Entreprises
Des DRH soucieux de préserver les emplois
Les DRH se battent pour pérenniser les emplois existants. C’est ce qu’a mis en avant l’Association nationale des DRH lors de sa conférence de presse du 11 février. L’occasion de faire le point sur ses priorités pour 2021, sur les dispositifs en place et leurs attentes pour favoriser l’emploi et relancer l’économie.

Bonne nouvelle, 78% des DRH n’envisageraient pas de mettre en place un plan de départs. L’étude menée par l’ANDRH* fait état d’une volonté des directeurs des ressources humaines de préserver les emplois. « Comme il y a six mois, l’enquête indique que les DRH se battent. Ils sont engagés et sur le devant de la scène depuis un an », note Audrey Richard qui constate toutefois que l’économie est encore « sous perfusion ». La présidente nationale de l’ANDRH et DRH et Engagement des salariés du Groupe Up tempère toutefois ce premier résultat : « la photographie est différente de celle qui est relayée dans les médias » étant donné que les secteurs les plus impactés par la crise –hôtellerie, restauration, arts et spectacles– sont souvent des petites structures qui n’ont pas de DRH. « L’enquête que nous avons menée n’est donc pas représentative de ces secteurs », explique-t-elle. Quand un plan de départs est envisagé dans les prochains mois –c’est le cas de 9 % des répondants–, ils estiment que la réduction ne devrait pas dépasser 10 % des effectifs. Les outils envisagés étant alors essentiellement le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) (45%), le plan de départs volontaires (PDV) (31%) ou la rupture conventionnelle collective (RCC) (12%).
« Un
plan seniors à la hauteur du plan jeunes »
En
parallèle, en attendant la sortie de crise, les intentions de
recrutement classique et en alternance se stabilisent pour
respectivement 53% et 49% des répondants. « Les entreprises
se sont mobilisées sur l’alternance, avec plus de 500 000 contrats
d’apprentissage signés en 2020, un chiffre record »,
note Audrey Richard qui pose néanmoins la question du recrutement
d’alternants dans le secteur
public puisque « 495 000 des contrats ont été portés
par le privé ». 39% des DRH indiquent que les aides à
l'embauche des jeunes, en alternance ou non, les ont poussés à
recruter. « Les aides mises en place ont rendu possible le
recrutement d’alternants pour les petites entreprises qui n’en
avaient pas les moyens avant », confirme Benoît
Serre, vice-président délégué de l’ANDRH. Par la suite,
« il est impératif d’aider maintenant nos jeunes diplômés
pour accéder à un premier emploi », poursuit la
présidente de l’ANDRH.
Et
sur les aides à l’embauche, « il serait intéressant de
les étendre à d’autres types de profils plus éloignés de
l’emploi », comme les seniors, les alternants de plus de 26
ans, les travailleurs handicapés ou les chômeurs de longue durée.
56% des répondants se prononcent ainsi en faveur de cette extension.
Et parmi les mesures plébiscitées pour préserver en particulier
l’emploi des seniors, 82% citent un allègement des cotisations
sociales à l’embauche. « Nous appelons à construire un plan
seniors à la hauteur du plan jeunes et à
étendre les dispositifs », évoque Benoît Serre, qui
déplore que des mesures concernant les seniors n’aient pas été
développées dans le plan de relance. « Il n’y a pas la
même égalité de traitement entre un senior qui sort d’une grande
entreprise et celui qui sort d’une PME. Le risque étant que cette
population soit encore plus exposée au chômage avec la crise. La
France étant le plus mauvais des pays d’Europe en termes de
maintien dans l’emploi de ses seniors. » Parmi les
dispositifs mis en avant pour améliorer leur emploi, le
développement du dispositif de retraité actif, la retraite
progressive ou le cumul emploi retraite.
De
la gestion de la prévention à la qualité de vie au travail
Au-delà
de ces mesures pour favoriser l’emploi, les priorités des RH pour
2021 restent très pragmatiques. Au premier semestre 2021, figurent
ainsi la gestion des mesures de prévention liées à la crise
sanitaire (85%), l’accompagnement du management (84%) pour qui les
risques de burn out sont
deux fois plus importants que la moyenne**, et enfin, le
développement et la consolidation du télétravail (73%).
Pour
le second semestre, les DRH ont prévu de se pencher sur la question
de la qualité de vie au travail et de développer des sujets RSE
(55% des répondants pour ces deux priorités). « Les
dimensions sociale et sociétale liées à la santé et à la
protection des collaborateurs, ainsi que la dimension
environnementale correspondent à des attentes fortes »,
relève Benoit Serre. Au rang des priorités mises en avant figurent
toujours l’accompagnement du management (pour 54% des répondants),
la gestion des difficultés de recrutement (39%),
celui-ci restant actif malgré la crise, et la refonte de la
politique de rétribution et de rémunération dans l’entreprise
(38%). « Ce dernier point montre l’attrait des entreprises
pour la question du partage de la valeur et fait suite au mouvement
de ces grandes entreprises qui ont lancé un plan d’actionnariat
salarié avec succès », constate Benoît Serre.
Maintenir
l’activité partielle pour les secteurs fermés
Pour
assurer la continuité de l'activité de leur entreprise, les DRH
appellent de leurs vœux à une stabilité des mesures sanitaires,
afin de minimiser les efforts d’adaptation aux protocoles
successifs. Ou, à défaut, une visibilité plus en amont des
décisions gouvernementales. L’activité partielle fait partie des
mesures qu’ils voudraient voir prolongées jusqu’à la fin des
restrictions administratives d’ouverture de certains secteurs.
Autres
souhaits exprimés, une garantie de stabilité ou de réduction des
prélèvements sociaux et le report et l’allègement des charges
pour maintenir la compétitivité ; ainsi qu’une
simplification administrative pour gérer la multiplicité des
dispositifs en place et un meilleur partage d’information
concernant les mesures de soutien.
Parmi
les mesures prises pour les entreprises qui restent méconnues,
l’ANDRH cite le nouveau dispositif de « Transitions
collectives », lancé le 15 janvier dernier. S’il est
utile, 26% des répondants ne le connaissent pas ou ont du mal à
cibler les bons interlocuteurs et 64% indiquent ne pas être
concernés par le dispositif. Son objectif semble pourtant
intéressant à l’heure où certains métiers risquent de
disparaître : il vise à accompagner la reconversion des
salariés dont l'emploi est menacé vers un secteur porteur, au sein
d'un bassin d'emploi, grâce à la formation. Une mesure qui devrait
cibler en priorité les métiers en tension, les profils moins
employables ou dans la précarité, comme l’indiquent 18% des DRH.
*Etude
réalisée par l’ANDRH à partir d’un questionnaire
auto-administré, du 7 janvier au 7 février 2021, auprès de 404
adhérents décideurs RH
**
4ème vague du Baromètre « Impact de la crise sanitaire sur
la santé psychologique des salariés », OpinionWay pour
Empreinte Humaine
Charlotte DE SAINTIGNON