Immobilier

Metz, épicentre de l'analyse du marché dans la crise

L’IAE de Metz vient d’accueillir la conférence organisée par la Chaire European Real Estate Management. Contexte sanitaire oblige, l’événement s’est déroulé via le web. L’occasion de faire le point sur le marché de l’immobilier en Lorraine. Avec, bien sûr, la Covid-19 en fil rouge. Les professionnels sont unanimes : dans l’après-crise, Metz aura un rôle incontestable à jouer, car possédant atouts et stratégie.

Avec le télétravail, les entreprises changent de process, mais veulent garder leurs locaux.
Avec le télétravail, les entreprises changent de process, mais veulent garder leurs locaux.

Organisée ce mois de mars par la Chaire EREM de l’Université de Lorraine - European Real Estate Management -, la web conférence consacrée aux effets de la crise sanitaire sur le financement de l’immobilier a réuni des acteurs lorrains du marché. Chacun dans son domaine a exposé l’impact créé par le virus et le confinement sur le marché de l’immobilier, ainsi que sur nos comportements. Représentée par Fana Rasolofo-Distler, Maître de conférences HDR, directrice des études de l'IAE Metz et titulaire de la Chaire EREM, lors de cette conférence dans les locaux de l’IAE de Metz, la Chaire EREM avait souhaité remplacer sa rencontre habituelle entre étudiants et acteurs du marché immobilier par une web conférence dédiée aux impacts de la crise de la Covid 19. Cette formation comporte une Licence Chargé de Gestion Patrimoniale Immobilière, un Master Management et Développement de Patrimoines Immobiliers, des formations qualifiantes, et accueille également des doctorants dont les thèses abordent la digitalisation du secteur ou le Facility Management durable. L’idée de cette rencontre consistait à tirer un bilan de l’année passée et à proposer des scénarios de rebond dans le secteur de l’immobilier, sans masquer les difficultés actuelles.

Le résidentiel reste une valeur sûre

Cédric Lavaud, responsable de la chambre FNAIM de Moselle, a constaté «qu’avec la crise, l’immobilier résidentiel était plus que jamais la valeur refuge des Français.» C’est pourquoi le marché est resté quasi stable en 2020 malgré la crise (- 4 % seulement). De son côté, Jacky Dal Lago, président de l'Union Nationale des Propriétaires Immobiliers en Lorraine, a présenté les résultats d’une enquête auprès de ses adhérents lorrains. Il s’avère que 90 % souhaitent poursuivre leur investissement immobilier malgré la crise, moins de 3 % désirant vendre leur bien. Il souligne «que la quasi-totalité des propriétaires de la région ont le projet de réaliser des travaux dans l’avenir, conditionné par le droit à une aide pour satisfaire aux nouvelles réglementations.» Il remarque également «une mutation dans le marché locatif des étudiants, ces derniers recherchant plutôt une colocation qu’un logement en solo.» Autre impact de la crise actuelle. Jean-François Crouzier, responsable des engagements au Crédit Mutuel, met quant à lui en avant «la nécessité d’accompagner les clients dans cette période, des clients qui ont épargné par nécessité mais sans pouvoir espérer en tirer grand profit.» Il rappelle que «les taux actuels des crédits immobiliers sont très attractifs (1,03 % pour un prêt sur 20 ans), mais qu’un apport est devenu indispensable en raison des prix du marché. Le rôle d’une banque comme le Crédit Mutuel est donc de permettre une certaine souplesse pour ne pas mettre en péril le remboursement. En effet, les nouvelles règles imposent aux ménages souhaitant emprunter un taux d’effort maximal de 35 %, tous remboursements confondus.» Enfin, Vincent Quiniou, responsable du développement chez Helloprêt, un courtier en ligne, met l’accent sur «la rareté des biens à vendre

Trouver l'adéquation entre offre faible et demande en hausse dans le social

Manager commercial chez LogiEst, Loïc Moroni démarre cette séquence en évoquant l’effort mis par les opérateurs dans l’accession sociale à la propriété : «ce mouvement peu affecté par la crise sanitaire permet à des locataires de devenir propriétaire, et aux bailleurs sociaux de reconstituer leurs fonds propres.» De son côté, Jean-François Moes, responsable conseil en financement chez ProJimmo, souligne que «les prix de l’immobilier montent surtout dans les grandes métropoles, et qu’il est essentiel de bien accompagner les nouveaux accédants à la propriété pour rester «dans les clous» du taux d’effort maximum autorisé.» Ce taux unique créé d’ailleurs des disparités selon le niveau des revenus puisque «le reste à vivre» n’est pas le même pour un ménage aisé et pour un foyer modeste. Contrainte supplémentaire : un pré-accord de financement devient quasi indispensable pour obtenir un compromis de vente. Il rappelle cependant que «la période offre de nouvelles opportunités avec un prêt patronal pouvant aller à 40 000 euros ainsi qu’un taux de 0,50 % pour les salariés des entreprises adhérentes à Action Logement.» Tous les spécialistes s’accordent pour espérer un niveau de prix stable pour ne pas mettre en péril le marché mais s’inquiètent de l’écart entre une offre réduite et une demande grandissante.

L'immobilier tertiaire impacté par la crise mais porteur d'espoir

C’est Claudia Lefevre, directrice adjointe de l’agence Transaction France BNP Paribas Real Estate de Metz, qui clôture la conférence en évoquant le sujet des entreprises. La crise sanitaire a durement touché ce secteur avec près de 36 % de baisse des transactions en France et dans la région messine. Elle rappelle que «pendant le confinement, les visites étaient suspendues ainsi que les rendez-vous chez les notaires. Le télétravail se pérennisant, les entreprises changent leurs modèles mais souhaitent conserver des locaux, mesurant l’importance d’une vie «communautaire» de leurs équipes.» Face à ces impacts négatifs, Metz a cependant une carte à jouer : attirer les entreprises de la périphérie parisienne avec des prix très attractifs. Riche en éléments concrets sur la région, cette web conférence a été suivie par les étudiants de la Chaire EREM qui ont pu adresser leurs questions aux intervenants. Une séance instructive, animée, et apportant un levain pour de nouvelles formations spécialisées, en particulier dans le domaine de la digitalisation des métiers de l’immobilier et l’importance du développement durable.


«La digitalisation et l'importance du développement durable sont des enjeux à relever pour le secteur de l'immobilier.»