Entreprises

Rebondir après un échec entrepreneurial

Lancer son entreprise, c’est assurément s’engager dans une aventure où l’échec n’est pas une fatalité, mais un tremplin pour rebondir. Derrière chaque tentative, il existe une opportunité d’apprendre et de grandir, tant sur le plan personnel que professionnel. La peur de l’échec, bien qu’humaine, ne devrait jamais être un obstacle à l’entrepreneuriat. C’est le sens d’un groupe de travail lancé par le gouvernement. Les chefs d’entreprise mosellans sont ici concernés et peuvent y prendre part.

L'échec peut faire partie du cycle de vie d'une entreprise, il ne doit pas être une fatalité.
L'échec peut faire partie du cycle de vie d'une entreprise, il ne doit pas être une fatalité.

Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, a lancé le 23 avril un groupe de travail chargé d’établir des propositions tendant à déstigmatiser l’échec entrepreneurial et à faciliter le rebond des entrepreneurs en difficulté. L’échec entrepreneurial - assimilable aux termes de faillite, d’insolvabilité ou de défaillance - est une notion qui revêt de paramètres multiples, d’ordre économique (licenciements, dégradation de la situation financière personnelle de l'entrepreneur), culturel (l’échec étant encore perçu comme un état ou un attribut de la personne, mais non comme un étape possible dans son parcours de vie), psychologique (la perte de l’entreprise engendrant une dégradation de l’état mental de l’entrepreneur ou de son entourage, voire l’apparition d’un épisode traumatique) et organisationnel (avec une approche nécessairement centrée sur l’entreprise, et les conséquences sur la structure).

Causes et conséquences de l'échec

Selon les données de l’Insee, 25 % des entreprises échouent dans les deux premières années. Cette proportion est encore plus importante pour les micro-entrepreneurs et start-up. Conscients du risque encouru, les créateurs d’entreprise se lancent néanmoins dans l’aventure entrepreneuriale : en 2023, 1 051 500 nouvelles entreprises ont été créées en France et le régime de micro-entrepreneur progresse de 3 % (en Moselle, 11 563 créations, dont 7 323 micro-entreprises). Si les facteurs d’échec sont identifiés (gestion, manque d’accompagnement...), les conséquences économiques, sociales et psychologiques pour les entrepreneurs concernés sont peu quantifiées et documentées. L’Etat a mis en place des dispositifs pour prévenir, identifier et accompagner les difficultés des entreprises. Par ailleurs, il soutient, via la Direction générale des entreprises, les activités du Portail du Rebond, un réseau qui réunit depuis 2014 six associations proposant aux entrepreneurs individuels et dirigeants de très petites, petites et moyennes entreprises (TPE/PME) une écoute et un accompagnement pour rebondir tant à titre personnel que professionnel. La tenue des Assises du Rebond, introduites par Olivia Grégoire, le 21 novembre dernier, au sein du ministère de l’Économie et des Finances, témoigne de la volonté de l’État de soutenir et accompagner les dirigeants face et après l’échec.

Appel aux contributions

Dans ce contexte, la ministre a initié un groupe de travail afin de faire évoluer les regards sur l’échec entrepreneurial et, plus généralement, de favoriser l’esprit d’entreprendre. Présidé par Hélène Bourbouloux, administratrice judiciaire, ce groupe est composé d’entrepreneurs de renom qui ont pu, dans leurs activités, connaître l’échec, d’acteurs et de professionnels de l’accompagnement des entreprises, mais également d’un chercheur, d’un sportif, et d’un professionnel hors champ de l’entreprenariat, afin d’élargir le champ de vision, et de susciter des propositions innovantes pour déstigmatiser l’échec entrepreneurial. Les missions de ce groupe de travail seront d’identifier les conséquences économiques, sociales et psychologiques de l’échec pour les entrepreneurs, ainsi que de formuler des propositions concrètes et des recommandations de deux ordres : d’ordre culturel et sociologique tout d’abord, afin de dédramatiser le regard de la société sur l’échec, et des propositions d’ordre plus technique ensuite, pour faciliter le rebond ou la réorientation des entrepreneurs en difficulté. En parallèle, la ministre a lancé un appel à contributions auprès de l’ensemble des professionnels et des acteurs, associatifs ou institutionnels, intervenant dans l’accompagnement des dirigeants confrontés à l’échec de leur entreprise. Ces contributions peuvent être adressées jusqu’au 16 juin 2024 par mail à l’adresse suivante : regard-echec.dge@finances.gouv.fr. Le groupe est chargé de remettre ses propositions en octobre 2024. Elles auront vocation à être reprises dans un futur plan d’action qui sera élaboré en lien avec la Direction générale des entreprises. Les compétences et expertises mosellanes en la matière sont les bienvenues. L’an passé, selon l’Insee, 680 entreprises en Moselle ont été en phase de défaillance, soit + 48 % par rapport à 2022, un chiffre qui nous ramène à la période précédant la pandémie (713 défaillances en 2019, 677 en 2018).