Les entreprises investissent avec prudence

Les entreprises françaises devraient rester prudentes dans leurs projets d'investissements en 2019, d'après Euler Hermes, spécialiste de l'assurance-crédit.
Les entreprises françaises devraient rester prudentes dans leurs projets d'investissements en 2019, d'après Euler Hermes, spécialiste de l'assurance-crédit.

Les entreprises françaises devraient rester prudentes dans leurs projets d’investissements en 2019, d’après Euler Hermes, spécialiste de l’assurance-crédit (+ 2,9 % contre + 3,9 % en 2018). En cause : une dynamique économique molle et des craintes concernant les pressions sur les prix, l’augmentation des coûts liés aux  matières premières et à une pénurie de main-d’œuvre.

En 2019, une entreprise sur deux seulement prévoit qu’elle investira autant ou plus qu’en 2018. C’est la tendance que relève la 5e édition du baromètre Euler Hermes, spécialiste de l’assurance-crédit, présentée le 15 mai, à Paris. Stéphane Colliac, économiste senior chez Euler Hermes, évoquait alors la «prudence» croissante des entreprises : il y a deux ans, c’était deux entreprises sur trois qui envisageaient d’augmenter leurs investissements… L’étude du baromètre a été menée auprès de plus de 600 entreprises françaises interrogées sur leur perception de l’environnement économique, leur niveau d’activité, l’état de leur trésorerie et leurs intentions en matière d’investissements. Fait remarquable, cette année, 31 % des entreprises ne se voient pas investir. «Le chiffre du «non» a augmenté. Il y a même un doublement, par rapport à 2017. Cela montre des entreprises en difficulté qui connaissent des problèmes de trésorerie», pointe Stéphane Colliac. Autre tendance observée par le baromètre, concernant le type d’investissements, ceux offensifs (hausse des capacités de production, lancement d’une nouvelle activité…) resteront privilégiés par une moitié (52 %) des entreprises. Mais les investissements défensifs, comme la mise aux normes, par exemple, gagnent du terrain par rapport au baromètre 2017 (+ 2 points). Autre constat encore, la transformation digitale continue de représenter une part mineure des investissements (13 %) par rapport à l’enjeu qu’ils représentent, d’après Heuler Hermes qui évoque un «retard». Il est vrai que ce type d’investissements est loin d’être évident à appréhender : plus de 70 % des entreprises interrogées n’ont pas encore observé de retour sur investissements dans la transformation digitale, lorsqu’elles en ont réalisés. Toutefois, la proportion des entreprises sensibilisées au sujet augmente : cette année, plus de la moitié des chefs d’entreprise confirment vouloir augmenter ces investissements, une tendance encore plus marquée dans le domaine de la chimie et des services.

 La crainte des pressions sur les prix de vente

À éclairer ces prudentes décisions d’investissement, le baromètre explore également les risques que les entreprises perçoivent comme majeurs, susceptibles de porter atteinte à leur rentabilité. «Le premier risque cité est celui de la pression sur les prix de vente, par 28 % des sondés», note Stéphane Colliac. La tendance est particulièrement nette dans les secteurs les plus proches des consommateurs comme le commerce de détail (40 %), l’automobile (36 %) et la construction (34 %).  Quant à la deuxième menace évoquée par les sondés (19 %), elle est liée au coût des matières premières. En jeu, notamment, la hausse du cours du pétrole qui a pesé l’an dernier, un scénario dont les entreprises craignent qu’il ne se répète. Là, les secteurs qui affichent une plus grande inquiétude sont ceux qui parviennent difficilement à répercuter la hausse de ce type de coûts sur leurs prix de vente : la chimie (49 %), l’agroalimentaire (31 %) et les biens de consommation (24 %). Troisième risque, enfin, le coût de la main-d’œuvre est avancé par 17 % des répondants, un chiffre en augmentation. En effet, en dépit du taux de chômage élevé (8,8 % fin 2018), certains secteurs sont frappés par une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Les plus préoccupés : l’agroalimentaire (30 %) et la construction (26 %). À cela s’ajoutent d’autres dynamiques qui, elles non plus, ne sont pas de nature à encourager les entreprises à investir. Concernant leur trésorerie, 13 % de ces sociétés redoutent aujourd’hui une dégradation de leur situation (+ 6 %, par rapport à 2017). De plus, ajoute Stéphane Colliac, les délais de paiement ont connu «une petite augmentation à partir d’un niveau déjà élevé».  Pire, 18 % des entreprises observent une transformation de leurs retards de paiement en impayés, un chiffre qui atteint des records dans le secteur de la construction (28 %). «Cette donnée est critique, un impayé pouvant avoir de graves conséquences sur la trésorerie d’une entreprise, et provoquer des défaillances en chaîne», rappelle Euler Hermes. Pour l’assureur-crédit, les défaillances d’entreprises devraient d’ailleurs croître de 2 %, cette année, en France, leur première hausse depuis 2015.