Entreprises

Une révolution, dans l'image de l'entreprise ?

Plus de huit Français sur dix ont une bonne image de l'entreprise, mais 30 % s'en méfient, d'après un sondage Ifop commandité par le Medef.

(c) Anne Daubrée pour DSI.
(c) Anne Daubrée pour DSI.

«Le regard des Français a fortement changé», annonce Frédéric Dabi, directeur général opinion de l’institut Ifop. Le 30 novembre, lors d'une conférence de presse au siège du Medef, il dévoilait les conclusions d'un sondage commandité par l'organisation patronale sur «les attentes vis-à-vis des entreprises et de l'État.» D'après celui-ci, aujourd'hui, plus de huit Français sur dix ont une bonne image de l'entreprise. Et 2 % seulement, une très mauvaise image. Pour l'analyste, c'est là l'aboutissement d'un changement qui a débuté vers 2005, marqué par la disparition progressive d'une image «repoussoir» des entreprises. Ce serait plutôt l'inverse, même si des opinions diverses cohabitent : pour qualifier l'état d'esprit vis-à-vis des entreprises, 38 % des sondés choisissent le mot «confiance», 20 % «attachement», 29 %, «indifférence», 30 %, «méfiance» et 16 %, «crainte.» Par ailleurs, plus de huit Français sur dix sont d'accord avec le fait que les entreprises sont un lieu de formation, de transmission et d'intégration.

Le sondage s'est également attaché à explorer le regard des salariés du secteur privé sur leur entreprise. Avec, là aussi, le constat d'une relation qui semble au beau fixe : 67 % des sondés se déclarent fiers d'appartenir à leur entreprise, et 64 % jugent qu' elle les a accompagnés pour traverser la crise du Covid-19. Ils sont également près de sept sur dix à estimer que leur société prend des décisions pour assurer son avenir qui vont «dans la bonne direction.»

Le match ministère de la Santé / Doctolib

Une forme de confiance dans l'entreprise que partage le grand public, montrent les résultats du sondage, qui a également scruté ses attentes. Tout d'abord, les impacts des actions des sociétés «sont systématiquement perçus comme ayant des effets positifs pour l'écosystème traditionnel d'une entreprise (…), mais aussi auprès d'acteurs plus externes», dévoile Frédéric Dabi. Par exemple, 80 % des Français estiment ces impacts positifs pour le quartier ou la ville où est installée l'entreprise. Partant, le grand public place l'entreprise en deuxième position (34 % d'entre eux) - juste devant l’État ( 33 %) et loin derrière les citoyens (47 %) -, au palmarès des acteurs sur lesquels il compte le plus pour améliorer les choses dans la société. D'après Ipsos, l'effet de la crise, où les Français ont vu un État qui peinait à les protéger (masques...), se conjugue à une défiance déjà existante vis-à-vis des institutions, pour favoriser un regain de confiance vis-à-vis des entreprises. «C'est ministère de la Santé contre Doctolib. Les Français reconnaissent que les entreprises ont été plus rapides à agir, plus innovantes», commente Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef. Ces derniers, toutefois, continuent de faire avant tout confiance à l'État pour certains sujets : l'amélioration de la sécurité des personnes, le respect de la laïcité, la réduction des inégalités... En revanche, ils déclarent compter aussi sur les entreprises, en plus de l'État, pour agir sur des thèmes comme l'égalité homme/femme et la transition écologique.

Sur d'autres sujets encore, c'est sur l'entreprise qu'ils tablent en priorité : la création de richesse, d'emploi, ou encore l'amélioration des conditions de travail. Et les attentes des Français dépassent dans certains cas les aspirations des chefs d'entreprise. Par exemple, la moitié du grand public estime que des «objectifs chiffrés sur l'environnement» sont une action prioritaire à mettre en œuvre par les entreprises pour améliorer les choses dans la société, contre 35 % des chefs d'entreprise.

Anne DAUBRÉE

Face au variant Omicron
Geoffroy Roux de Bézieux a invité à ne pas «tirer des plans sur la comète», face à la menace du nouveau variant, dont la gravité n'est pas encore confirmée. Le Medef a néanmoins remobilisé ses adhérents au sujet des gestes barrières en entreprise, recommandant notamment d'éviter les pots festifs de fin d'année.