
toutefois, car la réplication n’est pas une sauvegarde : si
vous effacez un fichier de la source, il disparaîtra aussi de la
cible. Pire, si vous faites face à un ‘ransomware’ (ou
rançongiciel), les données qu’il a chiffrées et bloquées seront
dupliquées à l’identique. Le miroir sera donc lui aussi chiffré
et bloqué.
Certains
acteurs ont solutionné cette problématique en ajoutant une
dimension temporelle au processus de réplication. Ainsi, si le
miroir est bien l’exacte copie de ce qui est sur l’ordinateur
source à l’instant T, il est possible de demander à accéder à
une version plus ancienne de ce miroir, qui sera le reflet d’un
état antérieur de l’ordinateur source. Cette réplication avec
historique est accessible, aujourd’hui, dans un nombre croissant
d’outils et de services en ligne.
Mixez
les deux !
Malheureusement,
tous les systèmes de stockage en réseau ne proposent pas encore la
réplication en temps réel des données avec historique. Une
solution possible consiste alors à cascader
les deux méthodes : les postes de travail répliquent leur
contenu sur l’unité de stockage (l’aspect temps réel) laquelle
va sauvegarder les données à intervalles serrés sur une autre
unité de stockage (l’aspect historique), par exemple un serveur
distant. Une méthode qui permet de combiner le meilleur des deux
mondes : réplication et sauvegarde.
David FEUGEY