Entreprises

Le Campus des Métiers de Moselle dans le contexte du boom de l'apprentissage

En mars et avril, le Campus des Métiers de la Moselle ouvrira ses portes au public. La voie de l’alternance a le vent en poupe dans le département, surfant sur la tendance hexagonale. Zoom sur quelques données témoignant d’un élan nouveau pour l’alternance… même si la lecture du verso des chiffres officiels requiert une pondération quant à un excès d'enthousiasme face à cette vague de nouveaux entrants.

L'apprentissage, derrière des chiffres positifs, recèle une diversité de parcours et de motivations.
L'apprentissage, derrière des chiffres positifs, recèle une diversité de parcours et de motivations.

Elle n’est finalement pas si loin cette époque où la voie de l’apprentissage étaient considérée par nombre de famille comme un «échec», presque «une voie de garage». À n’en pas douter, la tendance s’est inversée ces dernières années. Et on ne peut que s’en féliciter. Un faisceau de raisons l’explique : les incitations financières vers les entreprises, les efforts déployés par tant de filières pour promouvoir leurs métiers (BTP, métiers de bouche…) et bien entendu, le regain d’intérêt des jeunes pour ces voies de formation qui assurent à la fois un diplôme, une insertion facilitée et la poursuite de cursus. Avec un nombre de près de 700 000 contrats d’apprentissage signés en France en 2021, on a battu tous les records en la matière. 2020 avait déjà été une année remarquable avec 525 600 contrats comptabilisés. La réforme de 2018 a libéralisé l’apprentissage tant sur les conditions d’entrée que sur l’offre de formation. Cette hausse des contrats est due également aux aides exceptionnelles décidées durant la crise sanitaire et prolongées jusqu’au 30 juin 2022.

Le Campus des Métiers de la Moselle est lui composé de 3 CFA (Metz, Forbach et Thionville) et de l’Institut Supérieur National de l’Artisanat dévolu à la prothèse dentaire. Plus de 40 diplômes y sont préparés sur des niveaux 3 (CAP-BEP),4 (BAC), 5 (bac +2) et 6 (bac +6). dans des domaines tels que l’alimentation, le service à la personne, l’automobile, les énergies électriques, les métiers des arts graphiques. Le campus héberge un pôle en automobile, un autre alimentaire aux normes CE, un centre dédié à la prothèse dentaire et un salon de soins esthétiques high tech… Quelques données sur l’entité mosellane : un tiers d’apprentis, un taux d’insertion professionnelle de 75 % à 80 % pour les diplômés de niveaux 4 et 5. Ces taux d’insertion attestent que plus le niveau de qualification et de diplôme est élevé, plus le taux d’insertion en entreprise est important.

Accroissement des niveaux Master

Voilà un constat qui nous ramène à une analyse de la Cour des comptes quant à ce boom de l’apprentissage dans le pays. Assurément, elle modère un enthousiasme presque excessif. Car derrières les chiffres officiels, il y a d’autres chiffres, pas forcément - souvent pas d’ailleurs - pris en compte. Pourtant, ils permettent une réelle mise en perspective d’une situation, d’une conjoncture, laquelle n’est, ni jamais toute blanche, ni toute noire. La Cour des comptes, donc, face au développement constaté d’une hausse des niveaux supérieurs au bac +3 dans l’apprentissage (Master), note : «La part des bac +2 et plus est passée de 35 % en 2016 à 56 % en 2020. L’essentiel des nouvelles places créées a profité aux élèves capables de suivre un cursus long et a peu bénéficié aux publics vulnérables. Cela n’améliore qu’à la marge l’insertion sur le marché du travail des jeunes les plus diplômés, au demeurant déjà bonne.» Ce à quoi le ministère du Travail répond : «Cela correspond à une vraie professionnalisation de l’enseignement supérieur et améliore l’image de l’apprentissage qu’il soit ouvert à tous les niveaux de diplômes. L’apprentissage se développe fortement dans le tertiaire, dans la comptabilité, la gestion, les ressources humaines, la communication. Un secteur où il important que les formations soient en lien direct avec le monde de l’entreprise.»

Le Campus des Métiers dans la stabilité

Compte-tenu de ses spécificités, le Campus des Métiers de la Moselle semble pour l’heure peu ou pas concerné par les observations de la Cour des comptes. Si l’on décrypte ses effectifs dans ses CFA, ils progressent, dans la mouvance nationale, passés de 858 apprentis en 2016 à 1 029 en 2019, pour désormais avoisiner les 1 200. La répartition par niveaux est stable : plus de deux tiers d’apprentis de niveau CAP-BEP, un quart de niveau bac, 5 % de niveau bac +2. Il faudra suivre avec attention le nombre d’apprentis de niveau bac +4 (niveau 6). Enfin, et là également, d'autres chiffres sont encore plus rarement communiqués par les organes officiels, ceux des jeunes apprentis abandonnant en première année de formation - au niveau du CAP -. Une note du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, réalisée en 2019, s’intitulait : «Inser Jeunes - taux d’interruption en cours de formation».

Un apprentissage de surdiplômés ?

Dans ce rapport était compilée une série de statistiques. Dont celle-ci qui interpelle : 34,5 % des jeunes de CFA stopperait leur formation au niveau du CAP, 41,2 % à celui du bac pro et 35,2 % du BTS. Synthétiquement, c’est donc un tiers des apprentis qui n'iraient pas au bout de leur formation initiale.  D’où cette question. L’apprentissage, tremplin pour l’insertion professionnelle, prend-il un chemin à deux vitesses, entre des jeunes surdiplômés y faisant leur place et d’autres, moins diplômés, décrochant en cours de cursus ? Est-il finalement accessible à tous les jeunes ? C’est une interrogation notable. En définitive, ne sommes-nous pas passés en peu de temps, d’un apprentissage contraint à un apprentissage d’excellence - ce qui est très positif - , mais avec le danger à venir d'un apprentissage devenant à terme élitiste ?

Rendez-vous aux portes ouvertes du Campus des Métiers de Moselle :

. Samedi 19 mars 2022, de 9 h à 13 h

. Samedi 30 avril 2022, de 9 h à 13 h

. Uniquement sur rendez-vous sur le lien suivant :
  https://www.cma-moselle.fr/actu/journees-portes-ouvertes-au-campus-des-metiers