Marchés publics

Les Jeux Olympiques 2024, une opportunité pour les PME ?

Les marchés publics pour les Jeux Olympiques de 2024 sont lancés. Une charte prévoit d'en réserver une partie aux petites entreprises et à celles de l'ESS, Économie sociale et solidaire. Le point sur les occasions à saisir, avec l’AJPME.

3,2 milliards d'euros sont consacrés à la réalisation d'ouvrages pérennes, dans le cadre des Jeux Olympiques qui se tiendront en 2024 à Paris. Mais ces marchés sont-ils réellement accessibles aux petites entreprises ? Le 8 juin, l'AJPME, Association des journalistes spécialisés dans les PME, organisait une visioconférence sur ce sujet.

Les chiffres sont impressionnants : 6,8 milliards d'euros devraient être dépensés pour l'ensemble des JO. Lesquels devraient permettre de créer 119 000 emplois au minimum et générer 8,1 milliards d'euros de retombées économiques en Île-de-France. Au niveau des marchés publics, ouverts aux entreprises de tout le territoire, cela concerne, notamment, 62 ouvrages pérennes, comme par exemple le village des athlètes. Aujourd'hui, déjà, 710 PME et TPE et 31 entreprises de l'ESS ont été sélectionnées dans ce cadre, d'après Solideo, la société chargée de la livraison des ouvrages olympiques. Elle assure le rôle de maître d'ouvrage sur certains projets et supervise les autres, notamment en matière d'application de la charte qui fixe un objectif de 25 % des marchés (en montants) attribués aux PME et entreprises de l'ESS, en direct ou en sous-traitance.

Aujourd'hui, 164,4 millions d'euros ont été attribués à ces typologies d'entreprises sur les 500 millions d'euros prévus. «Nous sommes à 33 % de l'objectif. C'est relativement satisfaisant. La démarche est lancée», estime Antoine du Souich, directeur de la stratégie et de l'innovation de Solideo. Pour lui, cela représente des opportunités pour les PME, dans des secteurs très divers. Par exemple, «les enjeux de construction bas carbone, d'économie circulaire et d'innovation ouvrent des portes aux PME, même si des grands groupes participent aussi», explique-t-il. C'est ainsi que Tricycle Office, une structure d'insertion par l'activité économique spécialisée dans le mobilier de bureau d’occasion, a gagné un marché. Et, dans le cadre d'un projet concernant l'aménagement d'un espace public, cinq des huit lots ont été remportés par des PME. Pour les petites entreprises, estime Antoine du Souich : «il existe des opportunités, si l'on est attentif, et si on va les chercher.»

Des opportunités délimitées

«Nous étions très attentifs à l'opportunité que pouvaient représenter les Jeux. Nous avons commencé à travailler le sujet en 2018, pour comprendre comment se préparer», témoigne Benjamin Stetten-Pigasse, directeur associé de Weematch, PME spécialisée dans les objets publicitaires. Laquelle a remporté plusieurs marchés publics, pour un total de 15 millions d'euros environ sur trois ans. C'est le fruit d'un travail de longue haleine : la PME a mobilisé trois personnes, et remporté la mise face à des géants américains de son secteur, en parvenant à «rentrer par la porte RSE», analyse Benjamin Stetten-Pigasse. Weematch a proposé des produits réalisés en France, une collaboration avec de petites entreprises locales... Et aussi, un fonctionnement souple : l'entreprise est capable de proposer des formules adaptées aux budgets des divers maîtres d'ouvrages, comme des casquettes à des coûts différenciés, selon la localisation de la production (Made in France ou à l'étranger, via des filières maîtrisées). Au final, «cela a permis une accélération de la croissance de l'entreprise», constate Benjamin Stetten-Pigasse : Weematch est passée de 27 à 46 salariés.

Comme les objets publicitaires, nombre de marchés sont accessibles aux PME : restauration, gardiennage, sécurité, études... Mais tous les secteurs ne sont pas également accessibles. «Dans la construction, il existe très peu de lots séparés. Ce sont les grandes entreprises qui ont remporté les marchés publics pour les grands ouvrages. Les PME ne sont présentes qu'en sous-traitance . Et les majors, qui ne peuvent pas se permettre d'erreurs, ont choisi les sous-traitants avec lesquels ils ont l'habitude de travailler. Le système est moins ouvert qu'on l'avait espéré», analyse Jean-Luc Tuffier, président de la FFB (Fédération française du bâtiment) Grand Paris.

Autre souci, la complexité du dispositif global des marchés publics pour les JO, qui comporte plusieurs maîtres d'ouvrages. «Cela représente 29 interlocuteurs. Si Solideo avait tout géré, cela aurait été plus simple», pointe Jean-Luc Tuffier. Les JO n'en constituent pas moins une opportunité pour les PME : en attirant les grandes entreprises, ils laissent plus d'occasions pour les autres sur les chantiers du Grand Paris.


Repérer les marchés publics accessibles aux PME

* https://entreprises2024.fr (Medef)

* https://marches.maximilien.fr/ (structure des achats publics de la région Île-de-France)

* https://ess2024.org/ (association Les Canaux)